Trafic de stupéfiants : Hors Paris, la délinquance se concentre sur l’arc méditerranéen

Port-Bou, Le Boulou, Lunel, Beaucaire, Millau, Palavas… Plus de 90 % des mis en cause pour trafics de stup l’ont été dans à peine 3,5 % des communes, selon une étude du service statistique du ministère de l’Intérieur. Le département des Pyrénées-Orientales sur le “podium”.

Affichant des “ronds” plus ou moins foncés, la carte de France du nombre de mis en cause pour usage de stupéfiants pour 1 000 habitants par unité urbaine en 2022 est parlante. Et, concernant la Région Occitanie, le pourtour méditerranéen, de Port-Bou dans les P.-O., haut-lieu de passages de go-fast, à Marseille, gangrénée par les trafics, affiche des taux relativement importants. Avec une forte concentration du nombre de trafiquants ainsi que le long de la vallée du Rhône et en région parisienne.

“Petit nombre de communes”

Mais, surtout, ils sont relevés davantage dans un “petit nombre de communes”, souligne ainsi le service statistique du ministère de l’Intérieur. La répartition de cette délinquance bien particulière peut dépendre de nombreux facteurs comme la proximité d’une autoroute, d’une voie maritime, d’une frontière, l’âge de la population et feront l’objet de “travaux statistiques ultérieurs”.

251 400 personnes pour usage de stupéfiants et 49 000 personnes pour trafic de stupéfiants dans l’Hexagone

Les go fast… Photo d’illustration.

Ainsi, en 2022, les services de police et de gendarmerie nationales ont mis en cause, officiellement, 251 400 personnes pour usage de stupéfiants et 49 000 personnes pour trafic de stupéfiants sur l’ensemble du territoire, métropole et DROM (1). Soit respectivement 3,7 mis en cause pour 1 000 habitants pour usage et 0,7 pour trafic de stupéfiants. Ce n’est pas tout. Pour l’usage de stupéfiants, 7 % des communes regroupent à elles seules 90 % des mis en cause (comptabilisés au lieu de commission de l’infraction).

Idem pour le trafic de stupéfiants : 90 % des mis en cause se concentrent dans 3,5 % des communes. Entre 2016 et 2022, les mis en cause relatifs à la législation sur les stupéfiants enregistrés par les forces de sécurité se concentrent davantage dans un nombre limité de communes. Et les communes rurales ne sont pas exemptes de trafics : 10 % d’entre-elles enregistrent plus de 10 % des mis en cause pour chacune des deux catégories d’infractions.

Parmi ces dernières, seule l’unité urbaine de Marseille-Aix-en-Provence compte plus de 100 000 habitants. D’autres unités urbaines de moins grande importance, comme Compiègne (Oise), Lunel (Hérault) ou Beaucaire (Gard) enregistrent plus de 11,2 mis en cause pour 1 000 habitants.

Les Pyrénées-Orientales sur le podium

Trente-cinq unités urbaines de plus de 2 000 habitants comptent plus de trois mis en cause pour 1 000 habitants. Des unités urbaines de petite taille enregistrent un nombre très important de mis en cause au regard de leur population résidente comme Le Boulou (Pyrénées-Orientales), où se trouve la barrière de péage de l’autoroute A9 reliant l’Espagne à la France.

Les autres unités urbaines de plus de 100 000 habitants, comptabilisent moins de 1,6 mis en cause pour 1 000 habitants, sauf Besançon, Marseille-Aix-en-Provence (respectivement 2 et 1,8) et Cayenne. Et au niveau des départements, ceux des Antilles (Martinique et Guadeloupe) ainsi que les Pyrénées-Orientales et les Yvelines sont ceux où le nombre de mis en cause pour trafic pour 1 000 habitants est le plus élevé, dépassant la moyenne nationale.

À noter un biais statistique : certaines communes affichant un transit routier important comme Millau (Aveyron) ou avec une forte population touristique comme Saint-Tropez (Var), Palavas-les-Flots (Hérault) ou Lacanau (Gironde) peuvent présenter des taux élevés car le nombre de mis en cause est rapporté à la population résidente et non à la population réellement présente.

Olivier SCHLAMA

  • Le SSMSI met en ligne, depuis mars 2022, une base communale des principaux crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie nationales entre 2016 et 20221.