L’enquête, complétée par les retours d’expérience et les regards d’entreprises et de cabinets de recrutement de la région, sur les femmes seniors sans emploi a été présentée à Toulouse, en ouverture d’une table-ronde réunissant quatre acteurs de la vie économique régionale (Valérie Jimenez, présidente du groupe Jimenez; Emmanuelle Parache, fondatrice-gérante de Biocenys; Pierre Lacazedieu, fondateur du cabinet Wise RH et Aurélie Fourment, designer, praticienne en approche neurocognitive et comportementale) et devant un public actif.
Présente à Toulouse, Albi et Montpellier, l’association Action Femmes Grand Sud (AFGS) aide les femmes de plus de 45 ans, sans emploi, à “reprendre confiance en elles et à rebondir professionnellement. Elle propose un accompagnement personnalisé et gratuit basé sur une approche et des outils spécifique…”
“Les femmes sont les premières victimes du chômage et de l’emploi précaire. Cette inégalité est encore plus vraie lorsqu’elles arrivent à un stade avancé de leur carrière”, déplorait déjà en 2015 Myriam El Khomri, qui était alors ministre du Travail. Elle appelait à “une mobilisation collective, d’abord de l’Etat mais aussi des entreprises pour déconstruire les préjugés et les appréhensions, pour défendre l’égalité et l’accès à l’emploi pour toutes et tous.”
Accentuer l’accompagnement vers les nouvelles technologies
Quelques années plus tard, les choses avancent mais à pas comptés. Comme le révèle l’enquête menée par AFGS : si pour certains “au sein d’un grand groupe, elles sont reconnues comme des femmes d’expérience et compétentes qui ont un rôle important dans une équipe, un service. Elles sont globalement reconnues”, d’autres au contraire constatent que “certaines entreprises sont sans concession et cruelles
sur l’âge en entretien. Il faut être vraiment confiante pour ne pas être impactée.”
On aborde ici la question des freins inhérents aux profils “Femmes de plus de 45 ans.” Les femmes interrogées pour l’enquête soulignent en effet “le manque de confiance en soi, la peur de ne pas être assez adaptable face au monde en perpétuel changement, la peur de ne pas arriver à apprendre et mettre en œuvre de nouvelles choses, la peur de la fatigue physique due à l’âge…” Alors que “l’âge n’est majoritairement pas considéré comme un frein dans les entreprises.”
Les recruteurs soulignent d’abord l’obstacle du numérique : ” Un point de vigilance concernant les nouvelles technologies sur des profils plus seniors :(…) au niveau des technologies, de l’informatique, au niveau des logiciels, des méthodes de travail qui
sont complétement différentes…” Et de préciser que” ce sont des personnes qui
auraient besoin d’être accompagnées sur ce sujet pour pouvoir rebondir.”
72% des bénéficiaires ont aujourd’hui une activité professionnelle
Sur 470 bénéficiaires des actions de l’association depuis dix ans, 140 ont répondu à un questionnaire. 72% de ces bénéficiaires exercent aujourd’hui une activité professionnelle, avec un emploi niveau cadre pour 51% d’entre elles. Et 88% se disent satisfaites du suivi individuel de l’association, tandis que 84% ont “retrouvé confiance en elles”. Elles mettent en avant la bienveillance, l’énergie du groupe et le profil des animateurs”, a précisé Françoise Baraquin, présidente de l’association Action Femmes Grand Sud.
D’autant que les recruteurs ne tarissent pas d’éloges sur ces femmes, avec comme atout majeur l’expérience (“Je recrute depuis très longtemps des seniors parce qu’en fait pour moi c’est une vraie plus-value, ce sont des gens qui ont des parcours riches” souligne l’un d’eux). Suivent l’engagement (“un candidat de plus de 50 ans va plus
vouloir d’inscrire dans la durée…”) et l’équilibre, notamment “en termes de climat social dans les collectifs.”
Les autres qualités mises en avant sont l’adaptabilité (“Elles sont plus disposées à s’adapter et plus “débrouillardes” face aux difficultés rencontrées”) et la stabilité (“Elles apportent une richesse variée, un vrai investissement avec un regard lucide, elles sont plus stables, plus motivées, plus fiables.”).
De beaux atouts pour cette femme dont l’enquête permet de dresser un portrait robot : 51 ans, en couple (50%), largement diplômée (48% de Bac+é à Bac+5; 38% Bac+5 et plus), sopuhaitant trouver un emploi salarié (77%) ou créer son entreprise (22%). Action Femmes Grand Sud va donc poursuivre son action avec la “réalisation de tables rondes, conférences, ateliers où mettre en avant la plus-value de ces profils afin de casser les représentations et faire évoluer le regard.”
Philippe MOURET
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