Économie : L’Occitanie se veut exemplaire pour un tourisme vertueux

Image d'illustration. Photo DR

Constatant “une volonté très forte en Occitanie de faciliter le tourisme bas carbone”, le directeur régional de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), Camille Fabre, a mis en avant les actions de son organisme pour “encourager une transition écologique pour le secteur du tourisme en Occitanie”. Découvrir ainsi les acteurs les plus divers d’un “tourisme positif”, c’était le but de ces Convergences Touristiques à la Grande-Motte.

C’était d’ailleurs la volonté clairement affichée par Jean Pinard, directeur du CRTL-Occitanie en préambule : “En mobilisant tous les acteurs majeurs du tourisme régional autour de ce concept de tourisme positif, nous souhaitons que l’action du CRTL s’inscrive dans une vision la plus large possible et que notre région s’affirme en tant que destination leader et pionnière dans ce domaine.”

Pus de 1500 personnes en trois jours à la Grande-Motte..; Photo Ph.-M.

Concilier rentabilité et enjeux environnementaux

Si les rencontres organisées par le CTRL-Occitanie sont réservées aux professionnels, elles ne manqueront pas d’avoir des conséquences directes sur les habitudes touristiques du plus grand nombre. “Il y a bien une demande qui évolue, soulignait un intervenant, mais une offre qui doit encore progresser. Il faut faciliter la vie des gens, proposer de nouvelles options…”

Le tourisme positif correspond à un tourisme qui concilie simultanément les objectifs de rentabilité économique avec les enjeux environnementaux et sociaux. Il s’appuie essentiellement sur l’utilisation de nouveaux outils de management permettant d’évaluer, d’améliorer et de valoriser la qualité environnementale et sociale des services touristiques.

Des startups d’Occitanie qui proposent des solutions

Une entreprise du Tarn propose des découvertes virtuelles… Photo Ph.-M.

C’est bien une large palette de ces nouveaux acteurs du tourisme qui était représentée à La Grande-Motte. Aussi divers qu’innovants ! De l’équipe audoise de  Solelhar qui propose “un accompagnement dans la conception et la mise en oeuvre de stratégies et de lieux durables, collaboratifs et innovants” aux Toulousains d’IoTopics, qui présentent “aux gérants ou exploitants de campings ou de résidences de tourisme, un catalogue de solutions intégrées pour réduire la consommations et les factures énergétiques et d’eau (…) obtenir un label écoresponsable…”

Deux exemples, parmi bien d’autres, qui permettent de mettre en valeur les capacités d’innovation issues de l’Occitanie en matière de tourisme positif. On pourrait en citer bien d’autres, tels que Prairy, “l’application pour voyager autour de chez soi”, ou la société tarnaise Drones pluriel, qui propose, entre autres, une découverte virtuelle en film à 360°, rendant notamment “accessibles des sites protégés, à tous les publics”.

“Le tourisme positif est un facteur de développement local” peut ainsi affirmer Vincent Garrel (président du CRTL-Occitanie) pour qui ces Convergences sont “un temps de travail, un temps de respiration, un temps propice aux rencontres et à la convivialité.” Et Jean Pinard de souligner l’engouement pour cet événement, qui a rassemblé plus de 1 200 personnes (dont 350 étudiants des métiers du tourisme qui ont ainsi pu apprécier le dynamisme du secteur).

Avec l’Ademe : “Incroyable mais vert !”

Le “tourisme positif”, pour lequel la Région Occitanie s’engage, constitue en effet un défi d’avenir. C’est ce que soulignait Camille Fabre en précisant que “l’Ademe est un nouveau partenaire pour le tourisme qui (…) développe plusieurs dispositifs pour encourager une transition écologique dans le secteur du tourisme.” L’organisme d’Etat a par exemple développé avec le CRTL le premier plan d’action Office de Tourisme et des Mobilités dont 16 projets ont été lauréats en Occitanie.

Le tourisme, en développement permanent, génèrera toujours un impact environnemental et social. C’est pourquoi des programmes durables et responsables sont plus que jamais nécessaires afin de préserver l’environnement naturel, culturel et social des destinations. Dans ce défi d’avenir l’Occitnaie, à travers le CRTL, ne manque pas de cartes maîtresses !

Et pour conclure, on peut citer Henry Miller : “Une destination n’est pas un lieu, mais une nouvelle façon de voir les choses.”

Philippe MOURET

Le palais des congrès de la rande-Motte (Hérault) accueillait les 5es “Convergences Touristiques” à propos du “tourisme positif”… Photo Ph.-M.

Rencontre avec…

Rémy Knafou parle du surtourisme

Professeur émérite de l’université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, Rémy Knafou a fondé et dirigé la première équipe française de recherche dédiée au tourisme. Il est l’auteur de nombreux travaux sur ce sujet qui font aujourd’hui référence. Il était l’un des invités des Convergences Touristiques à la Grande-Motte.

Si les Convergences Touristiques organisées par le CRTL constituent l’occasion de découvrir les innovations dans le domaine, elles sont aussi l’occasion de mener des réflexions plus générales.

Il existe une notion marchande derrière celle de surtourisme

Ainsi, Rémy Knafou a évoqué pour Dis-Leur ! le sujet du surtourisme. Un sujet bien plus complexe qu’il n’y paraît et souvent maltraité. Pour cet expert, ainsi qu’il l’a longuement exposé dans une tribune au jounal Le Monde, il juge “hypocrites et infondées les dénonciations du surtourisme qui n’abordent pas la question d’une transition juste du tourisme.”

“Ce sont des entreprises marchandes qui ont allumé la mèche” accuse-t-il et il précise : “la surmédiatisation du concept a permis de promouvoir des offres jouant sur l’évitement des foules.” Ainsi, sans nier le “besoin de régulation”, Rémy Knafou précise que “ce n’est en rien vertueux de choisir d’aller très loin pour sortir des sentiers battus (…) On est en train de tuer l’Antarctique avec ce type de déplacements.”

Barcelone, Dubrovnik, les Calanques… exemples vrais de surtourisme

Selon ce spécialiste, qui définit trois critères pour établir une situation de surtourisme (*), Venise n’est pas un bon exemple de surtourisme. C’est notamment la multiplication des locations de logements locaux aux vacanciers qui est en cause. Or, cette situation est le fait des Vénitiens eux-mêmes. L’attitude de la municipalité est d’ailleurs assez hypocrite, puisqu’elle ne fait rien contre cet état de fait…”

Parmi les sites menacés de surtourisme, M. Knafou évoque Barcelone (“qui manque cruellement d’un parc de logement social”), les calanques de Marseille (“où la mise en place d’une jauge a eu un effet très positif”), Dubrovnik en Croatie…

Rémy Knafou pour la Fondation Jean-Jaurès sur la “surmédiatisation du surtourisme…”

Propos recueillis par Ph.-M.

(*) Trois critères pour définir le surtourisme : Le nombre excessif de touristes nuit-il à la préservation du lieu et des sites ? Est-ce qu’il nuit à “l’expérience touristique” de ceux qui y viennent ? Est-ce qu’il suscite un rejet de la part de la société d’accueil ?

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