“Crise du logement : la solution passe aussi par l’encadrement des locations touristiques de courte durée”, c’est ainsi que s’ouvre l’appel transpartisan lancé par quatre élus (*) qui souhaitent “encadrer beaucoup plus fortement l’offre de locations saisonnières de courte durée et des meublés touristiques, dont la multiplication est devenue démesurée…” Le magazine Marianne vient de consacrer un longue enquête au sujet, établissant une liste de “50 villes gangrénées” où figurent plusieurs communes du littoral en Occitanie…

“Alors que 4,1 millions de personnes sont non ou mal logées, la prolifération de ces locations accentue encore la crise du logement. A travers le pays, tant dans certaines grandes villes que dans les régions touristiques, ces plateformes multiplient les offres de locations à court terme (…) beaucoup plus lucrative que la location de longue durée, les logements disponibles sont de plus en plus systématiquement loués aux touristes de passage, aux dépens de la population locale” analysent les élus signataires.

Supprimer la niche fiscale, réduire le nombre de nuitées…

Leur constat est affligeant : “L’offre immobilière se tarit chaque jour un peu plus, les loyers augmentent, éloignant toujours plus loin la majeure partie de la population de son lieu de travail, participant de sa dépendance à la voiture avec les coûts afférents, dégradant ses conditions de vie et aggravant sa précarité.” 

Parmi les objectifs de ces élus, la suppression de la niche fiscale en faveur de la location de meublés de tourisme. Ainsi que la réduction “à 90 du nombre de nuitées autorisées pour la location de sa résidence principale, au lieu de 120 nuitées actuellement.”

Et aussi “l’interdiction de la location de passoires thermiques via les plateformes touristiques. Actuellement interdite sur le marché immobilier classique, la possibilité de continuer à louer ces mêmes passoires sur les plateformes touristiques constitue une échappatoire qui nuit au but recherché, soit la décence des logements disponibles à la location.”

Voir la plateforme : https://encadronsairbnb.fr/

Une proposition de loi émanant par ailleurs de Renaissance (le parti présidentiel) et visant à “remédier aux déséquilibres du marché locatif en zone tendue” devait être examinée le 31 mai en commission des Affaires économiques puis la semaine du 12 juin dans l’hémicycle, Mais elle a été retirée de l’agenda parlementaire et son examen repoussé sine die, la majorité jugeant le texte “pas abouti.”

Consulter la proposition de loi : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b1176_proposition-loi

Sept communes d’Occitanie dans les “villes phagocytées”

Cette reculade rappelle à quel point le macronisme est terriblement ambigu sur les questions du logement et de l’immobilier. L’enquête menée par Marianne (numéro 1367 du 25 au 31 mai 2023) souligne pourtant à quel point le sujet est d’actualité et combien il est urgent de s’en saisir rapidement.

Découvrir l’article de Marianne : https://www.marianne.net/societe/logement/crise-du-logement-professionnalisation-du-secteur-colere-des-riverains-le-cancer-airbnb

Le magazine précise que les “répercussions sur la cherté du logement sont corroborées par de nombreuses études” mais s’appuie également sur des chiffres inédits (**) sur “50 villes phagocytées par la location touristique.” Et parmi les villes concernées figurent sept communes d’Occitanie.

Ces sept villes ont connu une très forte évolution de l’activité de location touristique depuis 2018, ainsi que du prix de l’immobilier entre 2010 et 2021. C’est la ville touristique de Sète (Hérault) qui compte le plus grand nombre d’annonces (42) pour 1000 habitants (+104% depuis 2018 et + 19% pour le prix de l’immobilier), devançant Aigues-Mortes (Gard) : 39 (+185%; +34%).

Les autres communes de la région répertoriées sont Céret (Pyrénées-Orientales), Mèze (Hérault), Narbonne (Aude, la ville la moins touchée de l’échantillon avec 18 annonces pour 1000 hbts), Pérols (Hérault) et Sigean (Aude). Pour en savoir plus, se reporter au site de Marianne.

Le sujet est donc loin d’être clos. Et il est urgent de rechercher des solutions. Comme le soulignent les élus sur la plateforme “Encadrons les meublés touristiques” qui proposent sept mesures concrètes et rapidement applicables : “L’ensemble de ces mesures permettra toujours de louer son logement pour quelques jours et d’arrondir les fins de mois, sans pour autant faire de concurrence déloyale aux hôteliers ou d’aggraver les difficultés de logement des Françaises et Français.”

Ce que recherchent les Français pour leurs vacances

Pour terminer sur une note optimiste, revenons à l’étude menée par Vacancéole (plus de 100 résidences de vacances, villages vacances et hôtels en France) qui souligne que près de un Français sur 2 prévoit de passer les prochaines vacances en France. 30% voyageront en Europe, tandis que 24% visiteront des pays hors-Europe.

(Questionnaire administré en ligne par Vacancéole du 21 au 27 février 2023, auprès d’une population âgée de 18 ans et plus, 502 répondants.)

Les destinations plage séduisent 46% des Français tandis que les destinations lacs
arrivent en en seconde position avec 39 %. Les atouts de l’Hexagone sont par ailleurs nombreux et en premier lieu ses paysages pour 74% des Français devant la nature (58%), la météo (57%) et la culture (54%).

Si les vacances sont l’occasion de découvrir de nouveaux endroits pour 78% des
interrogés ou de s’adonner à des activités qu’ils ne font pas le reste de l’année pour 41%… 75 % des sondés affirment que c’est pour eux l’occasion de se ressourcer et se reposer. Et les vacances sont aussi synonymes de moments en famille ou entre amis. C’est d’ailleurs ce que recherchent 3 français sur 4.

Les activités en lien avec la nature (25%), les découvertes locales (24%) et les activités
familiales (22%) caracolent en tête des occupations préférées des Français pendant leurs vacances. Concernant les découvertes locales, ils apprécient particulièrement les marchés et autres festivals gastronomiques (72%), les visites guidées (63%), les circuits touristiques en randonnées (49%) ou les visites de caves et dégustations de vin (34%).

Au moment de réserver leur séjour en résidence de tourisme, les vacanciers Français se disent d’abord sensibles aux équipements (61%) mais aussi à un bon rapport qualité-prix (58%) ou à la localisation (53%). Les animations sur place sont un critère de choix uniquement pour 14% des sondés. Et la piscine est “LE” service indispensable pour 74% des Français !

Et pour se faire une idée des découvertes à faire en Occitanie : https://www.tourisme-occitanie.com/destinations/fabuleux-voyages/

Philippe MOURET

(*) Julien Bayou (député de Paris, groupe Écologiste), Max Brisson, (sénateur des Pyrénées-Atlantiques, Les Républicains), Inaki Echaniz, (député des Pyrénées-Atlantiques, Socialistes et apparentés) et Christophe Plassard, (député de Charente-Maritime, Horizons).

(**) Marianne a constitué sa liste de 50 communes en repérant le nombre d’annonces “actives” sur leur teritoire des trois premiers mois de 2023, tel qu’indiqué sur le site de l’entreprise de données AirDNA. En les rapportant à leur nombre d’habitants, elles comptaient au moins autant de logements proposés à la location que Paris en début d’année.

Et ailleurs ?

Airbnb est une plateforme numérique sur laquelle des particuliers proposent des locations de logement de courte durée. De plus en plus de villes importantes réglementent désormais la location de logements via Airbnb. Le site La Lettre des Réseaux a fait un point sur le sujet :

Ainsi, en décembre 2016, Airbnb a conclu un accord avec la mairie d’Amsterdam ; la plate-forme a accepté de mettre en place une limite automatique à 60 nuitées. Au-delà de cette durée, les hôtes ne pourront plus publier d’annoncer sur la plateforme.

En Allemagne, une loi dénommée Zweckentfremdungsverbot, entrée en 2016, interdit de louer un logement entier à la nuitée. Le loueur peut uniquement mettre en location une chambre du logement qu’il habite. Et à Barcelone il est interdit d’offrir ou de donner en location un logement entier : au maximum deux chambres peuvent être louées, et le propriétaire doit résider dans l’appartement loué. Enfin, un logement ne peut être loué plus de 4 mois par an.

Sur la réglementation des villes européennes face à Airbnb lire le sujet complet : https://www.lettredesreseaux.com/P-2317-455-A1-la-reglementation-des-villes-europeennes-face-a-airbnb.html

Lire aussi :

Sur les conséquences (positives et négatives) de l’essor d’Airbnb : https://www.voyagerenavion.fr/airbnb-quelles-sont-les-consequences-essor-du-geant-americain/#:~:text=Airbnb%20d%C3%A9clare%20que%20les%20personnes,circuit%20%C3%A9conomique%20de%20leurs%20pays.