Dons/Concert : La guerre en Ukraine suscite une exceptionnelle vague de solidarité

Le groupe Karpatt, du Sétois Fred Rollat. "Oleg Skrypka, je l'ai rencontré en 2014, lors de la fête de la Francophonie dans le cadre de la Révolution Maïdan. L'ambiance était vraiment festive. On était aux côtés de ceux qui revendiquaient leur identité ukrainienne ; c'était très émouvant avec plein de groupes internationaux ; on a goûté tous les plats typiques et on a même chanté en chemises brodées ukrainiennes, les Vyshyvanska. Oleg m'a appelé il y a quelques jours. Terré dans sa cave, sous sa maison, pour me dire si vous pouvez faire quelques chose, faites-le !" DR

Alors que deux groupes de musiques sétois organisent un concert de soutien à Paris et au-delà des aides financières de nombreuses communes, la région Occitanie et les deux capitales régionales se sont mobilisées pour acheminer en Pologne un convoi de 400 m3 de dons de première nécessité.

Démissionnaire, le chef d’orchestre russe Tugan Sokhiev ne montera pas sur la scène du Cabaret sauvage à Paris. Le directeur de l’orchestre national du Capitole à Toulouse et du bolchoï se dit “victime de “la culture d’annulation”. Se disant pourtant “ambassadeur de la paix”, on aurait pu imaginer qu’il soit partie prenante d’un concert humanitaire comme le fut en son temps, en 1989, le célèbre violoncelliste Russe Rostropovicth qui donna un concert poignant près du Mur de Berlin quand celui-ci chuta… Chacun réagit comme il le peut.

L’hymne ukrainien joué avant les concerts.

La musique est censée adoucir les moeurs. On ne compte d’ailleurs pas le nombre de concerts humanitaires depuis la seconde moitié du XXe siècle pour soutenir une cause, la faim dans le monde ou un pays en guerre. Pas plus tard que le 8 mars, l’un d’eux, prestigieux, a été donné sur France 2 et France Inter en soutien au peuple ukrainien, Unis pour l’Ukraine.

De Paris à New York, l’hymne ukrainien est aussi régulièrement joué avant les concerts. Peut-être que Chtche ne vmerla Ukraïny le sera-t-il le 16 mars au Cabaret Sauvage, à la Porte de la Villette à Paris ? Assez spontanément, le groupe Karpatt, cofondé par un Sétois, Fred Rollat, s’est mobilisé pour une soirée de soutien. Aux côtés de Karpatt, on trouve aussi les Zoufris Maracas, fondé, lui par un autre Sétois, Vincent Sanchez. Mais pas seulement. On y trouve Sanseverino, Gatica…

Toute la recette reversée à des assos humanitaires

“La jauge est de 800 personnes dans la salle, précise Fred Rollat. On en a profité de réunir des groupes et des chanteurs que nous connaissons bien sur une même scène pour organiser ce concert. La place est à 10 € et l’intégralité sera reversée à des associations humanitaires oeuvrant dans l’aide aux Ukrainiens. Tout le monde a joué le jeu : des personnels techniques jusqu’aux agents de sécurité donnent de leur temps bénévolement et la salle nous est gracieusement prêtée”, commente Fred Rollat, 56 ans, guitare et voix de Karpatt, groupe de chanson française qui a déjà sorti neuf albums en 20 ans de carrière.

Oleg Skrypka, rock star, figure de la résistance à Kiev

Il dévoile que l’origine ce concert est à trouver au côté d’une amitié avec un autre leader d’un groupe, VV (Volpi Vidopliassova). “Oleg Skrypka, je l’ai rencontré en 2014, lors de la fête de la Francophonie organisée sur la Grand Place de Kiev par l’Alliance Française dans le cadre de la Révolution Maïdan. L’ambiance était vraiment festive. On était aux côtés de ceux qui revendiquaient leur identité ukrainienne ; c’était très émouvant avec plein de groupes internationaux ; on a goûté tous les plats typiques et on a même chanté en chemises brodées ukrainiennes, les Vyshyvanska. Oleg m’a appelé il y a quelques jours. Terré dans sa cave, sous sa maison, pour me dire si vous pouvez faire quelque chose, faites-le !” Oleg Skrypka n’est pas n’importe qui. Il est l’une des figures de la résistance face à la Russie.

“Si ce premier concert fonctionne, on pourrait en organiser d’autres…”, confie encore Fred Rollat. A moins que…

Olivier SCHLAMA

Grande générosité en Occitanie

Nourritures, vêtements, argent… En France, le conflit suscite des dons d’une ampleur exceptionnelle. Un peu comme lors du tsunami, en 2004, en Asie. Dans la région, on constate de très nombreuses initiatives en faveur du peuple ukrainien. Toutes les associations caritatives ont mis la main à la pâte.

Secours populaire, secours catholique…

Secours populaire (déjà plus de 2 M€ au niveau national), Secours catholique, Banques alimentaires (apportant 13 tonnes d’invendus récupérés au Salon de l’agriculture et plus de 1 000 tonnes récupérées lors d’opérations les Agriculteurs ont du coeur)… La région Occitanie a réuni, elle, 400 mètres cubes de dons récupérés par de nombreuses ONG. Pour les acheminer à Rzeszów (Pologne).

“Protection temporaire” pour les victimes

Un mouvement d’autant plus admirable que spontané. Et doublé d’aides de nombreuses collectivités, à l’image de Sète (une aide exceptionnelle de 50 000 €). La Lozère, exemplaire, a été l’un des tout premiers départements à se mobiliser pour l’accueil de réfugiés, comme Dis-Leur, vous l’a expliqué ICI. Sans oublier le sens de l’accueil que les Européens ont retrouvé à l’occasion de ce conflit. L’Europe a même décidé d’appliquer pour la première fois une vieille directive vieille de 20 ans accordant une “protection temporaire” aux personnes fuyant cette guerre au coeur du continent européen.

Imposant convoi humanitaire

Samedi matin, devant l’hôtel de région, à Toulouse, un imposant convoi humanitaire a ainsi pris la direction de la Pologne, Carole Delga, présidente de la région Occitanie, aux côtés notamment de Georges Méric, président du département de Haute-Garonne, a tenu à adresser quelques mots aux chauffeurs, personnels et volontaires qui achemineront les dons récoltés à la frontière ukrainienne :

“Je tiens aujourd’hui à saluer la mobilisation de tous. Celle des collectivités, qui, à l’image notamment du département de la Haute-Garonne, de la Lozère ou du Gers, de la métropole de Montpellier, ont mobilisé leurs forces au service de cette cause commune. Celle de nos institutions publiques, à l’image des CHU de Montpellier et Toulouse, de nos associations, des entreprises ou encore du MIN (Marché d’intérêt national), soit au total plus de 80 organisations qui par leurs dons apportent une contribution déterminante à cet élan régional. Celle, enfin et surtout, de nos habitants qui répondent en nombre à l’appel de la solidarité.”

Seize véhicules transportant 400 m3 de dons

Le convoi humanitaire acheminera les dons recueillis aux ONG qui gèrent sur place l’accueil et l’accompagnement des réfugiés ukrainiens. Il s’agit de 16 véhicules, dont notamment un camion de 38 tonnes, un autre de 29 tonnes, un de 19 tonnes et un de 8,5 tonnes ; 80 collectivités, associations, entreprises ou structures partenaires mobilisées  ; 44 participants, dont 4 élèves du lycée Gallieni de Toulouse et 4 élèves du lycée Ernest-Ferroul de Lézignan-Corbières, en formation conducteur transport routier . Accompagnés par leurs professeurs, ils conduiront les véhicules jusqu’en Allemagne .

Ville et communes autour de Montpellier solidaires

Du côté Montpellier, où le convoi a fait étape, Michaël Delafosse dit :“Tous nos moyens sont déployés pour accompagner le formidable élan de solidarité des Montpelliérains envers la population ukrainienne, et je remercie nos agents qui se sont immédiatement portés volontaires pour accompagner ce convoi pour acheminer les dons collectés à la frontière. Cette action prolonge nos efforts entrepris avec les habitants et les maires de la métropole pour accueillir dans les meilleures conditions les réfugiés ukrainiens arrivant sur notre territoire, en lien étroit avec les services de l’État.”

Montpellier vote une aide de 100 000 €

Le convoi s’est enrichi à Montpellier de quatre camions avec des dons prioritaires, récoltés par les nombreux donateurs de la ville des trente autres communes de la Métropole. Depuis le début de la crise, denrées alimentaires, vêtements, produits d’hygiène, médicaments ainsi que 12 palettes de matériel médical données par le CHU de Montpellier ont été recueillis et stockés au MIN de Montpellier.

Montpellier, qui a voté une aide de 100 000 €,  a mis sur pieds un dispositif de parrainages républicains des personnes migrantes par des habitants volontaires. Créé lors du conseil municipal de décembre, il sera ouvert aux Ukrainiens.

O.SC.

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