Culture : À Elne, au festival Pignon sur Mer, plongez dans l’écologie de l’action

Soaf II ©Laurent Nembrini.

Spectacles, rencontres littéraires, ciné… pour dire, au plus près du terrain, que la Méditerranée et, au-delà, climat et environnement sont en danger et qu’il y a une vraie nécessité d’action. Ça se déroule ce week end à Elne (qui possède une plage…!), dans les Pyrénées-Orientales, qui éprouve le réchauffement climatique et sa sécheresse historique.

Karwan, c’est un joli mot – caravane en persan – pour l’itinérance. C’est le nom de l’association, spécialisée dans les projets de territoires, qui a créé Pignon-sur-Mer, il y a cinq ans. C’est le nom de ce festival – gratuit – annuellement itinérant. Après Le Racou (à Argelès-sur-Mer) en 2019, Banyuls en 2020, Collioure en 2021 et Port-Vendres l’an dernier, la cinquième édition, les 9 et 10 septembre, s’installe à Elne dans les P.-O. Climat, environnement, littérature, ciné-jardin, spectacles… Elne n’est pas au bord de la mer mais au bord d’une rivière, l’emblématique Tech. De la mer à la rivière puis, à l’environnement. Et au coeur de cette sécheresse historique et peut-être exemplaire d’actions salvatrices.

Partenaire du Parc naturel marin du Golfe du Lion

“Ce festival, qui commence à être connu avec plusieurs de milliers de visiteurs accueillis à chaque édition, nous l’avons créé en 2019 suite à un appel à projets du Parc naturel marin du Golfe du Lion qui reste aujourd’hui un partenaire privilégié”, explique la créatrice de ce festival original, Anne Guiot, originaire d’Argelès. Les collectivités participent financièrement au budget de 55 000 € à ce festival monté par Karwan dont le siège social est à Marseille et une antenne dans les P.-O.

Deux axes se complètent : des rencontres littéraires, du ciné, du spectacle vivant, etc. et ce que l’on a appelé des “greffes”, des mises en valeur d’un patrimoine écologique local. En l’occurence, Elne, ville très active en matière de résilience écolo, montre, par exemple en remplaçant un parking par un jardin partagé que la transition écologique n’est pas une théorie : elle est en marche ! Elne, c’est un vrai creuset ; mettant en oeuvre, autre exemple, un atlas de la biodiversité communale visible à l’espace Gavroche ou ces revégétalisations. L’autre axe est citoyen.

Débat à la Maternité suisse ; spectacle vivant, BD…

Miettes ©Philippe Laurençon

La Maternité Suisse retenu par le Loto du Patrimoine abritera l’ouverture de la manifestation avec, au programme, sa visite, un débat autour des deux derniers livres de Laure Noualhat, ex-journaliste de Libération, Comment rester écolo sans finir dépressif et Bifurquer par temps incertains sur “l’écoanxiété qui nous frappe tous”… Il y aura aussi du spectacle vivant, avec Miettes, le 9 septembre, par Rémi Luchez un circassien “reconnu et performant” ; il est dans le geste minimaliste – il arrive avec deux bouts de bois et du fil de fer – pour exprimer des choses fortes. Il construit un pont, allégorie vers un futur inconnu que l’on espère meilleur…

On peut citer une rencontre littéraire avec le philosophe Matthieu Duperrex, prof à l’école d’architecture de Perpignan. “Il a pas mal scruté les deltas, notamment les bayous de Guyanne. Il est aussi parti en Tunisie où il a croisé le fameux crabe bleu. Il va faire une sorte d’histoire géologique appliquée aux deltas et donc au Bocal du Tech. Avant une balade. Et si on veut tout comprendre de la mer et des vagues, on peut aussi lire une BD écrite avec des scientifiques de l’Ifremer, le Super Week End de l’Océan de Gaëlle Alméras.”

“Danseuses contemporaines très énergiques qui interrogeront le côté tribal et le ressort pour s’en sortir…”

Bocal du Tech ©Emmanuel Layani

Il y aura aussi une expo baptisée Un Notre Monde, avec les artistes du Distill’Art Shop qui travaillent avec des matériels de récupération, sur le thème de l’eau ou de l’environnement ; collecte de déchets et un atelier pour créer des objets avec ces déchets ; une table-ronde sur la “ville-éponge” sur le thème de la revégétalisation de reconquête sur le bitume… Le musée Terrus abordera, lui, l’angle de la mer. On pourra admirer dans le spectacle, Soif, “des danseuses contemporaines très énergiques qui interrogeront le côté tribal et le ressort pour s’en sortir”.

“Une vraie nécessité d’action…”

Notre société est en mouvement ; en danger. Avant on prévenait, maintenant… Il y a déjà eu, sécheresse oblige, des incendies de Banyuls, de celui d’Argelès Sorède… Il y a une vraie nécessité d’action”. C’est aussi cette nécessité qui les fait accueillir l’association SOS Méditerranée avec des lectures de textes et de témoignages. Il y aura une sortie sur les insectes, Les Tropiques du Papillon, à la sortie de la commune. Dans le cadre de ce changement de paradigme désiré, sera souligné le travail sur l’art thérapie.

Rivière le Tech à l’honneur ; plus grand menu du monde

Labo Biodiversarium ©Emmanuel Layani

La rivière sera, elle, particulièrement à l’honneur avec la projection du film La Petite Bande de Pierre Salvadori, une balade littéraire Marcher en crabe le long du Bayou Tech par Matthieu Duperrex ou la visite de l’estuaire avec les guides de la Réserve naturelle nationale du Mas Larrieu.

La ville haute sera l’épicentre de la manifestation. C’est là qu’aura lieu l’essentiel des rencontres littéraires ainsi que le repas concocté à partir du nouveau livre de Bill François Le plus grand menu du monde : histoires naturelles dans nos assiettes et que s’installera hors les murs la librairie Oxymore… Et c’est sur la place de la République qu’aura lieu le final de cette édition avec le spectacle Soaf II de la compagnie de danse en espace public Oxyput. Tout un programme montrant que la situation est grave mais pas désespérée…

Olivier SCHLAMA

👉 Tout le programme ICI

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