Cinéma : Dès le 9 novembre retrouvez les à… Pétaouchnok !

Pio Marmaï et Philippe Rebbot. Roger ARPAJOU ©2022 - Bizibi - France2 cinéma

Mais c’est où exactement, Pétaouchnok ? Dans un autre pays ? Voyons la définition qu’en donne l’Orthodidacte : “Pétaouchnok est le nom d’une ville imaginaire, censée être très très loin. Au début du XXe siècle, on parlait plutôt des îles Pataoufnof, pour évoquer un endroit supposé très lointain. Le mot s’est ensuite déformé, notamment par influence du nom de la ville russe de Petropavlovsk. Donc quand on dit qu’on va à Pétaouchnok, on indique que l’on va dans un endroit lointain, perdu, où il n’y a rien à faire…”

C’est aussi, désormais, le titre d’un film d’Edouard Deluc. Un film entièrement tourné dans les Pyrénées-Orientales (*), avec au générique Pio Marmai, Philippe Rebbot, Camille Chamoux, Olivia Cot, Moussa Mansaly, etc. Un film qui a obtenu le Prix du meilleur Film au Festival de La Baule 2022 et qui sort en salles le mercredi 9 novembre…

une dizaine de touristes en mal de nature,

de silence, d’aventure, une chevauchée fantastique à travers la montagne,

les Pyrénées en majesté…”

Mais laissons le réalisateur en parler : “Deux guides, aussi enthousiastes qu’incompétents, une dizaine de touristes en mal de nature, de silence, d’aventure, une chevauchée fantastique à travers la montagne, les Pyrénées en majesté…”

Roger ARPAJOU ©2022 – Bizibi – France2 cinéma

Voilà pour le décor. mais au coeur de tout cela, il y a des gens : “Une envie de comédie, de peindre à nouveau des humanités en difficulté, de fraternité, de grand galop pour échapper au temps qui passe, aux drames intimes, à la violence du monde, se perdre dans la forêt. Chasser, cueillir, pécher, s’aimer à la belle étoile, nager dans l’eau froide, sentir le bourrin, remettre les pendules à l’heure. Pétaouchnok est tout ça, et sera autre chose. Un agrégat de désirs, d’obsessions, de questions, d’élans comiques et d’envies de cinéma. A l’aventure donc, y ponchos para todos !”

“Fraternel, j’aime à la fois le mot et l’ambition…”

Roger ARPAJOU ©2022 – Bizibi – France2 cinéma

La “fraternité”, un sujet central dans le travail d’Edouard Deluc, de Mariage à Mendoza à Temps de Chien !, son dernier film pour Arte (Grand Prix au festival de La Rochelle 2019, plus de 2 millions de spectateurs lors de sa diffusion…) : “Le désir d’explorer ce thème n’est pas forcément conscient mais c’est vrai qu’il est récurrent ! Fraternel, j’aime à la fois le mot et l’ambition, la notion du devoir aussi. Et mes personnages étant systématiquement dans la panade, il y en a toujours un qui tend la main à l’autre. Ici, j’aborde la fraternité au sens large, en mettant un groupe humain, dans sa diversité, à l’épreuve du fameux vivre ensemble, dans la France d’aujourd’hui…”

Vivre ensemble au coeur des Pyrénées : “Cette expédition est aussi le fantasme du retour à la nature, à l’état sauvage, à la fois une nécessité et la tarte à la crème par excellence. Une nécessité avant tout pour se souvenir, et prendre soin, un rapport à la nature, à la fois salvateur et consolateur. J’ai grandi à la campagne, j’ai un rapport charnel à la nature, et un rapport contrarié aussi car je vis en ville depuis longtemps. Nos personnages sont cabossés, par la vie, par la ville aussi, la violence du monde, par des enjeux qui les dépassent. Ils cherchent tous, d’une manière ou d’une autre, réconfort et consolation, auprès des autres, des arbres, du silence…”

Roger ARPAJOU ©2022 – Bizibi – France2 cinéma

Des personnages “cabossés” mais qui ne capitulent pas…

Les Pyrénées sont un personnage à part entière. Mais au-delà de cette nature, quelles ont été les sources d’inspiration du réalisateur ? “La référence clé pour moi reste Les naufragés de l’île de la Tortue de Jacques Rozier, sa liberté, sa fantaisie, son audace, et Pierre Richard encore et toujours… C’est vraiment le film que j’avais en tête (…) Et j’ai revu évidemment Les randonneursde Harel, mais aussi Les Bronzés de Leconte, ou encore Dead Mande Jarmusch (…) J’ai aussi relu les discours des chefs indiens, méprisés et spoliés, dans Pieds nus sur la Terre sacrée…”

Quelle sensation, une fois le film terminé, avant l’épreuve du public ? “… Un truc qui a à voir avec l’entraide, le réconfort ou la consolation. Un truc de chaleur humaine finalement. Dans le rapport à la nature aussi, le silence mais aussi dans le fait d’être ensemble, ce qui donne quand même du sens à nos vies. Tous ces personnages ont beau être cabossés par leurs échecs, ils ont en commun le désir d’aller à la rencontre
de l’autre, de ne pas capituler, de ne pas se recroqueviller, d’aller goûter aux joies de l’altérité, et ils font attention les uns aux autres. Et je crois que ceux qui aimeront le film seront peut-être finalement touchés par cette dimension qui irrigue le film sans en faire un sujet.”

Xxx

Philippe MOURET

(*) Le tournage s’est déroulé à Perpignan, Font-Romeu, Tautavel, Le Barcarès, Formiguères, La Llagonne et Les Angles du 25 mai au 17 juillet 2021. Ce long-métrage a reçu le soutien de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée en partenariat avec le CNC et le soutien logistique de la Commission du film Occitanie (Accueil des tournages / Occitanie films, Gindou Cinéma, Ciné 32). Des comédiens, comédiennes, techniciennes, techniciens, figurants et figurantes de la région participent à ce tournage.

Entretien avec Pio Marmaï (interprète de Ludo)

Roger ARPAJOU ©2022 – Bizibi – France2 cinéma

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce projet ?

Connaissant le travail d’Édouard, je le savais capable de passer d’un style à un autre, tout en gardant une forme de poésie. Dès la lecture du sénario de Pétaouchnok, j’ai retrouvé cette qualité, car chez ses personnages, on retrouve beaucoup d’humanité mais aussi de la fantaisie et de la cocasserie. L’histoire se déroulant au cœur des
Pyrénées, je sentais aussi un potentiel d’aventure et de mésaventures ! Et puis j’aimais l’humour, dans lequel je me retrouvais. Bref, il y avait dans ce projet quelque chose qui me parlait vraiment. Ajoutez à cela des acteurs comme Philippe Rebbot ou Camille Chamoux, je me suis dit que c’était une aventure dans laquelle il fallait s’embarquer.

Le fait que le personnage de Ludovic ait été écrit pour vous a-t-il facilité votre travail ?

Oui car ce personnage avait, dès l’écriture, une logorrhée pas si éloignée de la mienne ! Son côté très vivant, virevoltant même, me parlait. Mais la difficulté venait de la quantité de texte car c’est un film bavard, au bon sens du terme. Jouant très peu sur l’improvisation, je me devais de respecter l’écriture exigeante d’Edouard et d’être à l’écoute de mes partenaire. Mais cette concentration me faisait du bien.

Votre duo avec Philippe Rebbot s’est -il formé rapidement ?

J’ai adoré bosser avec Philippe car en plus de dégager une poésie, j’aime la rythmique dans laquelle il joue. La manière dont il envisage une séquence ajoute une part de surprise ; on ne sait jamais vraiment dans quelle direction ça va partir car rien n’est jamais installé. J’étais très curieux de cela et si c’était plaisant pour moi de lui donner la réplique, l’énergie générale du film en a également bénéficié. D’une prise à l’autre, ça tangue, ça ose. Et si ça rate, ce n’est pas grave parce que ça prouve qu’on n’est pas dans une machine. Et puis on s’est bien marré. Et quand on s’amuse avec un collègue, c’est merveilleux.

Roger ARPAJOU ©2022 – Bizibi – France2 cinéma

Au-delà de ce duo, le film choral est-il un genre que vous affectionnez particulièrement ?

Ce que j’aime, avant tout, ce sont les films qui sont bien écrits. Qu’ils soient choraux ou pas m’importe peu. Néanmoins j’aime croire que le sens du collectif facilite le travail car un groupe solide sera toujours plus fort qu’un acteur seul. Avec d’excellents partenaires, on peut rapidement amener de l’humour et de la légèreté dans certaines situations, tout en gardant des endroits de violence et de tension. Or, ici, on avait créé une sorte de collectif. Quand on s’isole pendant sept semaines au milieu des Pyrénées, on a intérêt à bien s’entendre mais là, au-delà de nos personnages, quelque chose a tout de suite fonctionné. A tel point que je pensais davantage à la cohérence du groupe qu’à la façon dont je traversais mon personnage.

Les conditions un peu “roots” du tournage ont-elles favorisé cette cohésion de groupe ?

Forcément. Mais aussi le fait d’être isolés. Sur le plateau, on était loin de tout, les téléphones ne captaient pas, il ne nous restait donc qu’une chose à faire : vivre ensemble à Pétaouchnok !

A la différence de la plupart de vos partenaires, vous étire plus à l’aise sur un cheval. cela vous a avantagé ?

En 2021, j’ai effectivement tourné plusieurs films à cheval mais avec d’autres manières de monter et il m’a fallu un peu réapprendre cette discipline. Il n’empêche, j’aime ça, contrairement à Philippe pour qui l’idée de partir sept semaines dans cette aventure ne devait pas être simple. Mais cela a nourri son personnage et grâce à la bienveillance des gens qui nous encadraient, il a fini par prendre beaucoup de plaisir avec les chevaux.

Roger ARPAJOU ©2022 – Bizibi – France2 cinéma

Les acteurs aiment dire qu’il n’y a pas pire partenaire qu’un animal ou un enfant. Vous, vous avez eu les deux !

Étant père d’une petite fille du même âge que celle de mon personnage je n’arrivais pas en terre inconnue. Ce n’était pas évident parce qu’elle était toute petite et que ses séquences étaient empreintes d’une certaine tension (une baston devant le bar, une embrouille avec sa mère). Les enfants n’étant pas dans l’exercice de jeu mais dans l’instinct et l’amusement, il faut être d’autant plus à l’écoute et s’adapter. C’est plus fatigant mais c’est un très bon exercice pour un acteur.

Quelle a été votre réactionen voyant le film pour la première fois ?

J’ai été très sensible au travail de Jeanne Lapoirie qui a réussi à nous montrer les Pyrénées dans toute leur majesté. A l’image, on sent vraiment un souffle et le film propose un dépaysement assez joyeux ! J’ai aussi été heureusement surpris par l’identité de groupe car je n’avais pas réalisé que ce que nous avions vécu sur le tournage pouvait exister aussi fortement à l’écran !

(Entretien extrait du dossier de presse du film Pétaouchnok).

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