La candidature est officiellement déposée pour ce système défensif historique de huit “forteresses royales du Languedoc”, unique au monde, une étape importante dans un chemin qui a commencé il y a 12 ans. Le caractère exceptionnel et la qualité universelle de ces monuments seront-ils reconnus au patrimoine mondial ? Réponse : été 2026.
C’est un long feuilleton qui a commencé il y a plus d’une décennie. Dont une étape majeure vient d’être franchie le 31 janvier : le dépôt de la candidature au patrimoine mondial de l’Unesco par la France du Système de forteresses de la sénéchaussée de Carcassonne (XIIIe-XIVe siècles). Avec un nom davantage grand public pour générer un “mouvement populaire d’adhésion et une meilleure lisibilité capable d’être retenu par tous et juste scientifiquement et historiquement. Nous avons choisi : les forteresses royales du Languedoc.”

Ces forteresses avaient été voulues par le roi de France à la frontière avec l’Aragon. “C’est à cette période, au 13e siècle, que le Languedoc est rattaché à la France. Il y a ici une vérité historique et scientifique et quelque chose de plus appréhendable : des forteresses”, apprécie Hélène Sandragné, présidente PS du département de l’Aude. Avec une particularité dans le logo : les deux “O” de forteresse et Royales forment un huit, le nombre de forteresses. Eventuellement, on peut y voir le symbole de l’infini…
“Nous espérons recevoir d’autres touristes dans l’Aude dans le respect d’un tourisme éco-responsable”
“Il faut que le regard du monde se tourne vers l’Aude”, formule Hélène Sandragné qui ne fait pas mystère d’espérer qu’il y ait “des retombées économiques pour ce territoire dont les deux premières économies sont le tourisme et l’agriculture. Nous espérons recevoir d’autres touristes dans l’Aude dans le respect d’un tourisme éco-responsable, comme nous l’avons défini l’année dernière fait par et pour le territoire. Nous avons, en plus de vraies richesses patrimoniales, de vraies richesses de biodiversité exceptionnelles.”

Cette candidature officielle est portée par le département de l’Aude et élaborée depuis plus de 10 ans par l’Association mission patrimoine mondial concerne huit monuments répartis entre les départements de l’Aude et de l’Ariège : les fortifications de Carcassonne (la ville-cité est déjà au patrimoine mondial, là il s’agit du système défensif) et autour d’elles, les châteaux de Lastours, Termes, Aguilar, Peyrepertuse, Quéribus, Puilaurens et Montségur.
Candidature examinée par le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco en juillet 2026

Cet ensemble architectural constitue un témoignage exceptionnel du système défensif territorial conçu et administré par le roi de France après la croisade contre les Albigeois au XIIIe siècle. Ces monuments édifiés sur des pitons rocheux dans des paysages grandioses illustrent une période charnière de l’histoire et offrent un exemple unique d’architecture militaire leur conférant une valeur universelle exceptionnelle. C’est d’ailleurs ce qu’il faut prouver pour être retenu et obtenir ce label tant convoité. Cette candidature sera examinée par le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco lors de sa 48e session, en juillet 2026.
“C’est un processus, un chemin, qui a commencé il y a douze ans, ponctué par des auditions avec les plus grands scientifiques qui viennent regarder le travail, demander des compléments d’information, commente Hélène Sandragné. Qui a abouti, le 31 janvier, au dépôt par l’Etat français de notre candidature auprès de l’Unesco, “ce qui signifie que l’Etat français a choisi notre candidature pour qu’elle soit en 2026 qu’elle soit la candidature de la France à l’Unesco, pose la présidente du département de l’Aude”. Comme ce fut le cas pour Nîmes en 2023, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.
“Déjà une très grande reconnaissance, très grande fierté”

Le choix devrait être fait en juillet 2026. “Il reste dix-huit mois pour que des experts internationaux reviennent réaliser une ultime évaluation avec peut-être d’ultimes recommandations. Et si tout va bien, à l’issue de cela, le dépôt pourra être validé. Ce qui est important, c’est que l’Etat français et le ministère de la Culture ont jugé notre candidature d’une qualité telle que l’Etat peut la déposer à l’Unesco. C’est déjà une très grande reconnaissance, une très grande fierté. Le caractère exceptionnel et la qualité universelle du bien, c’est cela qu’il faut prouver. Il s’agit bien d’un système défensif de huit forteresses, unique au monde.”
La candidature comprend un plan de gestion obligatoire : comment on aménage les châteaux, les sites dans lesquels ils se situent, etc. “On a déjà commencé : c’est tout le travail que l’on amorce pour faire que ce bien soit préservé et puisse être transmis au générations futures.”
Olivier SCHLAMA
Les Forteresses royales…
Cet ensemble de forteresses constitue l’un des exemples les plus significatifs et les mieux préservés de l’architecture militaire déployée par les rois de France au milieu du XIIIe siècle. En s’implantant dans la région en 1230, le pouvoir royal impose un modèle centralisé en créant une sénéchaussée, territoire administré par un représentant du roi – le sénéchal – qui regroupe les pouvoirs administratifs, juridiques et militaires.

Le pouvoir royal entreprend alors un vaste programme de fortifications. La cité de Carcassonne est dotée d’une double enceinte abritant un château, centre de commandement de la sénéchaussée. Parallèlement, une quinzaine de places fortes féodales, confisquées à des seigneurs locaux, sont entièrement reconstruites pour former un réseau autour de Carcassonne, à proximité de la nouvelle frontière avec le royaume d’Aragon-Catalogne. Le but étant d’assurer le contrôle du territoire et d’affirmer de façon spectaculaire l’autorité du roi.
Avant leur transformation, ces sites étaient le plus souvent des villages fortifiés, dominés par le château, parfois modeste, du seigneur local. Il ne reste presque plus rien de ces lieux de vie ayant parfois abrité des communautés cathares et des chevaliers opposés à la croisade et au roi.
… du Languedoc

Le mot Languedoc est une création de l’administration royale française pour désigner le territoire du Sud de la France ajouté au domaine royal après la croisade contre les Albigeois. Il apparaît pour la première fois à la fin du XIIIe siècle dans une lettre du roi de France, pendant la mise en place du réseau fortifié. Il sert, dès l’origine, à designer les possessions françaises situées à l’ouest du Rhône et à les distinguer de la Provence, située à l’est du fleuve.
Les bâtisseurs royaux réalisent des exploits pour adapter aux reliefs du pays leur modèle de fortifications, conçu à l’origine pour les plaines du nord de la France. Cet ensemble de châteaux exceptionnels, prolongeant les falaises escarpées en faisant corps avec la roche, est unique en son genre et continue d’impressionner tous ceux qui parcourent les paysages de la Montagne Noire, des Corbières et des piémonts pyrénéens.
Le Languedoc évoque une région riche en histoire, en culture et en paysages encore préservés. C’est une terre de contrastes entre la Méditerranée, les montagnes, les plaines viticoles et des villes chargées en histoire. Pour ses habitants, l’attachement culturel y est très fort, un savoureux mélange de soleil, de vent et d’histoire et un véritable art de vivre.
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