Ariège / Europe : Ces micro-projets aux possibles maxi-retombées

Des randonneurs sur le Chemin des Bonshommes, objet du programme transfrontalier NATTUR (Photo : ADT09)

Un ultra-trail en montagne ; des échanges entre jeunes ou entre producteurs locaux… Des restes de financements européens peuvent servir à financer des initiatives entre l’Ariège, l’Andorre et l’Espagne. “Ces projets, qui correspondent à une vraie attente, aident à mieux se comprendre, à collaborer ensemble et, peut-être, que plus tard, ils déboucheront sur des projets plus importants”, dit Jean-Paul Ferré, premier vice-président de l’Ariège.

C’est une première. La Communauté de travail des Pyrénées et le département de l’Ariège lancent le premier appel à “micro-projets” de coopération transfrontalière entre la France, l’Espagne et l’Andorre. “L’initiative vise à dynamiser les relations entre les territoires concernés en apportant un soutien concret à des dossiers de coopération d’envergure inférieure aux projets européens habituels (moins de 25 000 € et d’une durée maximale de 18 mois) mais qui restent néanmoins porteurs de développement”, est-il expliqué.

Des projets de 25 000 € maxi réalisables sous 18 mois

Jean-Paul Ferré, Premier vice-Président du Conseil Départemental de l’Ariège. Photo : CD09.

Jean-Paul Ferré est premier vice-président à la transition environnementale et sociétale, au développement économique et à l’insertion du département de l’Ariège. Il explique : “Il restait des fonds du programme européen dits Poctefa, dit-il. Au lieu de renvoyer ces quelques 575 000 €, on peut les utiliser pour des micro-projets de 25 000 € maximum chacun ; qui soient réalisables sous dix-huit mois. Cela concerne cinq départements de la chaine pyrénéenne ; les cinq communautés autonomes espagnoles et Andorre et, enfin, l’Ariège, la Haute-Garonne et les P.-O. Il s’agit de “renforcer la vie associative ; stimuler l’activité économique des PME ; le tourisme ; faciliter les échanges et la mobilité entre les populations…”

Stimuler, développer, encourager…

“L’Andorre, c’est un peu le mythe. Nous avons aussi des liens très forts avec la Catalogne.” Les porteurs de projets qui peuvent candidater sont variés (1). “Cela peut être des associations, des structures publiques comme des communes ou des communautés de communes…”, complète Jean-Paul Ferré. Les actions conduites par ces “micro-projets” doivent répondre à un certain nombre de principes, tels que stimuler les activités économiques des PME, développer les initiatives locales qui contribuent au développement, encourager la protection de l’environnement ou encore renforcer l’identité commune.

Course mythique, échanges culturels…

Un échange entre Christine Téqui, présidente du département de l’Ariège, et un partenaire lors du lancement du programme NATTUR en septembre 2018 Ph. CD09.

L’élu prend l’exemple de la course légendaire et vertigineuse PICaPICA de 109 km (!), basée à Auzat en Ariège, organisée autour du 15 août et reliant des cols ou des sommets situés en Andorre et en Espagne. Quelque 250 champions de l’ultra-montagne venus des quatre coins de l’Europe y participent. L’exemple-même d’un événement à vocation touristique et sportive “qui pourrait en faire partie s’ils nous sollicitent”, indique Jean-Paul Ferré.

“Une vraie attente”

“Ces fonds peuvent aussi servir à financer des échanges culturels entre établissement du secondaire, des lycées, puisqu’il y a un lycée français en Andorre ; quand j’étais jeune, des élèves andorrans venaient faire leur scolarité au lycée de Foix… Ces projets qui peuvent être financés ne sont pas d’envergure mais correspondent à une vraie attente. Ce sont des projets qui aident à mieux se comprendre, à collaborer ensemble et qui peut-être, plus tard, déboucheront sur des projets plus importants.”

Des exemples ? La ville de Foix est impliquée également dans une demande de label Unesco qui concerne onze biens en Ariège (le château de Foix), en Catalogne et en Andorre, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. En marge, des échanges réguliers s’organisent entre les jeunes de Foix et ceux d’Andorre : voilà encore une opération qui pourrait être accompagnée financièrement grâce à l’argent de l’Europe.

Débloquer la situation sur la RN 20…

“On peut aussi imaginer d’aider le club de rugby andorran qui joue sous l’égide de la fédération française de rugby, et qui fait partie du comité départemental de l’Ariège ou favoriser très facilement des échanges de producteurs locaux andorrans qui viennent en Ariège et les producteurs Ariégeois qui vont en Andorre.” Des micro-projets avec une maxi efficacité et qui n’ont rien de mini. “Avec la présidente, Christine Téqui, nous avons une volonté d’intensifier les échanges avec l’Andorre et l’Espagne et si “par hasard”, cela nous permettait de débloquer la situation sur la RN 20, ça faciliterait les échanges économiques et touristiques…” Il évoque le contournement de Tarascon-sur-Ariège, très important pour fludifier la route vers et depuis Andorre et acté depuis 2017 et qui attend d’être réalisé.

Aller chercher une typologie de porteurs de projets qui  traditionnellement ne répondent pas à ce genre d’appels à projets”

Julien Berthet, directeur du développement territorial de l’Ariège
Le château de Foix. Photo : département de l’Ariège.

“Cela a aussi une vocation d’aller chercher une typologie de porteurs de projets qui  traditionnellement ne répondent pas à ce genre d’appels à projets”, fait remarquer Julien Berthet, directeur du développement territorial de l’Ariège. Les financements Poctéfa financent d’habitude des projets plus significatifs. Pour ces micro-projets, les élus du département de l’Ariège ainsi que ceux des autres départements se sont vraiment mobilisés. L’objectif est d’aller chercher des structures publiques, privées, associatives qui n’ont pas forcément l’habitude de faire de la coopération et de leur r’donner envie d’aller sur des projets plus conséquents par la suite.” “Souvent, on nous fait la remarque, ajoute Jean-Paul Ferré : “Ah vous habitez en Ariège, on connaît ; on y passe pour aller en Andorre… ” Il faudrait aussi capter de l’Andorre autre chose que le passage de gens qui vont acheter des cigarettes…

Olivier SCHLAMA

À la découverte de l’Ariège…