Alerte : Recrudescence des abandons d’animaux de ferme pendant l’été

“Laisser un cheval, une chèvre ou un âne au fond d’un pré, sans eau, sans ombre et sans nourriture est un abandon, une maltraitance intolérable. Nous dénonçons le manque de règlementation qui encadre l’acquisition et le suivi des animaux de ferme. Pour conséquence, chaque année nous constatons de trop nombreux décès dû à des abandons, car nous sommes alertés trop tard” explique Lisa Fernandez, présidente du refuge.

Certaines de ces situations de maltraitances invisibilisées sont révélées au grand jour grâce au service d’enquête du refuge Les 3 Dindes ou par des signalements externes, d’autres sont plus visibles. Certains animaux osent en effet casser leurs clôtures pour survivre et se mettre en quête d’eau et de nourriture. C’est ce qui s’est récemment passé sur une commune du Lot-et-Garonne, le refuge est intervenu aux côtés d’une Mairie pour recueillir 3 chèvres divaguant sur la commune, ayant causé de nombreux dégâts matériels.

Image d’illustration – Photo DR

L’été, les conditions climatiques se durcissent

En 2023 ce sont 394 enquêtes qui ont été menées, auxquelles s’ajoutent près d’une quarantaine de sollicitations directes de la part des autorités. Soit deux fois plus que l’année précédente. L’été, lorsque les conditions climatiques se durcissent, que le soleil et le manque d’eau commencent à dessécher les parcelles, la nourriture pour les animaux détenus dans les prés disparait et leur état se dégrade rapidement.

Si l’abandon des animaux domestiques est décrié depuis de longues années, le sort des animaux de ferme est souvent ignoré. Pourtant, les congés estivaux frappent également les animaux dits de rente et les chevaux, qui peuvent être abandonnés à leur sort, sans nourriture, ni eau, ni ombre. Le refuge Les 3 Dindes, dédié aux animaux de ferme victimes de maltraitance, alerte sur ce phénomène trop souvent ignoré.

Les 3 Dindes est une ferme-refuge, créée en mars 2019, à l’initiative de Lisa, Isabelle et Nathalie. Toutes trois ont pour dénominateur commun l’amour des animaux et leur détermination. Situé dans le Tarn-et-Garonne (145 Chemin de Rossignol, 82130 L’Honor-de-Cos), le refuge accueille les animaux de ferme et équidés saisis pour maltraitance, divagation, abandon… Ils sont rescapés d’élevages clandestins ou issus de l’expérimentation animale. En plus de leur offrir un environnement sûr et confortable, l’association travaille activement à sensibiliser le public sur les problèmes de cruauté envers les animaux de ferme.

Quels animaux chez Les 3 Dindeshttps://www.les3dindes.org/animaux
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En seulement 5 ans d’existence, le refuge a recueilli près de 500 animaux, tous issus de sauvetages. Ses actions sont menées en collaboration étroite avec la Préfecture, les autorités sanitaires et judiciaires de chaque département. L’association souligne que “le Parquet Général de Toulouse est un allié de taille qui a développé une cellule spécialisée dans la lutte contre la maltraitance.”

Trois chèvres abandonnées qui faisaient des dégâts

Récemment, le refuge Les 3 Dindes est intervenu aux côtés d’une mairie du Lot-et-Garonne pour la prise en charge de trois chèvres divagantes. Retrouvées sur le toit d’une maison d’habitation, elles ont causé de nombreux dégâts matériels avant d’être accueillies par Les 3 Dindes. Contactée par la mairie (*), qui avait mené les démarches de recherche des propriétaires sans succès, l’association a été autorisée à recueillir les caprins, après avoir reçu un arrêté de placement définitif. Le refuge a sollicité la mairie pour la prise en charge des premiers frais de soins et administratifs.

“Nous sollicitons les mairies pour nous aider à assumer les coûts de ses animaux abandonnés. Cela participe à l’effort de prise en charge mais reste anecdotique vis-à-vis de l’engagement que nous avons dans la durée en tant que refuge. Pour exemple, une chèvre vit en moyenne 18 ans et coûte aux alentours de 600 € par an, sans maladies. Le coût de la charge du recueil de 3 chèvres est vite calculé” précise Lisa Fernandez.

Des propriétaires qui “n’ont pas conscience de l’engagement”

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Financé à 100% par des dons, des subventions, du sponsoring, du mécénat d’entreprise ou les formations et actions de team buildings qu’il propose, le refuge Les 3 Dindes tire la sonnette d’alarme sur la question des abandons d’animaux de ferme. En été plus que jamais, les animaux souffrent et les refuges sont pour beaucoup saturés. Pour Lisa Fernandez, cela vient très souvent d’un défaut de connaissance de la part des propriétaires, qui n’ont pas conscience de l’engagement que représente la possession d’un animal de ferme, ni des démarches obligatoires qui en découlent.

Pour faire un don : https://www.les3dindes.org/nous-soutenir

“Il est de notre devoir d’association dédiée à la protection animale d’alerter sur des situations inadmissibles (…) Certaines sont faites volontairement, et d’autres sont le résultat d’ignorance. Accueillir un animal nécessite de mesurer toute la responsabilité qui en découle, d’en prendre soin et cela ne s’arrête pas lors du départ en vacances. Nous dénonçons le manque de règlementation qui encadre l’acquisition et le suivi des animaux de ferme. Pour conséquence, chaque année nous constatons de trop nombreux décès dû à des abandons, car nous sommes alertés trop tard” explique la co-fondatrice du refuge Les 3 Dindes.

Philippe MOURET

Face aux nombreuses demandes de participation à la “formation initiale sur la détention et l’entretien des animaux de ferme et équidés”, Les 3 Dindes ouvrent une nouvelle session du 7 au 11 novembre 2024, celle de septembre étant déjà complète.
“Pour garantir la qualité de votre formation, le meilleur encadrement des ateliers pratiques et la disponibilité de vos formateurs, nous limitons le nombre de participants”, est-il précisé. Plus d’infos sur le site : https://www.les3dindes.org/

(*) Il revient aux mairies des communes sur lesquelles les animaux divaguent, de gérer ces situations. Le refuge Les 3 Dindes peut alors être un relai à leurs côtés, afin de les aider dans leurs démarches en vue du recueil des animaux signalés. Ce type de signalements représente autour de 40% des sollicitations annuelles reçues par le refuge et tend à s’accroitre au fur et à mesure que l’association se fait connaitre.

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