Agriculteurs : Les annonces de Gabriel Attal en Haute-Garonne peinent à convaincre

Des tracteurs sur les routes des Pyrénées-Orientales. Photo Coordination Rurale

Alors que la situation devient de plus en plus tendue à travers tout le pays, notamment avec l’incendie d’un bâtiment (vide) de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) à Narbonne en marge d’une manifestation, Gabriel Attal a annoncé “dix mesures de simplification.” Avec en particulier l’annulation de la hausse de la taxe sur le gazole non routier agricole (GNR) qui avait servi de déclencheur à l’embrasement du monde agricole…

“On va mettre l’agriculture au-dessus de tout”, a promis le Premier ministre en visite sur une exploitation de Montastruc-de-Salies, en Haute-Garonne. Son intervention acte donc l’annulation de la hausse de la taxe sur le GNR et fait la promesse de “faire respecter la loi EGalim partout” et de sanctionner lourdement les entreprises qui ne respectent pas les termes de cette loi devant protéger les agriculteurs dans leurs négociations avec la grande distribution.

C’était l’un des messages que la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, faisait passer dans une tribune à l’hebdomadaire Marianne le 23 janvier dernier : Il faut “des actes forts. J’en vois plusieurs. Et d’abord que le gouvernement fasse enfin respecter la loi EGalim foulée aux pieds par trop d’industriels et souvent la grande distribution. Qu’il déploie des moyens à la hauteur des enjeux de la transition et accompagne les exploitations dans un modèle durable et rémunérateur. Qu’il protège notre agriculture française et européenne de ces accords commerciaux internationaux qui la menacent…”

D’ailleurs, présente vendredi à Montastruc-de-Salies, Carole Delga a annoncé ce samedi 27 janvier qu’elle mettait en place “un comité régional de suivi des engagements du gouvernement.” Sur X (ex-txitter) elle précise : “Gabriel Attal a dit qu’il ne lâcherait pas les agriculteurs, auquel ces derniers ont répondu ‘Nous non plus’. Eh bien, fidèle aux miens, je dis à tous : je ne lâcherai rien ! La situation de nos agriculteurs, viticulteurs, pêcheurs d’Occitanie est trop grave, leur engagement trop sincère et honnête, pour que ces annonces ne soient pas suivies d’effets rapides.”

“La France s’opposera à la signature du traité Mercosur”

Gabriel Attal a également promis un “plan spécifique” pour la viticulture et le déblocage de 50 millions d’euros pour la filière bio, des sujets particulièrement sensibles en Occitanie, plus grand vignoble français et première région bio de France.

Les annonces du chef du gouvernement tienne en un mot : “simplification.” C’est en effet l’un des motifs de la colère des agriculteurs, de se heurter dans tous les domaines à une multiplication de normes et de contraintes administratives. Par ailleurs, “la France s’oppose à la signature du traité Mercosur” (zone économique d’Amérique du Sud) a assuré le premier Ministre. Ce traité est dénoncé par les agriculteurs français, pour le risque de concurrence déloyale de la part de produits sud-américains qui ne seraient pas soumis aux mêmes obligations notamment environnementales.

“Beaucoup de mesurettes” et une mobilisation qui va se poursuivre

S’il espérait mettre un terme à la colère qui agite le monde agricole depuis plus d’une semaine, pas sûr que Gabriel Attal ait réussi son pari. Ainsi pour Véronique Le Floch’ (présidente de la Coordination rurale de France, 2e syndicat agricole) ces mesures “ne sont pas suffisantes.” Luc Mesbah, secrétaire général de la FDSEA de Haute-Garonne interrogé par BFM.TV constate “beaucoup de mesurettes” alors qu’il “faut des modifications et des lois de fond”…” et il annonce des réunions à venir pour décider de la poursuite ou non du mouvement.

Selon la FNSEA, 72.000 agriculteurs étaient mobilisés ce vendredi 26 janvier, à travers 85 départements, et plus de 40.000 tracteurs participaient au mouvement sur les routes de France. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a d’ailleurs dit sur TF1 que la mobilisation allait se poursuivre. Tout comme Véronique Marchesseau de la Confédération paysanne.

Et sur France 3 vendredi soir, un agriculteur résumait sans doute assez bien la pensée d’une large majorité d’agriculteurs mobilisés : “C’est pas ça qui va nous arrêter, c’est vraiment trop peu. C’est un discours long, mais sans très grandes avancées. On a dit depuis le départ que si on n’avait pas ce qu’on voulait, on irait sur Paris. Je pense qu’on va y aller, il n’y a pas d’autres solutions.” C’est sans doute une des choses que Gabriel Attal souhaitait éviter !

Philippe MOURET

Les mesures annoncées :

  • Le délai d’un recours contre un projet lié à l’eau passera de 4 mois à 2 mois pour tous les agriculteurs,
  • Suppression d’un échelon de juridiction afin d’accélérer toutes les procédures en cas de recours contre les projets agricoles,
  • La création d’une présomption d’urgence pour qu’un juge décide d’un litige en moins de dix mois.
  • La simplification sur tout ce qui relève des curages, avec notamment la réduction de délai, de 9 à 2 mois, pour une demande de curage,
  • Le passage de l’Office français de la biodiversité (OFB) sous la tutelle du préfet. Objectif de ce changement majeur dans la manière dont l’administration travaille avec les agriculteurs : faire baisser la pression,
  • Instauration de réunions d’échanges entre le gouvernement, l’OFB et les syndicats agricoles d’ici au salon de l’Agriculture, prévu à compter du 24 février,
  • Le contrôle administratif unique pour les exploitants, une fois par an maximum,
    La simplification des règlementations sur les haies agricoles. Alors qu’il existait 14 réglementations, il n’y en aura désormais plus qu’une seule,
  • La fin de l’obligation légale de débroussaillement,
  • La mise en pause des réglementations sur les zones humides et tourbières.

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