Drague à hydrogène, quais électrifiés… : Sète, port modèle, passe à la grande vitesse écolo

Carole Delga au poste de pilotage de la drague Hydromer. Ph. Olivier SCHLAMA

(Avec vidéo). Ce mardi, journée exceptionnelle, à Sète où l’on a inauguré une drague unique à hydrogène à 30 M€, la Rolls dans ce secteur, symbole de la transformation vertueuse des ports de commerce languedociens avec inaugurations de l’électrification des quais, comme l’a expliqué Carole Delga, présidente de la Région, propriétaire des ports de Sète, la Nouvelle et Grau-du-Roi. Une plateforme ferroviaire, qui accueillera de 10 000 à 40 000 remorques de produits manufacturés, a aussi été inaugurée.

C’est la pierre de touche de la transition écologique des ports Languedociens. Si la drague Hydromer a déplacé le pluriel, à Sète, son port d’attache, lors de son inauguration par sa marraine, Carole Delga, ce matin, c’est bien parce que ce bâtiment est le symbole de la décarbonation. C’est même le premier projet complet concrétisé par la collectivité qui a lancé un plan hydrogène à 150 M€, dont 30 M€ rien que pour cet outil indispensable. Comme l’explique dans la vidéo ci-dessous la présidente de la Région, propriétaire du port de Sète où 600 M€ ont déjà été investis en 18 ans dont 180 M€ de la région, 130 M€ du port et 290 M€ d’opérateurs privés.

Une drague unique en Europe

Une inauguration en musique ! Ph. O.SC.

Hybride, cette drague, dont la mission est de désensabler les ports régionaux, Sète (6 millions de tonnes contre 3 millions de tonnes en 2007), bien sûr mais aussi Port-la-Nouvelle et la passe du Grau-du-Roi, est unique en Europe : elle fonctionnera principalement d’ici mi-juin prochain – en attente d’une homologation – à l’hydrogène vert, fourni par une unité de production à La-Nouvelle construite par la société Quair qui peut produire 3 000 tonnes d’hydrogène par an et entrant, elle, en fonction dans un mois via les toutes premières éoliennes flottantes qui produisent l’équivalent des besoins d’une population de 125 000 habitants. Et auxquelles elle est raccordée.

La drague pourra servir à d’autres missions

Cyrille Taioni, directeur de l’EPR qui gère la drague hydrogène. Ph. Olivier SCHLAMA

Directeur du nouvel établissement public régional (EPR), présidé par Sébastien Denaja, qui gère cette drague, Cyrille Taioni précise que “cet outil désensable des ports comme celui de Sète, profond de 8,60 mètres dans le bassin Colbert et jusqu’à 14,5 mètres. Les apports de sédiments sableux proviennent des coups de mer et vaseux de l’étang de Thau auquel il est connecté. Cette drague a une capacité de 1 500 m3 de stockage de sédiments qui sont relargués à deux miles des côtes. Nous menons régulièrement des analyses. » Il ajoute que la drague est davantage présente au port de la Nouvelle, les deux-tiers de l’année, parce qu’il s’ensable avec les apports de l’étang de Bages. A Sète, c’est plus souvent autour de l’épi Delon, à l’entrée du port de Sète.

“Le modèle d’exploitation de cette drague est rentable”

La marraine de la drague l’a inaugurée avec une bouteille de champagne comme de coutume, après le discours du père Gérard Frioux,

Cette drague, à propulsion électrique, construite à Concarneau mais dont la coque sort d’un chantier naval de Roumanie suivant les plans de l’architecte naval LMG, pourra aussi servir à la demande. Et elle a les moyens : elle peut agir jusqu’à 36 mètres de profondeur et bénéficie d’un faible tirant d’eau, de 1,90 mètres. L’EPR pourra répondre à des appels d’offres de villes côtières et “dans le bassin méditerranéen, hors de France“, a précisé Carole Delga. Comme réensabler des plages, si besoin, avec un outil placé à l’avant de la drague. “A bord, reprend Cyrille Taioni, nous pourrons stocker deux tonnes d’hydrogène. C’est un système tellement innovant que le processus d’homologation tarde. Promis il y a plusieurs mois déjà, il est freiné par une homologation un peu longue mais le système de sécurité est très performant. L’avantage de l’hydrogène, certes explosif, c’est que c’est un gaz ultraléger et une fuite se détecte très vite grâce à des capteurs, dit-il encore, affirmant que le modèle économique est rentable.”

Nous sommes la seule région française à avoir créer tout un écosystème autour de l’hydrogène à avoir été aidée par l’Europe pour cela”

Carole Delga

L’hydrogène vert qui servira à alimenter la drague, baptisée tradition oblige par le rigolo père Gérard Frioux ; remplira aussi les réservoirs d’une ligne de bus dédiés et pour chauffer de l’habitat collectif, en Occitanie, entre autres, dont Dis-Leur vous a parlé ICI. C’est donc brique après brique que l’hydrogène vert, déjà présent dans des bus ou des moyens de transports, fait son chemin. “Nous sommes la seule région française à avoir créer tout un écosystème autour de l’hydrogène à avoir été aidée par l’Europe pour cela”, a explicité Carole Delga.

Bus, trains Régiolis, chauffage, électrolyseurs…

Carole Delga, Sébastien Denaja et de nombreuses personnalités et élus ont participé à cette journée exceptionnelle à Sète. Ph. Olivier SCHLAMA

D’autres industriels croient à cette solution moins polluante – capable de faire économiser 25 % de ses émissions de CO2 à cette drague, “comme Arcelor Mittal qui a créé une unité à hydrogène avec des électrolyseurs à haute température produit à Béziers, chez Genvia, a précisé Carole Delga ; dans l’habitat, aussi, nous avons sur notre territoire une entreprise innovante dans ce secteur qui a levé 14 M€ dont le procédé permet d’adapter des chaudières pour l’habitat collectif ; enfin, Alsthom nous livrera dans un an des trains à hydrogène, les Régiolis ; des bus à hydrogène sont en voie de développement, notamment sur la longue distance. Pour les courtes distances, c’est déjà homologué et cela fonctionne notamment dans des villes comme Pau, Versailles, etc.” 

Electrification des quais à Sète

La drague à hydrogène. Ph. O.SC.

Cette drague n’est pas le seul outil au fonctionnement « vert ». L’électrification des quais du port de Sète dont Dis-Leur vous a parlé ICI qui “sera obligatoire en 2030, de quoi limiter les émission de gaz à effet de serre. Nous avons pris des années d’avance ». Autre brique, a été inauguré cet après-midi le terminal ferroviaire. De 10 000 à 40 000 remorques, remplies de produits manufacturés fabriqués en Turquie, qui embarquent sur des trains, à Sète, direction plusieurs pays d’Europe : c’est la promesse de cet outil performant dopé par une technologie innovante qui autorise des gains de productivité. La multimodalité devient une grande force du port de Sète-Frontignan. “Un atout considérable”, selon le président du port Philippe Malagola, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.

Parmi les personnalités présentes, Pierre-André Durand, préfet de Région nous a précisé son état d’esprit : « Cette drague est importante parce quelle participe des efforts bas carbone qui s’inscrit dans une démarche nationale de transition énergétique et de décarbonation des transports. Et de la planification écologique. L’ancienne drague était obsolète. La nouvelle fait économiser des émissions de gaz à effets de serre, améliorant la qualité de l’air à Sète. L’Etat a d’ailleurs mis 3,25 M€ dans cet outil, 27 M€ sont apportés par la région Occitanie, sous formes de prêts.”

Olivier SCHLAMA

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