8-Mars : Montauban met en “Lumières” la fascinante personnalité d’OIympe de Gouges

C’est le 8 mars –Journée internationale des droits des femmes– que seront lancées à Montauban (Tarn-et-Garonne), les Journées Olympe de Gouge. Elles se dérouleront jusqu’au 16 mars. Cette année, ces Journées proposent une édition particulièrement riche avec des conférences, expositions, spectacles, concerts, lectures, ateliers et autres rencontres faisant vivre l’héritage d’Olympe sur le thème de la liberté.

En préambule, il était idéal de découvrir “Olympe”, le monologue, incarné par Firmine Richard, et rédigé à partir des œuvres et de la correspondance de la plus célèbre des citoyennes montalbanaises, dressant un portrait sensible et intimiste de cette pionnière du féminisme. Mais il est trop tard, c’était le 27 février au En préambule néanmoins, ne manquez pas « Olympe », mardi 27 février, au Théâtre
Olympe de Gouges, le bien nommé.

Une voie lumineuse dans la mer obscure de l’indifférence et de la misogynie

Consolez vous, il y a encore bien des rendez-vous à venir (voir plus bas) autour d’un thème central : La Liberté. “À toutes celles qui vouent leur vie et leur œuvre aux droits de la femme et de la citoyenne, je dédie ces Journées Olympe de Gouges qui ouvrent une voie lumineuse dans la mer obscure de l’indifférence et de la misogynie que je vous invite à arpenter avec nous” souligne la maire de Montauban Brigitte Barèges, qui insiste : “Fondées sur les valeurs d’humanisme prônées par la plus célèbre des Montalbanaises, ces journées s’attachent, depuis près de vingt ans, à faire vivre l’intelligence du cœur contre la loi inique et la servitude du conformisme.”

Mais pour ceux qui l’ignoreraient encore, attardons nous un instant sur la personnalité exceptionnelle de cette femme née à Montauban le 7 mai 1748. Marie Gouze (dite Olympe de Gouges, NDLR) a été mariée à dix-sept ans contre son gré à un officier de bouche de l’intendant général de la province, qui la laisse veuve et mère d’un fils un an plus tard. EN 1770, elle “monte” à Paris et se lance dans le théâtre. Elle écrit de nombreuses pièces (une trentaine, dont la moitié aurait été jouée).

Sa “Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne”, texte fondateur du féminisme

Mais c’est la Révolution française qui va révéler un personnage exceptionnel. Comme le soulignait la tribune publiée dans Le Monde (le 7 janvier 2023) par collectif d’historiens, d’écrivains et d’élus réclamant sa panthéonisation : “Elle est la seule femme de la Révolution à avoir été guillotinée pour avoir publié des écrits politiques. Elle a montré aux femmes la voie de l’engagement dans une république moderne. Désormais considérée comme l’un des textes fondateurs du féminisme, sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne réclame, en 1791, l’accès des femmes à la pleine citoyenneté et les encourage à contribuer résolument à l’histoire en marche.”

Lire l’intégralité de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyennehttps://gallica.bnf.fr/essentiels/anthologie/declaration-droits-femme-citoyenne-0

Elle mêle le courage à l’engagement et dans son texte “Les trois urnes” elle s’en prends à Marat et Robespierre, condamnant la Terreur dont ils sont les architectes. Elle qui affirmait que “si une femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune” sera guillotinée le 3 novembre 1793.

Un programme riche, varié, inclusif et surtout talentueux

En ces temps de confusion des valeurs et des engagements, il est heureux que sa ville natale braque les projecteurs sur cette Occitane d’exception. Petite sélection de cette semaine dédiée à La Liberté !

Parmi les nouveautés cette année, l’entrée dans la programmation du Museum d’histoire naturelle Victor-Brun, qui propose une conférence, à l’Ancien collège, samedi 9 mars sur l’Effet Matilda. L’effet Matilda c’est le déni. La spoliation ou la minimisation récurrente et systématique de la contribution des femmes à la recherche scientifique, dont le travail est souvent attribué aux collègues masculins.

Ce même jour, au CGR-Le Paris, en présence de la cheffe d’orchestre toulousaine Sonia Ben-Santamaria, une projection-débat autour du film Divertimento soulignera le courage et la détermination de femmes qui ont voulu créer leur propre orchestre. En 2022, les femmes ne représentaient que 8% des chefs d’orchestre dans le monde…

Intenses moments en perspective avec En corps libres, un atelier mouvement et créativité réservé aux femmes, dimanche 10 mars. Deux heures de bienveillance avec son corps, sa créativité, en compagnie de l’artiste Aude Rosset.

Le musée Ingres Bourdelle accueille dimanche 10 mars à 11h et à 14h la pianofortiste Lucie de Saint-Vincent. Photo DR

Ce 10 mars, également, le musée Ingres Bourdelle accueillera, à 11h et à 14h (sur réservation) la pianofortiste Lucie de Saint-Vincent pour un concert exceptionnel qui transportera les spectateurs dans l’univers musical parisien des années 20. Avant le concert, le musée propose aux visiteurs de venir se retrouver autour d’un brunch au salon de thé Chez Madeleine, à partir de 10h !

“Entre fête dansante, gymnopédie, arabesques, jazz et improvisation mais aussi à travers des jardins luxuriants animés d’oiseaux tristes, d’impressions glacées et aquatiques, le public découvrira des paysages pleins de surprises, de nouvelles senteurs et de couleurs inédites…” Sur réservation : museeingresbourdelle.com

Jeudi 14 mars, retrouvez à La Mémo, une table ronde sur La place des femmes dans les médias, avec des intervenantes journalistes et docteure en littérature. L’occasion de constater que de nouvelles initiatives sont mises en place pour œuvrer à une juste représentation des femmes dans l’espace public médiatique.

Au café-théâtre l’espace VO propose ce même jour une soirée théâtre avec La robe. Une danse joyeuse et violente pour lesquelles deux comédiennes incarnent l’espoir… de s’évader ou non de prisons réelles ou symboliques.

Ces Journées 2024 seront clôturées par un spectacle au Théâtre Olympe de Gouges, samedi 16 mars : Contes à rebours, ou comment des personnages connus de l’enfance -Blanche neige, Cendrillon…- passent par diverses émotions. Les héroïnes, remettant leur propre histoire à l’endroit, proposent des pistes pour plus de justice et d’égalité.

Et tout au long des Journées, la Galerie de l’Arlequin présente Femmes illustres en super -héroïnes, Par Florian Mollet : D’Olympe de Gouges à Simone Veil, le regard décapant d’un dessinateur de Comics porté sur une dizaine de ces grandes figures féminines qui ont marqué l’Histoire, mais aussi sur les héroïnes invisibles : ces femmes qui assument la grandeur du quotidien bien loin des projecteurs de la renommée. Elles aussi font l’Histoire. Entrée libre du mardi au samedi de 14h à 19h.

Philippe MOURET

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