L’Etat n’avait sans doute pas de décision plus urgente à prendre que de porter un coup supplémentaire à la viticulture en imposant la disparition de la mention “Sud de France” sur les étiquettes. La Région Occitanie “regrette, avec les entreprises du territoire, cette décision qui intervient dans un contexte de crise et alors que, depuis près de vingt ans, cet étiquetage avait permis de rassembler et d’identifier l’ensemble des productions, avec des résultats probants.” (*)
C’est par une décision du 18 juillet 2023 que le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire avait décidé de mettre un terme à “l’usage de la mention de la marque régionale “Sud de France” pour l’étiquetage des vins produits en Occitanie et demandé une mise en conformité de l’étiquetage de ces vins à compter de la récolte 2025.”
Il n’a été tenu aucun compte des réalités économiques
Cette décision, contestée par plusieurs acteurs de la filière viticole régionale a cependant été confirmée en ce mois de décembre 2025 par le Conseil d’Etat, qui juge cette appellation “trop géographique pour être une simple mention libre et pas assez précisément délimitée pour devenir une dénomination géographique supérieure.” Une décision en contradiction avec l’avis du Rapporteur public, favorable à la requête des professionnels.
L’Union des entreprises viticoles méridionales (UEVM), la Fédération gardoise des vins à indication géographique protégée (FGV IGP), la Fédération héraultaise des vins et produits agro-alimentaires à indication géographique protégée (FH IGP) et la Fédération régionale des IGP Sud de France étaient à l’origine de la requête qui demandait d’annuler “pour excès de pouvoir la décision du ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire du 18 juillet 2023 par laquelle il a mis un terme à l’usage de la mention ” Sud de France ” pour l’étiquetage des vins.”
Tous regrettent cette décision qui intervient dans un contexte de crise, sans tenir compte de la réalité économique de ce secteur fragile. Seul l’étiquetage étant visé, il restera cependant possible de se placer sous la bannière “Sud de France” afin de conserver la visibilité internationale si durement acquise.
INFO : 93 millions de bouteilles arborent “Sud de France” sur leur étiquette chaque année.
“Nous redoublons d’énergie pour promouvoir nos vins”

Carole Delga, présidente de la Région Occitanie (propriétaire de la marque “Sud de France” depuis 2006), a réagi : “Il y a presque vingt ans, la Région présidée par Georges Frêche créait Sud de France pour défendre nos produits, nos terroirs, nos savoir-faire. Depuis, nous n’avons eu de cesse de poursuivre cette ambition : cette marque est devenue un repère, une force collective, un symbole de fierté. Son efficacité n’est plus à prouver : chaque seconde, 51 bouteilles de vin d’Occitanie sont vendues dans le monde.”
Elle poursuit : “Aujourd’hui, l’État et le Conseil d’État affirment que cette réussite serait non conforme. Je leur réponds que ce n’est pas en effaçant une étiquette qu’on efface une identité. Nous prenons acte de cette décision et la regrettons, même si, soyons clairs, elle ne nous surprend pas. Depuis deux ans, nous préparions cette éventualité : refonte visuelle, travail avec les interprofessions, outils de communication renforcés. Nous avons anticipé et construit un cap. Nous redoublons d’énergie pour promouvoir nos vins, car la viticulture est un pilier économique, culturel et social de l’Occitanie.”
Plus qu’une marque, “une ambition commune”
La présidente de la Région affirme “nous armons notre viticulture pour les défis climatiques et commerciaux à venir. Nous continuerons à défendre notre modèle, nos entreprises et nos emplois.” Et elle assure la profession (et au-delà) que “la Région sera toujours du côté de ceux qui produisent, innovent, investissent et font vivre nos territoires. “Sud de France” n’est pas seulement une marque : c’est une ambition commune. Et cette ambition, personne ne nous l’enlèvera. Je le dis clairement : “Sud de France” continuera d’exister, de se développer et de rassembler.”
La Région s’engage à maintenir et à développer la marque “Sud de France-L’Occitanie” dans les prochaines années, qui regroupe aujourd’hui plus de 16 000 produits agricoles, viticoles, agroalimentaires et de la mer, soit près de 2 200 producteurs et entreprises.
Philippe MOURET
(*) Première région viticole d’Europe, cinquième producteur mondial, la Région Occitanie a depuis plusieurs années “pris en compte les enjeux de la filière, en déployant et renforçant une véritable stratégie régionale d’appui à son développement et sa transformation.” Depuis 2016, plus de 10 M€ sont ainsi apportés chaque année aux acteurs viticoles. Après l’adoption en 2024 d’un contrat de filière viticole, qui prévoit une enveloppe complémentaire de 5 M€ dédiée à la filière jusqu’en 2026, “la Région continue de se mobiliser pour apporter des solutions concrètes aux viticulteurs et préparer l’avenir. Début octobre, les élus régionaux ont débloqué plus d’1 M€ pour accompagner le déploiement d’un Observatoire des marchés qui devrait être opérationnel d’ici début 2026.”
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