Tourisme : La recette régionale pour une rencontre réussie

Balade en amoureux à Lautrec (Tarn). Photo ©WALTER Pascale

La région Occitanie Pyrénées-Méditerranée fait partie des trois destinations privilégiées des Français, (après la Bretagne et au coude-à-coude avec PA.CA.) si l’on en croit l’enquête réalisée pour le Comité régional du tourisme (CRT). Il reste cependant des marges de progression avec les séjours hors-saison… Alors, comment accueillir plus de touristes, en évitant les pièges d’un tourisme de masse toujours plus décrié ?

C’est l’un de ces sujets que les journalistes appellent des “marronniers”. Ils reviennent régulièrement et mobilisent toutes les énergies pour agiter des idées convenues, déjà vues cent fois. En ce début d’été 2019, j’ai cité : Le tourisme de masse !  L’actualité : Il y a quelques jours, un immense paquebot de croisière pour riches touristes a été à deux doigts de défoncer un embarcadère près de la place Saint-Marc de Venise.

Un peu partout, barrages contre le flot touristique

Ces monstres des mers qui font parfois craindre le pire… Photo D.-R.

Ce n’est malheureusement pas une première. Cet incident relance le débat sur l’interdiction de faire venir dans les centres-villes des engins polluants qui déversent sur les quais une autre forme de pollution : le touriste. Des villes telles que Venise, donc, mais aussi Florence, Barcelone, Amsterdam… prennent des mesures sans équivoques;

Ainsi la “Sérinissime” va mettre en place une taxe (entre 2,50 et 10 € selon la saison) pour visiter Venise. Au-delà de la somme que cela pourrait rapporter (entre 40 et 50 millions d’euros) il s’agit bien, avant tout, de freiner la fréquentation de la cité (28 millions de visiteurs par an), devenue invivable. A Barcelone ou Amsterdam, ce sont notamment les locations AirBnB qui seront restreintes…

On est encore loin de telles extrémités en Occitanie. Mais lorsqu’on voit l’évolution des croisières dans un port tel que Sète (Hérault), passé de 20 000 passagers en 2015 à une prévision de 125 000 pour 2019, on peut s’interroger sur les nuisances à long terme pour l’environnement et la population autochtone. Même constat pour la Cité de Carcassonne, le site le plus visité de la région, avec plus de 2 millions de visiteurs par an. Et quelques soucis ici aussi…

Une manne économique non-négligeable

Conférence de presse du CRT à Montpellier. Juillet 2019… Photo Ph.-M.

Certes. Le tourisme peut sous certains aspects apparaître comme un fléau. On ne peut pourtant pas perdre de vue que le tourisme constitue la deuxième industrie régionale (après l’agriculture / agro-alimentaire) et représente 96 500 emplois (et 51 000 emplois saisonniers). Soit une manne de 15,9 milliards d’euros de consommation touristique (10,3% du PIB régional).

Face à ce problématiques, le Comité régional du tourisme (CRT) a pris le sujet à bras le corps et choisi ce que l’on pourrait définir comme une soft-stratégie. Mal-aimés, les touristes ? De plus en plus. Agaçants, parfois (*). Eh bien l’Occitanie entend renverser la vapeur et tendre la main aux vacanciers, avec une campagne fun sur les réseaux sociaux, usant du hashtag #OnAttendQueToi, couplée au nouveau concept d’Occitalité. Comprenez : « hospitalité et convivialité » liées au nom de la région.

#OnAttendQueToi ! une “soft-stratégie”

Le CRT  d’Occitanie a rendu public, à Montpellier, les chiffres, perspectives et stratégies liées au secteur clé du tourisme pour la région. Son constat premier : il faut absolument donner encore plus envie aux touristes parfois tant critiqués, de venir passer leurs vacances dans la région, que ce soit sur le littoral, ou dans l’arrière-pays. Et notamment en travaillant les “ailes de saison (entendez les périodes avant et après les mois d’été)

Virginie Rozière, présidente du CRT Occitanie. photo Ph.-M.

En plus d’inviter les habitants à poster leurs plus jolis clichés de bonheur occitan sur Instagram, avec le hashtag #OnNattendQueToi, le CRT a mis au point une brochure à destination des professionnels du secteur. Ils y sont invités à faire preuve d’Occitalité : prendre le temps d’accueillir le vacancier, avec le sourire. Parce que, a souligné la présidente du CRT, Virginie Rozière, « l’Occitalité est un vrai défi. C’est l’hospitalité et la convivialité ! »

Les atouts de la diversité pour que dure l’idylle

Pour cela, la région Occitanie et le CRT insistent sur la diversité de leurs atouts. La Région ne se résume pas à une bande littorale, certes fort prisée (40 millions de nuitées, 61% des dépenses des touristes français en Occitanie). Mais aussi un tourisme de montagne (randos pédestre et cycliste) qui se développe en été. Le thermalisme (22 stations thermales dont 20 dans le massif pyrénéen) avec 31% des parts du marché dans ce domaine. Sans oublier l’attarctivité des grandes villes (Toulouse, Montpellier…), les festivals et les 40 Grands sites d’Occitanie Sud de France, dont 8 sont classés au Patrimoine mondial de l’Unesco !

D’autres atouts ? L’oenotourisme, bien sur ! Quoi de plus naturel pour la première région viticole de France. Avec, entre autres, 18 appellations ayant obtenu le labal Vignobles et Découvertes, créé pour faciliter l’identification des destinations phare de l’oenotourisme en France… Enfin, cette année sera placée sous le signe du vélo, avec un tiers du Tour de France se déroulant dans la région ! Un beau coup de projecteur à l’occasion des 100 ans du Maillot Jaune. Allez, on les aime bien, quand même, les touristes en Occitanie ! Et le CRT agit pour que cette idylle estivale puisse durer… Toute l’année !

 

Philippe MOURET

(*) L’année dernière, dans le village cévenol de Saint-André-de-Valborgne, des touristes s’étaient plaints du bruit des cloches de l’église, alors qu’à Gajac, le coq du village irrite les touristes épuisés, réveillés dès potron minet par un volatile vocalisant.

Quelques chiffres :

  • Selon 3/4 des professionnels interrogés par le CRT, l’activité touristique devrait être « moyenne à bonne » pour juillet, principalement sur le littoral, après un mois de mai en demi-teinte mais un mois de juin en net progrès.
  • 2019 devrait être une année record pour les perspectives d’embauche, en Occitanie : 265 000 recrutements prévus (dont 50 000 saisonniers), soit 13,4 % de plus qu’en 2018. Reste que le recrutement n’est pas toujours facile…
  • L’Occitanie a enregistré 186 millions de nuitées touristiques en 2018.
  • La dépense moyenne des touristes français en Occitanie (par nuit et par adulte) est de 51€ (59€ pur la France), ce qui correspond à une destination “abordable”.
  • Le site touristique payant le plus visité, c’est le Pont du Gard avec 821 000 entrées payantes. Tandis que les dix aéroports de la région ont accueilli 13,5 millions de pssagers…
  • Enfin, ce sont plus de 1200 acteurs touristiques régionaux qui se sont engagés dans la démarche “progrés, qualité tourisme occitane Sud de France”.

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