Toulouse : “La qualité de vie au travail est le moteur d’attractivité dans l’entreprise”

Ph. Octave Pineau

La crise du covid a rebattu les cartes, révolutionnant le monde du travail, mettant en avant la qualité de vie dans l’entreprise. C’est le grand sujet du moment. Le point avec Eric Dejean Servières, créateur de Préventica qui se tient, au Meet de Toulouse du 19 au 21 septembre prochain.

Eric Dejean Servières est le créateur de Préventica. Propriété de la société Communica, créée il y a plus de 25 ans, c’est une “plate-forme de ressources en ligne”, destinée à sensibiliser les professionnels et le grand public à la qualité de vie et à la santé au travail. “Nous organisons deux temps forts, deux salons, dans l’année : l’un à Paris en mai, le second à l’automne”, qui se déroule du 19 au 21 septembre au Meet de Toulouse et devrait accueillir quelque 10 000 visiteurs. En 2024, le double événement sera organisé à Strasbourg en juin et à Lyon en octobre.

Quel est le but de Préventica, salon ouvert au public ?

C’est ouvert au public, oui. L’idée est de promouvoir les solutions de santé au travail et d’amélioration de ces conditions dans les entreprises. Au départ, il y avait une sorte de demande publique. Il y a 25 ans, on avait rencontré les dirigeants de l’Assurance maladie et du ministère du Travail qui nous avaient dit : il faut faire en sorte que les entreprises s’investissent davantage dans la prévention. Parce que si l’on fait de la prévention, on évite des accidents du travail ; on évite des maladies professionnelles, etc. Prévenir plutôt que guérir.

L’accident, c’est un cercle vicieux alors que la prévention c’est un cercle vertueux”

Dans tous les secteurs d’activité ?

Oui. Il s’agissait de regarder dans des secteurs plus ou moins accidentogènes. Et comment pouvait-on s’adresser aux acteurs de ces secteurs-là ? En faisant la liste des situations les plus à risques et en montrant comment on peut faire de la prévention. Ce qui est, certes, toujours un investissement à réaliser, en temps et en argent. Mais 1 € investi en prévention, c’est 3 € récoltés en efficacité, en performance, en rentabilité, etc.

Parce que si on laisse aller,  sans prévention, il y a X accidents ; ce qui signifie, au final, des situations sociales graves ; une perte de collaborateurs dans la boîte ; nécessité de recruter ou de faire appel à de l’intérim… C’est, aussi, perdre du temps à former des gens. L’accident, c’est un cercle vicieux alors que la prévention c’est un cercle vertueux. Et le thème de la qualité de vie au travail complète tout cela. On s’aperçoit que la qualité de vie au travail est carrément un moteur de fidélisation et d’attractivité dans l’entreprise.

Une boîte “moderne” est à l’écoute de ses salariés ?

La boîte qui fait attention à ses collaborateurs, qui fait de la communication interne, de la formation, qui donne du sens au travail ; qui essaie de mettre en place des méthodes de management à l’écoute, bienveillantes, sans être bien sûr des béni oui oui ; eh bien l’entreprise qui s’engage dans cette voie, elle va générer un climat social positif et donc des collaborateurs investis, des clients bien traités. Et, au final, une activité qui se développe. C’est soigner aussi la marque employeur. Comme c’est une période tendue en matière de recrutement – le marché de l’emploi est très dur – ce sont les candidats qui, en général, imposent leur vision. Dans tous les secteurs.

Une révolution du monde du travail

D’où de nécessaires nouvelles approches du travail ?

C’est ce que l’on met en avant chez Préventica. Depuis le covid, le rapport au travail a changé.

C’est-à-dire ?

Les attentes des collaborateurs ont changé. Aujourd’hui, les jeunes salariés dans la même lettre peuvent dire : je suis intéressé par votre business et quels sont vos horaires de travail… C’est une révolution du monde du travail. Le covid a cassé les lignes, a réveillé sans doute des tendances enfouies et qui sont ressorties fortement au gré de cette crise sanitaire. Le covid a “permis” aux gens de rester à la maison ; d’être dans le jardin ; de faire du sport ; de s’occuper des enfants et de réfléchir à son avenir professionnel. Les attentes sont très différentes. Ce n’est pas à regretter. C’est une réalité. Dans notre salon, plein de gens parlent de cette révolution.

“La qualité de vie au travail, on ne parle plus que de ça aujourd’hui”

Il y a des années, on parlait de comment prévenir les risques – dans le bâtiment, l’industrie, les machines dangereuses…- ensuite, ça a été dans le tertiaire : les risques liés aux écrans ; au transport de charges légères ; l’utilisation de la voiture ; ensuite, aussi, ça a été le tour de la fonction publique (qui a toujours été le parent pauvre de ces questions-là) avec de nouvelles lois et décrets. On s’est occupés des fonctionnaires d’Etat, de l’Education nationale, des collectivités locales… Enfin, est venu le temps de s’occuper de la QBT, la qualité de vie au travail ; on ne parle plus que de ça aujourd’hui.

La prévention n’est pas dans un train-train…

On aurait pu penser qu’au bout de 25 ans l’activité de Préventica aurait pu décliner. Eh bien non : il se trouve que l’on n’a jamais autant parlé de pénibilité, de prévention, de qualité de vie, de bien-être, de santé mentale, etc. Comme c’est le grand sujet du moment, on a plein de gens qui viennent en parler dans ce salon. Le plus intéressant, ce sont les retours d’expérience, notamment des DRH, directeurs de ressources humaines, par exemple.

Il y a pléthore d’acteurs compétents. À Toulouse, on aura le DRH de la ville de Tarbes ; la DRH du département de Haute-Garonne ; de celui de la société BUT, etc. Beaucoup de spécialistes écrivent des bouquins sur la santé au travail. Et la qualité de vie au travail. Par définition, on va chercher tous les auteurs, tous les conférenciers. On a une rubrique bouquins sur la plate-forme et toutes les semaines, nous présentons les bouquins qui sortent.

Certains acceptent de venir les présenter, comme Eric Chabot avec La Confiance, une quête de sens au travail. Il y a aussi un expert, ancien DRH, de stratégies et de relations sociales ; un autre a sorti un bouquin original, la QVT, En finir avec les Conneries… Plein de gens veulent venir chez nous sur ce sujet. Et puis, nous accueillons aussi toutes les organisations professionnelles de prévention comme la Carsat avec une douzaine de conférences chez nous ; il y aura des services de santé au travail, comme Prévaly. Ou le Conseil national des médecins.

Propos recueillis par Olivier SCHLAMA

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