En Occitanie, le conseil en évolution professionnelle (CEP) a permis à 15 000 personnes en 2022 de faire appel à des conseillers qualifiés pour changer de voie, évoluer dans son entreprise, faire valider son expérience ou créer sa propre boîte.
Il y a eu un avant et un après crise sanitaire. “Pour les salariés du privé, on ne recense pas davantage de demandes de reconversion mais ce qui les pousse majoritairement à se tourner vers nous, pour faire un bilan et à changer de métier, c’est qu’ils désirent de meilleures conditions de travail, une meilleure reconnaissance et avoir un meilleur salaire”, décrypte Marie Delon, directrice de projet CEP (conseil en évolution professionnelle) Occitanie. Ce service public, d’accès gratuit – l’engagement d’un rendez-vous est sous dix jours -, peu connu, a accompagné quelque 15 000 salariés et indépendants en 2022. Le CEP, c’est le Conseil en évolution professionnelle.
Les gens intéressés viennent en priorité du domaine de la santé et de l’action sociale
Marie Delon commente : “15 000 personnes (à 90 % en CDI et ayant au moins le bac à 67 %), cela paraît beaucoup mais ce n’est même pas 1 % du nombre de salariés en Occitanie” qui est, malgré tout, plutôt une région bonne élève en la matière, affichant “un taux de recours” légèrement au-dessus de la moyenne.
“Nous espérons, dans un futur proche, recevoir 20 % de personnes en plus.” De quel secteur d’activité viennent les gens d’Occitanie conseillés par le CEP qui sont à 62 % des femmes ? “Ils viennent en priorité du domaine de la santé et de l’action sociale (21 %) mais tous exclusivement du privé (cliniques, du domaine du handicap, de la prise en charge de la vieillesse, du secteur associatif en général mais pas de salarié du public comme les fonctionnaires hospitaliers).” Les salariés du commerce qui yont recours arrivent en deuxième position (12 %).
Pour 38 % des 15 000 personnes qui ont poussé la porte du CEP en 2022, née de l’onction publique en 2015, elles ont moins de 35 ans ; 35 % d’entre-elles ont entre 35 ans et 45 ans et 27 % ont plus de 45 ans. “Ce service est mis en oeuvre par des opérateurs privés qui ont répondu à un appel d’offres des pouvoirs publics. En Occitanie, c’est le réseau Eva que je représente pour les salariés et les indépendants.” Il est évidemment complémentaire de Pôle Emploi qui, lui, ne s’adresse qu’aux chômeurs ou des missions locales pour les moins de 25 ans.
Plus de la moitié cherchent à changer de métier
Les envies de reconversion motivent fortement la demande avec 54 % des demandes émanant à 76 % d’employés. “La moitié des gens qui viennent actuellement nous consulter (l’accompagnement dure en moyenne huit heures, parfois c’est moins et pour d’autres c’est davantage), confirme Marie Delon, c’est pour changer de métier. Ensuite, c’est très varié : de la création d’entreprise ; la VAE ; cela peut être aussi la volonté d’évoluer dans son entreprise, d’évoluer sans forcément changer d’entreprise.”
Elle complète : “Certains viennent juste pour faire un point sur leur vie professionnelle ; certains sont un peu perdus. Mais notre accompagnement ne remplace pas un bilan de compétences – payant – qui est de 20 heures environ. Et d’ailleurs, il nous arrive pour certains qui, par exemple, doivent parfois faire le deuil d’un métier, de faire justement un bilan de compétences pour leur ouvrir des pistes, des projets. Nous, nous accompagnons plus volontiers les gens qui ont déjà une idée de ce qu’elles veulent faire.”
C’est le seul organisme gratuit pour l’orientation et l’évolution professionnelle des salariés. Les conseillers sont payés grâce à un abondement des entreprises via un organisme d’État France Compétences. Il en existe pour des bilans de compétence mais c’est payant. “Le CEP est un service qui est très peu connu des salariés, présente Marie Delon qui fut psychologue scolaire.
Les technologies, les métiers évoluent… Les enjeux gouvernementaux également. Les compétences doivent elles aussi évoluer…”
Envie de changer de métier, d’évoluer dans sa propre entreprise, d’obtenir un diplôme, de créer sa propre boîte… “L’accompagnement est gratuit, confidentiel (il n’y aucun lien avec son entreprise). Tout se qui touche la sphère professionnelle du salarié.” Les entretiens avec les personnes intéressées se déroulent à distance ou de visu. “Comme on veut que cela reste un service de proximité, nous proposons aussi des permanences (une centaine de lieux) avec des sites principaux dans les grandes villes et qui sont même ouverts le samedi et le soir après les traditionnels horaires de bureau.”
Le monde du travail conduira sans doute de plus en plus à changer de métier plusieurs fois dans sa vie. “Les technologies, les métiers évoluent… Les enjeux gouvernementaux également. Les compétences doivent elles aussi évoluer, opine Marie Delon. Les entreprises ont certes un rôle à joueur mais aussi les salariés au niveau individuel en s’emparant des outils qui sont à leur disposition”. Et qu’ils connaissent par trop mal. Le CEP est financé par les entreprises. Pour autant, c’est un service pour les salariés dont certains ne sont pas forcément bien dans leur poste.
Des métiers qui émergent, se transforment…
Il y a aussi les embûches de plus en plus présentes dans le monde du travail ; des conditions de travail, les burnout, des cadres toxiques… “La mobilisation du service CEP par les actifs ne cesse de croître, stimulée par les transformations dans certains secteurs d’activité, l’émergence de nouveaux métiers ou encore le désir de prendre en main son propre avenir professionnel.” Les demandes des bénéficiaires sont variables : changer de métier, créer ou reprendre une entreprise, évoluer dans son entreprise, se former pour développer ses compétences, entreprendre une démarche de validation des acquis de l’expérience (VAE), trouver un nouvel emploi, utiliser son CPF congé personnel de formation)…
“Rendez-vous gratuits avec des experts comptables, des consulaires spécialisés dans la création…”
Quel est le niveau de compétence des conseillers CEP ? “Ils ont tous un niveau minimum de diplôme et d’expérience. C’est pour cela que nous avons remporté cet appel d’offres qui réclamaient des critères précis de compétence. Les recrutements de ces conseillers sont très rigoureux. On doit faire habiliter leurs CV avant de les faire démarrer. Ils ont un niveau d’expertise plus ou moins élevé mais leur rôle est avant tout d’orienter justement vers des professionnels expérimentés. Prenons l’exemple de la création d’entreprise, on va travailler avec le dispositif Business Story qui permet aux porteurs de projets de bénéficier de rendez-vous gratuits avec des experts comptables, avec les consulaires spécialisés dans la création ; on va faire aussi le lien avec des experts dans tel ou tel domaine. Le CEP est finalement un fil rouge mais ne va pas toujours accompagner lui-même en profondeur.”
Le CEP à contacter au 09 72 01 02 03
Grâce à un accompagnement de qualité (94 % des bénéficiaires se disent satisfaits du service), les demandeurs sont amenés à explorer les pistes et les nombreux dispositifs existant pour les salariés pour se former, changer de métier, créer une entreprise… “Seulement la moitié des salariés ont connaissance de l’existence du service CEP… Alors qu’ils sont plus de deux salariés sur trois envisagent une évolution professionnelle sur les deux prochaines années.” (1)
En Occitanie, le service CEP est présent dans 62 villes avec plus de 100 sites d’accueil où l’on peut rencontrer sur rendez-vous l’un des 151 conseillers de la région
Rendez-vous sur moncep.org ou contactez-nous au 09 72 01 02 03 (numéro non surtaxé) ! Depuis 2020, le conseil en évolution professionnelle à destination des actifs occupés est financé par France compétences et déployé par un opérateur régional désigné suite à un appel d’offres. En Occitanie, le service est assuré par le réseau EVA composé des CIBC, des chambres de métiers et de l’artisanat, de commerce et d’industrie et d’agriculture.
Olivier SCHLAMA
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(1) Étude IFOP pour le réseau EVA Occitanie (2022)
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