Ovni Languedoc est une association avec une éthique : les faits rien que les faits. Ce ne sont pas des hurluberlus. Thierry Gaulin, qui organise son congrès le 5 octobre, à Pérols, explique que l’Occitanie est l’une des régions où il y a le plus de phénomènes déclarés, “essentiellement des formes lumineuses”, dont plus de la moitié ne trouvent pas d’explication logique. Deux témoins, dans l’Aude et le Gard, de ces “rencontres” en sont bouleversés.
Il n’a toujours pas vu une seule lumière étrange, celle qui laisse sans voix, mais… aimerait bien ! Curiosité intacte, Thierry Gaulin est prof d’histoire-géo. Il aurait pu être enquêteur de police. Jadis embarqué dans l’armée, c’est, en tout cas, cette rigueur qu’il met à l’oeuvre, année après année, pour traquer la vérité à propos des objets volants non identifiés. Il préside de Ovni Languedoc-Roussillon, créée il y a 21 ans, qui organise son 14e congrès annuel (1).
“Les gens osent davantage s’y intéresser ou en parler…”
L’association, qui n’est pas faite pour les hurluberlus, se démarque par sa volonté d’enquêter “sur les faits que sur les faits”. Il dit : “De plus en plus de gens se passionnent pour le phénomène ovni. Pourquoi ? Le traitement du sujet est moins souvent orienté vers le ridicule, donc les gens osent davantage s’y intéresser ou au moins en parler…” Avec des adhérents dont le parcours professionnel porte à la crédibilité : “Dans nos rangs nous avons d’anciens militaires et gendarmes à la retraite ou en activité, des scientifiques…”
“La Marine a commencé par démentir puis a fini par reconnaître ce phénomène inexpliqué”
Écartons les méprises courantes de témoins abondants qui confondent présence très visible dans le ciel étoilé d’été de StarLink, chapelet de satellites d’Eon Musk avec des ovnis dont l’intérêt du public ne s’est jamais démenti depuis des lustres. “De plus en plus de gens se passionnent pour ce phénomène”, redit-il. Les vidéos qui ont, par exemple, fuité il y a quelques semaines issues de la Marine US, dont les F16 ont filmé, en les coursant, en vain, des objets qu’ils n’ont n’ont pas pu identifier, ont même contribué à le renforcer… “La Marine a commencé par démentir puis a fini par reconnaître ce phénomène inexpliqué”, explique Thierry Gaulin. De quoi exhausser le mystère et l’hypothèse avancée par certains d’une présence inexpliquée d’extra-terrestres.
“Il y a une attente de réponses qu’on ne pourra certainement pas apporter. Mais on est à leur écoute”
Ce que l’on rapporte le plus aux dix enquêteurs de Ovni Languedoc, “ce sont essentiellement des formes lumineuses ; nous avons aussi un ou deux cas de “triangles” ; et en ce moment moins qu’il y a quelques années de rencontres dites du “troisième type” – observation d’une entité supposé extra-terrestre – et encore moins “d’enlèvement” par une entité. Ce sont des cas extraordinairement complexes à enquêter. Et, parfois, ça touche à la psychologie. Il y a une différence entre quelqu’un qui va dire avoir vu des lumières dans le ciel sans savoir ce que c’est et quelqu’un d’autre qui affirme avoir été enlevé par des extra-terrestres. Il y a une attente de réponses qu’on ne pourra certainement pas apporter. Mais on est à leur écoute. Et ça aide aussi.” Il y a aussi des cas “extrêmement étranges” qui dérangent. Qui ont parfois à voir avec le vécu traumatique d’une personne.
Marc : des rencontres avec des ovnis tous les 20 ans
Pour ces rencontres ou ces enlèvements supposés, thème central du congrès de l’association cette année (1), “nous n’avons pas pu démontrer que les témoins avaient ou non raison dans leur récit. Pourtant, et hormis dans un cas, dans le Gard, où le témoin était aux confins de la psychologie, tous les autres témoins, parfaitement crédibles”, “logiques”, “censé” ; occupant des emplois comme tout-un-chacun. Les canulars sont finalement assez rares”, résume Thierry Gaulin.
Pour Marc Brisset, la rencontre avec des ovnis a jalonné sa vie à quatre reprises, “presque tous les 20 ans depuis 1974”, ce qui en fait presque un running-gag. Toujours inexpliqués. Dans sa famille “on ne me croit pas beaucoup”, dit-il. Lui en est tellement marqué qu’il en est prolixe. Marc Brisset, enquêteur aux Impôts puis affecté aux Douanes, a “un sens aiguisé de l’observation”, revendique-t-il.
“Il flottait sans bruit, lentement, au-dessus de vieux grands arbres d’une forêt”
Tout commence, pour lui, en 1974 sur une petite route de campagne. “Cette expérience, c’est quelque chose auquel on ne s’attend pas ! Je ne croyais pas du tout à ce genre de phénomène. Je ne sais pas si j’étais marqué sur un quelconque Grand Livre. Mais le fait est que je revenais de chez un indic dans la Sarthe. J’étais au volant de ma voiture neuve, une Datsun, avec ma première femme et mes enfants quand la voiture s’est arrêtée net en pleine côte.” Là, lui est apparu un “tube, une forme de cigare de 20 mètres de long, avec trois hublots couleur rouge sang (…) Il flottait sans bruit, lentement, au-dessus de vieux grands arbres d’une forêt. Puis, l’objet a fusé, sans que rien ne bouge autour. Il était à moins de 100 mètres de moi. Il y avait un silence de mort. Ma femme a hurlé, mes enfants ont pleuré…” La voiture a alors accepté de démarrer. C’était le moment de se carapater.
2004, rebelote. Cette fois, dans l’Aude. Un ovni, ressemblant à “une assiette verticale, légèrement concave” de quatre à cinq mètres de diamètre mais pas plus épais qu’une main”, tombe sous le regard de Marc Brisset, un événement dont il a laissé trace à la gendarmerie de Sigean. “Il était juste au-dessus de vignes, à 50 centimètres du sol, sans bouger. J’en ai été paralysé…”
150 faits ont été rapportés à l’association en 2023
Les troisième et quatrième rencontres avec des objets indéterminés se sont déroulées en juillet dernier. “Lumières”, “points lumineux.” Le phénomène s’évanouit ensuite vers la Méditerranée ; mais un “deuxième objet identique avec deux grosses lumières blanches, passe au-dessus de ma maison direction les falaises de Leucate à une vitesse stupéfiante ; ça n’a duré que deux ou trois secondes.” Il cite, entre autres détails, “comme une voile de kite-surf”. La scène se répète une troisième fois. Il saisit des jumelles et a la présence d’esprit de tenter de prendre des photos avec son portable. De piètre qualité, “on n’y voit qu’un point blanc…”
Quelque 150 faits ont ainsi été rapportés à l’association en 2023, dont 115 ont donné lieu à une enquête sur le terrain par ses bénévoles ; pour les autres faits, souvent anciens, “nous n’avons recueilli que des témoignages”. Pour 46 % de ces faits enquêtés, l’association apporte une explication cohérente : méprise avec la présence lumineuse, présence d’une planète dans le ciel, comme Vénus ; ballons sonde ; satellites ; trainées d’avion, etc.
“Le phénomène ovni existe” même si, parfois, on ne le comprend pas”
A contrario, pour 54 % de ces 115 faits enquêtés,“on n’a pas la solution”. Et là, ‘est la porte ouverte à toutes les interprétations. Thierry Gaulin ne donnera pas son intime conviction. Il se borne juste à dire que “le phénomène ovni existe” même si, parfois, on ne le comprend pas”. Croit-il aux extra-terrestres ? “La croyance, chez nous, est de l’ordre du privé. Je crois en dieu. Mais, à l’association, nous ne nous travaillons que sur les faits. Ceci étant, j’adorerais que des extra-terrestres se posent place de la Comédie en pleine après-midi… !”
À chaque rencontre avec un ovni supposé, Sonia se sent “attirée ; un jour j’ai même été comme propulsée dehors de ma maison”
La Gardoise Sonia témoigne, elle, anonymement, de ses “quatre expériences majeures” ponctuées d’autres moins importantes, histoire “de ne pas être importunée par des gens bizarres”, “affabulateurs” et autres “gens pas très bien dans leur tête”… “Moi, ce que j’ai vécu, c’est sérieux.” Sa vie entière en a été bouleversée. “J’en suis traumatisée”, qualifie-t-elle. A chaque rencontre avec un ovni supposé, “elle se sent attirée ; un jour j’ai même été comme propulsée dehors de ma maison” vers l’engin, comme si sa volonté n’existait plus. “Attirée, oui mais pourquoi ? Je suis incapable de l’expliquer. Si je crois aux ovnis ? Mais j’ai vécu cette expérience si troublante ! Je ne sais pas si ce sont des expériences ou la présence d’extra-terrestres mais je l’ai vécu.”
“Un objet lumineux comme une soucoupe métallique argentée…”
Tout commence, pour Sonia le 26 août 1994, dans les Bouches-du-Rhône. Elle a 14 ans. Il est minuit. Les volets de sa chambre où elle dort à point fermés, ont été ôtés pour que son père les ponce. Elle sort inexplicablement de son sommeil pour se positionner devant sa fenêtre. Là, se positionne “un objet lumineux comme une soucoupe métallique argentée ; avec trois lumières sur le côté formant un triangle orange. Et au milieu, une autre lumière, rouge. Avant de pouvoir appeler qui que ce soit, je me suis retrouvée paralysée, affirme la jeune femme.
“Une chaleur dans tout le corps (…) Des larmes ont coulé…”
Elle a éprouvé “une chaleur dans tout le corps. Cela a duré une éternité mais sans doute que ce n’était que quelques secondes. Des larmes ont coulé. J’ai eu très peur. En panique, je me suis dis que j’allais être bientôt qu’un tas de cendres… L’ovni reprend ensuite sa route, doucement. Moi, le suis libérée de cette paralysie.” Le lendemain, c’est le même objet qui “joue à cache-cache avec deux petits nuages”, curieusement présents “alors que tout le reste du ciel est dégagé, l’objet avait la couleur des étoiles”. Elle décrit avec force détails comme les faits, comme un présent permanent. “Il y avait comme de l’électricité dans l’air et une boule orangée incandescente”, rapporte-t-elle.
Ce n’est pas tout. Sonia est, à nouveau, mise en présence d’ovni jusqu’en 2016. A Alès (Gard) à la mi-juillet, elle aurait vu dans le ciel un “cylindre ressemblant à un mini bus dans le ciel avec des volets métalliques et deux personnes au hublot, un homme et une femme assis. J’en suis restée scotchée…!” Ensuite, en octobre de la même année, en compagnie de son frère, dont “le camescope se met inexplicablement en rade alors qu’un nouvel ovni, un cylindre avec un halo lumineux bleuté se montre à eux. Il a disparu au bout de quelques instants à une vitesse incroyable”.
“D’après le Geipan de Toulouse, l’Occitanie serait la 4e région de France en terme de fait rapportés”
L’Occitanie est-elle une région générant beaucoup de phénomènes inexpliqués ? Il s’y trouve, certes, le fameux pic de Bugarach, dans l’Aude, dont il a été tiré une série TV, par exemple, et on aime croire. Thierry Gaulin, président de Ovni Languedoc, avance : “On a beaucoup de cas. C’est une région où il fait souvent beau ; où l’on vit plutôt dehors, avec un ciel souvent clair. Même en hiver, on peut parfois manger dehors et on peut avoir le regard porté vers le ciel. D’après le Geipan de Toulouse, l’Occitanie serait la 4e région de France en terme de fait rapportés.” Mais seulement une minorité interroge auprès de l’association. “Le nombre de gens qui ne nous contactent pas, c’est très difficile à savoir”, analyse-t-il.
“Créature humanoïde qui glissait sur le sol avec des phénomènes lumineux dans le ciel”
Quel est le phénomène qui l’a le plus étonné ? “L’observation qui nous a été rapportée d’où l’on voit Bugarach, justement c’est une famille qui a observé, dit-elle, durant une heure et demie une créature humanoïde qui glissait sur le sol avec des phénomènes lumineux dans le ciel. Une heure et demie comme cela. Une famille éloignée de tout dont le premier voisin habite à des kilomètres. Et, pendant tout ce temps, ils ne préviennent pas la gendarmerie ; ne prennent pas de photos. C’est étrange. Ils ont observé et sont partis ensuite se coucher !”
Le cas unique de l’incident de Manices
Les faits les plus solides que Thierry Gaulin a eu à connaître ? Il cite spontanément “l’incident de Manices”, près de Valence, en Espagne, le 11 novembre 1979. Où un pilote d’avion commercial a été contraint d’atterrir d’urgence à cause d’un ovni. “On a à la fois des traces radar, des témoignages de pilotes civils, de pilotes de chasse. En tout, il y a 45 témoignages fiables, dont des contrôleurs ariens, qui ne sont des garagistes de chez Renault. Il y eut une enquête de 150 pages d’un juge de l’armée de l’air espagnole… Un phénomène météo a été écarté et un mirage F1 a même essayé, en vain, d’engager une poursuite dans trois directions pour tenter de suivre l’un après l’autre trois ovnis différents. Le même phénomène s’est reproduit les nuits suivantes. Le F1 volait à plus de mag 2 (2 200 km/h) et n’a pas pu les rattraper. C’est un cas unique.”
Méthode d’enquête éprouvée
Prof d’histoire-géo, Thierry Gaulin était auparavant dans l’infanterie marine. Comment en arrive-t-il aux ovnis ? “Je me suis inscrit à la fac à Bordeaux et à la librairie où j’étais allé, un livre sur les ovnis m’a accroché. J’ai ensuite adhéré à une association avant de fonder Ovni Languedoc en 2003.” Comment se déroule une enquête ? “Nous faisons en premier lieu remplir une fiche au témoin pour savoir si l’on doit aller plus loin ; si c’est le cas, je nomme un binôme avec une méthodologie éprouvée, celle du Geipan de Toulouse, pour lequel j’ai d’ailleurs été enquêteur. On suit un questionnaire-type de 44 questions. Elles doivent être neutres, sans comporter la réponse. Ensuite, il peut y avoir un premier entretien d’une heure et demie ou deux heures. Et, enfin, on peut se rendre sur le terrain, là où l’observation a été faite. On entre en contact avec la gendarmerie, y compris celle d’aéroports. Souvent, on va voir le ou les témoin(s) pour recueillir des précisions. On dégage un rapport préliminaire qui se dirige, ou pas, vers une explication du phénomène.”
Le plus intéressant, c’est quand on n’arrive pas à conclure sur la nature du phénomène ovni. C’est la preuve qu’il y a quelque chose que l’on ne peut pas expliquer mais que l’on pourra peut-être expliquer dans quelques années”
La durée de l’enquête est variable. “Cela peut se terminer très vite ou durer des années. Certaines enquêtes, je les mets dans mes bouquins ; pour d’autres, elles sont mises en commun avec les membres de l’association. On s’en sert pour les congrès. Le plus intéressant, c’est quand on n’arrive pas à conclure sur la nature du phénomène ovni. C’est la preuve qu’il y a quelque chose que l’on ne peut pas expliquer mais que l’on pourra peut-être expliquer dans quelques années. Comme l’existence de la foudre en boule. Qui nous a permis de revenir sur des cas antérieurs inexpliqués, notamment dans la région d’Argelès, dans les P.-O. Ils s’expliquent aujourd’hui à la lumière de ces nouvelles connaissances.” Leurs relations avec les autorités sont très bonnes. “La gendarmerie nous ouvre régulièrement ses portes ; on ne donne pas les coordonnées de témoins mais on échange. On a un certain crédit.”
L’Occitanie est une des régions de France où l’on observe le plus de phénomènes “ufologiques.” Quelque 360 “ovnis” observés dans le ciel occitan depuis les années 70 ! Ce n’est donc pas sans raison que le CNES Toulouse abrite le Geipan : Groupe d’étude et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés.
Pour le Geipan, 3,3 % des observations demeurent des phénomènes inexplicables. Le Geipan est encadré par un comité de pilotage présidé par une personne reconnue du monde aérospatial et composé de représentants des autorités civiles et militaires du pays (Gendarmerie nationale, Aviation civile, Météo, Armée de l’air, Recherche scientifique) et du CNES. Ce comité a pour mission d’analyser les résultats du Geipan et de faire des recommandations au CNES sur ses orientations.
Olivier SCHLAMA
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Le thème de ce 14e congrès, à la salle Yves-Abric, à Pérols, près de Montpellier, c’est “rencontres rapprochées” avec de supposées entités entra-terrestres. 6 € la journée, 10 € les deux journées de congrès.
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