Santé : Depuis Toulouse, l’espoir d’un vaccin contre l’asthme allergique

L'asthme allergique touche quatre millions de Français. Photo d'illustration.

Les études de scientifiques de l’université Paul-Sabatier, à Toulouse, de l’Inserm Paris et du CNRS ont mis en évidence une réponse positive chez la souris ouvrant la voie à de possibles essais cliniques chez l’homme. Un espoir pour quatre millions d’asthmatiques en France qui souffrent de cette maladie chronique et jusque-là incurable.

Alors que le regretté Marcel Amont louait le mistral, vent le plus fol Et le plus magistral De la bande à Éole, un vent d’optimisme souffle sur les quatre millions d’asthmatiques – recensés – du pays et les 340 millions de malades dans le monde – sans oublier les trop nombreux qui s’ignorent – : un vaccin contre l’asthme allergique, cette terrible maladie qui fut un sacré handicap pour ceux qui avaient chopé le covid.

Pour lutter contre l’asthme allergique (la moitié des cas, environ), des scientifiques de l’Inserm, du CNRS et de l’université Toulouse III-Paul Sabatier au sein du laboratoire Infinity 1, de l’Institut Pasteur et de l’entreprise française Neovacs, développent et testent un nouveau vaccin.

Vaccin efficace pour produire des anticorps

Dans leur dernière étude, ces équipes ont montré que ce vaccin était efficace pour produire des anticorps capables de neutraliser des protéines immunitaires humaines clés dans le déclenchement de l’asthme allergique, les cytokines IL-4 et IL-13. “Les résultats, publiés dans la revue Allergy, ouvrent la voie à l’organisation d’un essai clinique”, indique un communiqué du CNRS.

Hyperactivité des voies respiratoires

L’asthme allergique, c’est une inflammation des bronches et une gêne respiratoire provoquée par l’inhalation d’allergènes, le plus souvent des acariens. Cette “rencontre” déclenche une surproduction d’anticorps appelés immunoglobulines E (IgE) et de protéines appelées cytokines de type 2 (en particulier les interleukines IL-4 et IL-13) dans les voies aériennes. Ce phénomène entraine une cascade de réactions aboutissant à une hyperréactivité des voies respiratoires, une surproduction de mucus et une éosinophilie (un taux trop élevé de globules blancs appelés éosinophiles dans les voies aériennes).

Traitements actuels onéreux et parfois contraignants

Il y a bien des médicaments et des traitements, notamment les corticoïdes inhalés sont les médicaments de référence pour contrôler l’asthme. Cependant, dans le cas d’asthme allergique sévère, ce traitement ne suffit pas toujours. “Il faut alors avoir recours à des traitements par anticorps monoclonaux thérapeutiques ciblant justement les IgE ou les voies IL-4 et IL-13. Or ces médicaments sont très onéreux et contraignent les patients à effectuer des injections pendant des années, voire tout au long de leur vie.” Et surtout pas de guérison en vue.

Depuis plusieurs années, le directeur de recherche Inserm Laurent Reber – resté injoignable – et ses collègues au sein du laboratoire toulousain Infinity, avec d’autres scientifiques travaillent au développement d’un vaccin afin d’ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques.

Un vaccin efficace contre les cytokines humaines

“Dans une précédente étude, dit encore le communiqué, ils avaient montré l’efficacité chez la souris d’un vaccin conjugué appelé Kinoïde (1). Les résultats suggéraient que ce vaccin induisait une production durable d’anticorps dirigés spécifiquement contre les l’IL-4 et l’IL-13 murines, ainsi qu’une réduction des symptômes de l’asthme allergique chez les animaux.”

Des données encourageantes et qui suscitent l’espoir de possibles essais cliniques chez l’homme. Auparavant, il était nécessaire de développer un vaccin capable de neutraliser également les cytokines IL-4 et IL-13 humaines. “Afin de pouvoir tester l’efficacité de ce nouveau vaccin, les scientifiques ont eu recours cette fois à un modèle d’asthme allergique aux acariens chez des souris “humanisées”, dont les gènes codant pour les cytokines IL-4 et IL-13 murines ont été remplacés par les gènes humains respectifs. Là encore, les résultats sont prometteurs : la vaccination a induit une réponse anticorps.”

Une réponse anticorps importante chez la souris

Là encore les résultats sont prometteurs : la vaccination induit une réponse anticorps importante jusqu’à plus de trois mois après l’injection et un “effet important a été observé”, celui de la diminution de la réponse allergique chez les animaux participant à l’expérience.

Une vaccination contre l’asthme allergique représente un espoir de traitement à long terme de cette maladie chronique, et au-delà, une perspective de réduction des symptômes d’allergie liés à d’autres facteurs, puisque ce vaccin cible des molécules impliquées dans différentes allergies”, souligne Pierre Bruhns, responsable de l’unité anticorps en thérapie et pathologie à l’Institut Pasteur. Des études précliniques en cours dans les laboratoires des différents partenaires visent à démontrer que ce vaccin peut également induire une réponse protectrice contre ces allergies majeures.

En plus de l’asthme allergique, des scientifiques mènent, parallèlement, des études pré-cliniques pour savoir ce vaccin serait efficace pour lutter contre d’autres pathologies allergiques : la dermatite atopique ou l’allergie alimentaire. Des allergies majeures qui touchent une bonne partie de la population.

Olivier SCHLAMA

  • (1) Un vaccin conjugué est un vaccin contenant un antigène associé à une protéine pour augmenter son efficacité.