“En Occitanie, nous avons choisi d’agir, en prenant des engagements forts (…) en créant notre groupement Ma Santé, ma Région qui a permis de recruter 100 médecins et à terme 200, d’ici la fin du mandat. Et aussi d’ouvrir 22 Centres de Santé de Ma Région partout sur le territoire”, explique Carole Delga. Ce mercredi 9 avril, elle a détaillé le dispositif régional pour faire face aux déserts médicaux, qui a inspiré le projet de loi transpartisane porté par le PS Guillaume Garot, présent à ses côtés.
“Alors que le nombre de médecins baisse fortement, l’accès aux soins pour tous et partout sur le territoire est plus que jamais au cœur des préoccupations des Français. Beaucoup de praticiens arrivent aujourd’hui à l’âge de la retraite et les nouvelles générations ne compensent pas ces départs… Pour les patients, ceci se traduit par des difficultés croissantes à trouver un médecin traitant. Ceux qui en disposent voient les délais d’attente s’allonger pour obtenir un rendez-vous et les consultations sans rendez-vous sont parfois difficiles à obtenir.” Tel est le constat du ministère de la Santé (L’accès territorial aux soins).
Six jours ! C’est le délai moyen pour obtenir un rendez-vous chez un médecin généraliste. Dans les territoires ruraux et quartiers prioritaires, ce délai peut aujourd’hui dépasser les 30 jours. Cette difficulté pour consulter un médecin entraîne une réelle inquiétude de la part des Français.
Mieux répartir les professionnels à travers l’Hexagone
C’est ce que souligne la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga : “Quand on interroge la population, il y a deux sujets qui reviennent sans cesse : le pouvoir d’achat et les rendez-vous chez le médecin. C’est cette évidence qui nous a conduits à agir pour préparer l’avenir, en formant les soignants de demain” et en organisant l’accueil partout où c’est nécessaire avec “des réponses très concrètes.”
“Bien que cela soit en dehors des compétences régionales, j’ai choisi de mobiliser la Région en recrutant et salariant des médecins, en ouvrant des centres de santé, en accompagnant les hôpitaux, tout en continuant à former les professionnels de
santé. C’est également pourquoi je soutiens l’initiative de Guillaume Garot et des nombreux parlementaires associés. Car cette proposition de loi est avant tout un projet de bon sens collectif, un projet utile pour nos habitants”, explique-t-elle.

En effet, la proposition de loi visant à lutter contre les déserts médicaux est le fruit d’un groupe de travail transpartisan créé en juillet 2022. Le texte est aujourd’hui soutenu par 255 députés de tous bords politiques, à l’exception du Rassemblement
National. Il vise à rétablir une meilleure répartition des professionnels de santé sur le territoire français, face à une pénurie croissante dans certaines zones rurales et périurbaines. Il s’inscrit dans un contexte où la désertification médicale est devenu un enjeu majeur pour l’égalité d’accès aux soins.
Deux dispositifs complémentaires sont ainsi répartis sur le territoire de la région afin d’apporter une première réponse au manque de praticiens. D’ici trois ans, l’Occitanie disposera de 143 Maisons (médecins libéraux) et Centres (médecins salariés) de Santé.
“Ambitions études santé”, pour démocratiser les vocations
L’autre grand défi réside dans la formation des professionnels de santé de demain. Constatant que “le milieu social et géographique joue un rôle primordial dans la vocation des jeunes (…) Nous voulons donner envie à de jeunes ruraux de s’orienter vers les métiers de santé“, insiste Carole Delga.
La Région Occitanie a mis en place deux solutions : soutenir la création d’une option santé dès le lycée, pour préparer au mieux aux études supérieures (option “Ambition études santé” dans 13 lycées) et proposer des formations d’infirmiers et d’aides-soignants dans tous les territoires (lire ci-dessous l’inauguration du centre de formation d’aides-soignants à Bourg-Madame).
Autant d’initatives qui ne relèvent pas directement des compétences d’une Région, mais qui répondent aux besoins réels de ses habitants, comme l’a souligné Vincent Bounes (élu régional de Haute-Garonne, délégué Santé et Lutte contre les déserts médicaux) : “En Occitanie, nous nous sommes donné les moyens d’être un “laboratoire”, un exemple. C’est un projet citoyen, pas un projet politique…”

Polémique sur la “liberté d’installation”
Certes il y a encore des réticences. Ainsi, des représentants des étudiants en médecine, des internes, et des médecins libéraux appellent à la grève à partir du lundi 28 avril et à une manifestation le 29 avril contre “l’aménagement du principe de liberté d’installation.” C’est-à-dire que, selon le projet de loi, la liberté d’installation serait maintenue dans une zone qui connaît un déficit de soignants, mais dans les territoires mieux pourvus, le médecin ne pourrait s’installer que lorsqu’un autre s’en va. Pour Guillaume Garot, “seulement 13% du territoire serait concerné par cette restriction.”
“Relocaliser et démocratiser”, ce sont les maîtres-mots de cette lutte contre les déserts médicaux. Carole Delga insistant en conclusion sur l’importance qu’elle accorde au principe des “visites à domicile” car “on ne connaît vraiment sa commune que quand on rentre dans la maison des gens (…) Derrière les murs, on voit parfois l’isolement la pauvreté, on découvre une autre réalité…”
Lutter contre les déserts médicaux ? Une démarche humaine, tout simplement.
Philippe MOURET
Institut de Formation des aides-soignants en Cerdagne
La commune de Bourg-Madame a proposé de mettre gratuitement une partie de ses locaux à disposition pour accueillir l’Institut de Formation des Aides-Soignants (IFAS) en Cerdagne. Dans ce cadre, la Région Occitanie a déjà accordé une subvention d’investissement de 417 386€ pour la création et la mise aux normes de l’antenne de l’IFAS. Le Département des Pyrénées-Orientales a également décidé de s’investir dans ce projet en attribuant une subvention d’investissement de 108 711€.
L’ouverture de cette antenne de l’IFAS répond à un besoin clairement exprimé par les acteurs locaux et les établissements sanitaires et médico-sociaux du territoire, comme en témoigne la signature du Contrat Local de Santé Montagnes Catalanes, adopté par l’Assemblée Départementale, en février 2023.

Le territoire de Cerdagne “est reconnu pour son dynamisme et son implication dans le domaine de la santé et de l’accompagnement des personnes vulnérables. L’accès à des formations diplômantes pour les jeunes et les professionnels en activité est un enjeu majeur pour ce secteur.”
“C’est important car, dans le contexte social et économique actuel, notre territoire de Cerdagne compte plusieurs établissements sanitaires et médico-sociaux, qui représentent 1300 salariés, soit 31% des actifs en situation d’emploi. J’ai la volonté d’activer tous les leviers pour enrayer la désertification médicale de nos territoires et d’agir en faveur de la santé de nos concitoyens et nous le faisons avec le GIP de La Région. Je souligne que, grâce au Département, de nombreuses structures médicales ont été créées ou sauvées : de Saint-Paul-de-Fenouillet à Bourg-Madame” a souligné Hermeline Malherbe (président du département) lors de la récente inauguration.
Initiatives :
Santé : “Oh my Lot !” propose des remèdes pour lutter contre les déserts médicaux
Santé : Médecins Solidaires invente les gardes volontaires dans les déserts médicaux
Déserts médicaux : Des solutions exemplaires pour soigner en Aveyron, Gers et Ariège