Suite à l’arrêt brutal de l’A 69 par la justice pour raisons environnementales, le président de la CCI de l’Hérault et le monde économique se mobilisent pour éviter tout risque de “contagion” judiciaire pour ce barreau de 7 km prévu pour 2030. Pour Salvador Nunez, directeur opérationnel de Vinci Autoroutes, “c’est la seule solution face au casse-tête des bouchons. Et 90 % des gens y sont favorables”. Le collectif Autre Com, qui a déposé des recours, milite pour “un boulevard urbain à 70 km/h avec pistes cyclables“.
Fort de l’expérience du Tarn, le monde économique héraultais a préféré anticiper. Lundi, le CCI de l’Hérault organisait un contre-feu à l’éventualité que le “Com” (contournement Ouest de Montpellier) soit stoppé avant d’être mis en service comme le fut récemment la A 69 (Toulouse-Castres) dont Dis-Leur vous a parlé ICI.
Même si le chantier ne serait pas livré avant 2030, André Deljarry, président de la CCI 34, a montré toute sa motivation pour la réalisation de ces nouveaux 7 km de bitume et ses six ZAC permettant de désengorger l’Ouest du Montpelliérain où vivent plus de 70 000 personnes confrontées quotidiennement aux bouchons. Une association de soutien à cette nouvelle desserte censée se connecter à l’A 75 sera créée. Un chef d’entreprise, qui craint une contagion judiciaire, le crie : “C’est vital pour l’économie montpelliéraine et le confort des habitants !”
Nous, nous proposons une solution face au casse-tête de tous les matins où 70 000 à 80 000 personnes se déplacent en voiture matin et soir pour aller travailler”
Directeur opérationnel chez Vinci chargé de ce projet, Salvador Nunez dit : “C’est important parce qu’il y a eu une erreur ou un oubli historique : les deux autoroutes, pour l’une au Sud, l’ex-partie de l’A 9 et l’A 750 qui mène à l’A 75, elles ne sont pas reliées dans cette partie ouest de Montpellier. Et pour les habitants de l’Ouest de Montpellier, à part la route, il n’y a rien. Certains brament : “Le train !, le train !, le train !” Je ne suis pas contre, je le prends à titre personnel, mais dans cette zone il n’y a pas de voie ferrée ni de tramway, ni de bus express, même s’il paraît qu’il va y en avoir.” Comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.

Et Salvador Nunez de poursuivre : “Quand vous devez aller à Gignac… C’est la voiture. En attendant, le problème des bouchons empire. Nous, nous proposons une solution face au casse-tête de tous les matins où 70 000 à 80 000 personnes se déplacent en voiture matin et soir pour aller travailler. Les sondages que j’ai pu mener depuis trois ans par la voie de questionnaires, on arrive à 90 % de gens qui sont favorables à ce contournement Ouest. Ils ne sont pas pour parce qu’ils aiment les Autoroutes du Sud de la France ; ils sont pour parce que c’est la seule solution financée qu’on leur propose pour répondre à leur problème.”
“Le Com, qui n’aura pas de péage, n’est pas un objectif pour grandir ou je ne sais quoi d’autre”

ASF s’y retrouve-t-elle financièrement parce que cette nouvelle voie rabattrait des automobilistes vers les l’A9, payante… ? “Beaucoup de gens racontent des âneries. On le fait parce que, et c’est une habitude chez ASF, de répondre positivement quand l’Etat nous demande de faire ce genre de projet. Ensuite, dès lors que l’on récupère de l’argent au travers de surpéages, on récupère notre investissement. Le “Com”, qui n’aura pas de péage, n’est pas un objectif pour grandir ou je ne sais quoi d’autre.” Salvador Nunez ajoute : “Et comme tous les oublis, cela finit par coûter plus cher. Le projet passé en 2021 avec l’Etat était de 270 M€. Il est aujourd’hui d’environ 300 M€.“ Qui paie ? à 100 %, les Autoroutes du Sud de la France (ASF).
“Telles que les choses sont programmées, les principaux gros travaux, en dehors des travaux préparatoires, s’engageront à partir de septembre-octobre 2026 pour une durée de trois ans et demi. Avec une mise en service envisagée en 2030.” Il y a des recours, notamment un “sur l’enquête publique menée par la Dreal (service déconcentré de l’Etat, Ndlr) devant la cour administrative d’appel de Toulouse actuellement, après avoir été rejeté par le tribunal administratif de Montpellier ; il y a aussi un recours devant le Conseil d’Etat sur l’avenant au contrat de concession qui définit entre autres les modalités du péage supplémentaire pour financer le projet.”
Le but du contournement ouest de Montpellier est un projet qui répond à un problème de justice sociale en matière de mobilité “
Salvador Nunez est-il inquiet à l’idée que le « Com » ne se fasse pas ? “Le fond de ma pensée, c’est que je suis le plus serein de tous. L’Etat n’a pas la moindre intention de ne pas réaliser le « Com » ; les autorités, des communes jusqu’à la Région Occitanie, y sont largement favorables. Il est fortement validé par la Métropole de Montpellier et les communes de Saint-Jean-de-Védas et de Juvignac pour une raison très simple : les trafics qui traversent Montpellier matin et soir passent par l’endroit où nous allons réaliser le « Com », par l’avenue de la Liberté, les centres de Juvignac et Saint-Jean-De-Védas.”
Y a-t-il selon Salvador Nunez un risque que le “Com” ne se fasse pas ? “Je trouve très bien qu’André Deljarry réagisse maintenant. Si c’est pour réagir après comme pour la A 69… Pourquoi cela gêne-t-il certains au point que ceux qui sont pour le fassent savoir ? Ce qui gêne les opposants, c’est qu’ils savent très bien que la grande majorité des gens, sur Montpellier, sont pour ! Les habitants et les élus de l’Ouest de Montpellier sont très largement pour. Je n’ai jamais vu un projet autant plébiscité, et j’en ai réalisé… Seule une minorité, en centre-ville, serait contre et disent aux gens de l’Ouest qu’il leur faut prendre le tramway, sauf qu’il n’y en a pas !”
Le problème, c’est que le “Com” est un objet qui a été politisé par ceux qui sont contre. On est dans une époque où l’inculture n’est plus un accident, c’est un drapeau”

Salvador Nunez insiste : “L’objectif, c’est que tous ces trafics passent sur le futur contournement en faisant gagner du temps et de plus donner la possibilité à ces trafics de passer ailleurs à travers villages. Et de diminuer de manière très significative ces nuisances de bruit et de pollution dans les communes traversées.” Il ajoute : “Les associations de quartiers, quand je les ai reçues, elles, ont bien compris l’enjeu. Le problème, c’est que le “Com” est un objet qui a été politisé par ceux qui sont contre. On est dans une époque où l’inculture n’est plus un accident, c’est un drapeau. Et certains l’agitent avec fierté. Il fut une époque où quand les experts parlaient, on les écoutait. Aujourd’hui, on peut donner raison à ceux qui ne le sont pas.”
“Le “Com” répond à un problème de justice sociale…”
Et contre le Com, il y a des associations réputées être contre la route en général. On retrouve les mêmes que l’on a en France sur à peu près tous les projets routiers et autoroutiers et même ferroviaires. Le Com n’a rien à voir avec l’A69, un projet de 50 km ; qui, au niveau du trafic n’a rien à voir avec le nôtre ; nous aménageons ici une route existante. Le but du contournement ouest de Montpellier est un projet – et cela peut en faire sourire certains mais je le dis comme je le pense – qui répond à un problème de justice sociale en matière de mobilité. Il y a des gens qui proposent d’autres projets mais ceux-ci ne sont pas financés. Si on les suit, c’est pour arrêter ce qui est en cours pour probablement ne jamais rien faire…”
“Dès que l’on construit une autoroute, au bout de quelques années, le trafic revient”

Le collectif Autre Com de cinq associations – Alternatiba, Paysages de France, Vélocité grand Montpellier, SOS Lez, et Saint-Jean Environnement – ne l’entend pas de cette oreille. Il milite, lui pour un projet moins coûteux, moins massif, plus intégré. Pas un aspirateur à voitures. “Nous recherchons l’expertise académique ; nous avons invité beaucoup de chercheurs spécialisés, sur la qualité de l’air et l’impact des infrastructures autoroutières. Ils sont tous d’accord : dès que l’on construit une autoroute, au bout de quelques années, le trafic revient ; c’est ce que l’on appelle un trafic induit : les voitures arrivent ensuite de partout. Il n’existe pas une rocade ou un périphérique qui ne soit pas bouché.”
“Ce que l’on souhaite c’est un boulevard urbain à 70 km/h avec pistes cyclables et de meilleures jonctions”
“Nous sommes davantage favorables au projet tel qu’il avait été présenté à l’origine. C’était un projet très léger d’amélioration de la route existante. Aujourd’hui, c’est une autoroute. Ce que l’on souhaite c’est un boulevard urbain à 70 km/h avec pistes cyclables et de meilleures jonctions”, explique Céline Scornavacca, porte-parole du collectif qui a déposé trois recours. Mais aucun qui est semblable à celui qui a stoppé net l’A69 sur l’autorisation environnementale. Et c’est normal : le chantier du Com n’a pas commencé. “Nous ferons un recours à ce moment-là mais peut-être que le projet sera arrêté avant…” Mais changer de projet, c’est redemander une nouvelle DUP (autorisation) qui peut mettre de nombreuses années à être validée. “Ce n’est pas notre problème. Ce projet est mauvais. Les acteurs du territoire s’en étaient émus. Depuis 2004 mais aussi en 2006 et 2008, il y a eu des avis défavorables… Beaucoup de gens se sont exprimés pour dire que ce projet n’est pas bon.”
Olivier SCHLAMA
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