Régionales : Un scrutin qui avance vers la parité, mais à pas comptés

La parité réelle, c'est pas gagné ! Photo D.-R.

Pour les élections régionales (20 et 27 juin), où sont les femmes ? “Leur place en tête de liste donne une réponse significative” estime Geneviève Tapié. En effet, seule cette position échappe à la contrainte de la loi en matière de parité ; “Nous avons mesuré comment la question du partage du pouvoir et de la gouvernance a été réellement traitée” indique la présidente de l’Observatoire régional de la parité d’Occitanie, qui a scruté les neuf listes en présence…

Les conseils régionaux sont élus au scrutin proportionnel, sur une liste régionale composée, en Occitanie, de 13 listes départementales dont les postes sont également partagés entre les femmes et les hommes, selon un principe strict de parité alternée.

Autour de Carole Delga, 8 femmes en tête de liste sur 13

Carole Delga, sa liste est celle qui intégre le mieux les femmes pour les élections régionales…

La liste de Carole Delga (PS-PCF-PRG-PP-MRC-GRS), la présidente sortante, arrive en tête avec 8 femmes sur 13 (Haute-Garonne, Aveyron, Gard, Gers, Lot, Lozère, Pyrénées-Orientales et Tarn-et- Garonne). Le Rassemblement national n’a quant à lui placé que deux femmes en tête des listes (en Ariège et Tarn-et-Garonne) qui soutiennent Jean-Paul Garraud.

Pour Geneviève Tapîé, cependant, “la surprise vient de la droite républicaine, incarnée par Aurélien Pradié (…) qui semble, côté femmes, bien en manquer”, avec également seulement deux femmes seulement à la tête de listes départementales (Lot et Lozère)…

Seulement trois femmes pour mener les listes soutenues par LReM

Avec 6 femmes sur treize, suivent la liste EELV d’Antoine Maurice et les deux listes d’extrême gauche, conduites par deux femmes (Myriam Martin de LFI et Malena Adrada pour LO). La liste Occitanie écologiste citoyenne de Jean-Luc Davezac (soutenue notamment pas Occitanie Païs Nostre) présente 4 femmes.

Autre fait marquant, la liste soutenue par La République en Marche (LReM) du maire de Balma Vincent Terrail-Novès n’en a choisi que… Trois ! (Gers, Lot et Hautes-Pyrénées) Pas de quoi satisfaire l’ancienne (2017-2020) secrétaire d’Etat chargée de l’agalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa…

Ce sont donc 37 femmes qui mèneront des listes départementales à l’occasion des élections régionales de ce mois de juin 2021 pour un total de… 117 listes en lice. Voilà qui laisse un belle marge de progression.

En France, un tiers des départements présidés par des femmes sont en Occitanie

Geneviève Tapié, présidente de l’Observatoire de la parité… Elle ne lâche rien ! Photo D.-R.

Il faut cependant souligner que, de façon plus générale, l’Occitanie n’est pas forcément à la traine en matière de parité. Ainsi, un tiers des départements français qui ont une femme à leur tête sont en Occitanie. En effet, l’Ariège, l’Aude, le Gard, la Lozère et les Pyrénées-Orientales font partie des quinze départements en France qui se distinguent depuis le dernier renouvellement de mars 2015.

Par contre, les choses avancent plus vite au niveau des élues que dans les services. Ainsi, dans les Conseils départementaux, l’Observatoire régional de la parité d’Occitanie a recensé seulement deux femmes, tant aux postes de directrice générale des services (dans la Haute-Garonne et les Hautes-Pyrénées) que de directrice de cabinet (en Lozère et dans le Tarn).

Et sa présidente d’insister : “Le secteur public doit porter la responsabilité de l’exemplarité sur la parité, aussi bien dans la sphère professionnelle que politique…”, puisque les élections départementales ont également leu en ce mois de juin, voilà un engagement de campagne qui pourrait concerner pas mal de listes… à suivre…

Philippe MOURET

Nombre d’élus par département : 4 pour l’Ariège, 10 pour l’Aude, 8 pour l’Aveyron, 20 pour le Gard, 38 pour la Haute-Garonne, 5 pour le Gers, 31 pour l’Hérault, 5 pour le Lot, 2 pour la Lozère, 6 pour les Hautes-Pyrénées, 12 pour les Pyrénées-Orientales, 11 pour le Tarn et 6 pour le Tarn-et-Garonne.

Départementales, l’autre scrutin :

Le ministère de l’Intérieur a mis en ligne la liste des candidatures au premier tour des élections départementales du 20 juin. Les candidatures sont accessibles sur le site internet du ministère de l’intérieur département par département et ensuite canton par canton.

L’Observatoire régional de la parité en Occitanie a saisi l’occasion pour mesurer plus généralement le poids de la représentation des femmes en Occitanie. “Nous avons élaboré un classement par département et ainsi brossé le tableau, contrasté, de la place réelle des femmes dans la sphère politique régionale”, explique Geneviève Tapié,

Les trois “grands” en retard, la Lozère souffre de sa situation

Il en ressort que l’Aude, suivie de près par le Lot, est en tête. Les trois grands départements d’Occitanie, le Gard, la Haute-Garonne et l’Hérault se situent juste derrière. Mais, ils accusent un retard de 13 points sur l’Aude et l’Ariège, bien qu’ils bénéficient de l’automatisme de la parité sous contrainte légale (notamment dans les communes de plus de 1000 habitants, les métropoles, au Sénat…).

La Lozère ferme la marche. Ce département, le moins peuplé de la région, souffre de son nombre plus réduit de communes (152), d’intercommunalités (10) et de sièges à l’Assemblée nationale (1). “Une présidente de Conseil départemental et une sénatrice y traduisent pourtant un véritable dynamisme pour faire place aux femmes”, commente l’Observatoire.

Y’a des progrès à faire ! Photo .D-R.

Le palmarès selon la part de femmes aux postes de premier plan

Le Lot conserve son avance. Mais il renvoie de la deuxième à la huitième place l’Aude dont l’Assemblée départementale est pourtant présidée par une femme. L’Aude paye ainsi un lourd déficit de femme maires (16,5 % contre 22,8 % dans le Lot) et l’absence de toute présidente dans ses huit communautés de communes ou d’agglomération.

Le Gers, classé à la deuxième place, engrange 14,29 % de femmes. Quant à l’Ariège, elle remonte dans le peloton de tête, du 7e au 5e rang, au bénéfice de ses 22,8 % de femmes maires, de ses 28, 2% de vice-présidentes des huit intercommunalités et, surtout, de sa présidente de Département.

La Lozère remonte de la dernière à la 9e place et partage ce rang ex-æquo avec le Gard, le Tarn et l’Hérault, mieux pourvus en nombre de collectivités et de sièges au Parlement.

Pas “d’effet d’entraînement” dans les Pyrénées-Orientales

La déception vient des Pyrénées-Orientales. La présence d’une femme à la tête du du conseil départemental (Hermeline Malherbe), depuis 2010 et près de trois mandats, ne produit pas l’effet d’entrainement sur l’élection de femmes maires (13,84 %, le taux le plus bas d’Occitanie). Le département se signale aussi, négativement, par l’absence de sénatrice ou de présidente de l’une de ses 12 intercommunalités.