Portraits : Femmes de l’étang avec le magazine “Bleu”

Elles sont deux sur la photo, mais elles pourraient être vingt. Car c'est le nombre de cheffes d'exploitation dans une profession depuis longtemps restée l'apanage des hommes. Edith et Manon partagent un amour sans faille pour l'étang qui les a vu naître et une passion pour leur métier. Photo Michel DUMERGUE

Dans le cadre de notre partenariat avec le magazine Bleu-Ici plus qu’ailleurs… découvrez un article du numéro 6 – Printemps 2021 : À l’occasion d’une belle matinée, rencontre avec Manon et Edith, jeunes conchylicultrices, éleveuses et productrices d’huîtres et de moules sur l’étang de Thau, à Mèze et Marseillan, dans l’Hérault. Objectif, faire connaissance avec ces nouvelles entrepreneuses dynamiques et surtout évoquer le quotidien de jeunes femmes ayant créé ou repris une activité familiale.

Elles sont deux pour nous accueillir, mais elles pourraient être vingt ! C’est en effet le nombre de femmes cheffes d’exploitation dans une profession longtemps laissée à l’apanage des hommes. En commun, Edith et Manon ont un amour sans faille de l’étang qui les a vu naître et une passion définitive pour leur métier.

Manon Alexandre, de Mèze (Hérault). Photo ©BLEU

Elles sont à la tête de leurs entreprises familiales depuis déjà quelques années. mais si elles ont choisi la même activité, elles pratiquent leur métier différemment. Edith produit ses huîtres et ses moules à Marseillan. Ses coquillages sont essentiellement commercialisés en vente directe sur les marchés d’Occitanie, mais aussi en dégustation dans leur petit mas marseillanais.

L’une va à Toulouse, l’autre jusqu’en Savoie !

Cette partie du métier, Manon ne l’a pas choisie, préférant se consacrer pleinement à la production d’hîtres et de moules de captage, issues majoritairement de l’étang de Thau.

Toutes deux pratiquent la vente directe aux consommateurs. C’est donc loin de leurs bases qu’elles vont trouver leurs clients. De septembre à avril, leurs fins de semaine sont rythmées par de grands déplacements, à la recherche des meilleurs marchés.

Edith prend la route des grands événements commerciaux toulousains et Manon va encore plus loin, en allant monter son stand en Savoie et Haute-Savoie ! C’est à ce prix que leurs actvités sont rentables et qu’elles arrivent à faire vivre leurs familles.

Deux ans de perdus à cause de la malaïgue

Edith Ortin de Marseillan (Hérault) Photo ©BLEU

Dans ce métier difficile, pas d’assurance de succès. Le fruit de leur travail est sous l’eau et et jusqu’à leur dernier jour passé dans l’étang, les huîtres et les moules sont en danger. Les pollutions, les excès de chaleur et bien d’autres événements incontrpolables peuvent anéantir toute leur production !

Ainsi en 2018, après une malaïgue (*) terrible, l’ensemble de leurs coquillages a été perdue. Dans leur cas, et il en va de même pour tous les producteurs de l’étang, c’est deux ans de travail anéantis. deux années de transports, de préparations et de collages, mais aussi de mise en eau entrecoupées parfois d’exondations (**), pour enfin arriver au détroquage (***).

Deux années de travail perdues ! Les larmes accompagnent ces moments difficiles et il faut tout reprendre à zéro ! C’est vrai, Edith et Manon n’ont pas choisi un métier facile. toutes deux ramènent souvent à la maison des histoires d’huîtres ou de moules…

Toutes deux prennent en charge aussi des familles et des enfants, l’entrprise et sa gestion. les coquillages hantent souvent leurs nuits. Mais dans leur cas et ce, pour la troisième ou quatrième générationde pêcheurs-conchyliculteurs, Edith et Manon repartiront au matin s’occuper de leurs tables, de leurs huîtres et de leurs moules, car leur métier est fait de passion et qu’elles sont et resteront pour toujours des “femmes de l’étang” !

Eric PEYRE

Pour la magazine Bleu – Ici plus qu’ailleurs…

(*) La malaïgue (“mauvaise eau”, en occitan) est une conjonction d’absence de vent et de chaleurs caniculaires. Elle se caractérise par une coloration blanche des eaux due à une propagation d’algues. Ce phénomène entraîne une chute du taux d’oxygène dans l’eau qui tue huîtres et moules.
(**) Exondation : sortir les huîtres de l’eau temporairement.
(***) Détroquage : détacher les jeunes huîtres du collecteur qui a permis le captage.

Découvrez l’étang de Thau avec Dis-Leur !