Polémique : Le préfet de l’Aveyron autorise l’abattage de chiens errants

Les chiens errants risquent d'être abattus en Aveyron. Illustration KEV de Pixabay

La décision fait bien sûr bondir les associations de défense des animaux. Et plus particulièrement “One Voice” qui annonce déjà avoir attaqué l’arrêté pris par le Préfet de l’Aveyron en date du 10 avril 2024 : “Arrêté autorisant la destruction des chiens errants, divagants ou malfaisants.” Sous condition cependant, ce qui n’est pas toujours mis en lumière :

Selon One Voice : “Alors qu’une grande majorité des troupeaux aveyronnais ne sont pas protégés du fait de la « densité ovine » dans le département ( plus de 110 000 brebis ), l’État choisit la solution habituelle : tuer, tuer et encore tuer ! Et quand les loups ne sont pas visés, c’est au tour des chiens (…) Nous attaquons cet arrêté !” écrit l’association sur son site : https://one-voice.fr/fr/index.html

L’abattage autorisé du 10 avril au 10 mai 2024

Il est cependant nécessaire d’apporter quelques précisions. L’article 1 de l’arrêté préfectoral explique : “Il sera procédé à l’abattage, sur les territoires définis à l’article 3, des chiens en état de divagation identifiés comme ayant causé des dommages aux troupeaux ou susceptibles d’en causer et dont la capture s’avère impossible” et dans l’article 3 : “La présente autorisation est limitée à une durée de 1 mois consécutifs, suivant la publication du présent arrêté, de 20h00 à 8h00, sur les communes de La Couvertoirade, L’Hospitalet-du-Larzac, Nant, Sainte-Eulalie de Cernon et Saint-Jean/Saint-Paul.”

L’autorisation d’abattage prendra donc fin le 10 mai 2024. Mais pour One Voice : “Le choix du préfet de l’Aveyron est révélateur de l’incurie de l’État sur ce sujet. Plutôt que d’accompagner les éleveurs en les formant à la mise en œuvre des mesures de protection, et de les subventionner pour les aider à encadrer vaches et chevaux, le gouvernement ne cache plus sa position anti-loups/pro-élevage. Il préfère assouplir les conditions d’abattage au lieu de rendre obligatoires les protections pour tout type d’animaux.”

Un cheptel de plus de 110 000 brebis

La décision est prise en raison de “l’ampleur des constats de dommage sur les troupeaux domestiques établis ces derniers mois par les agents de l’office français de la biodiversité et dont la conclusion n’écarte pas la responsabilité du loup.” L’Aveyron compte en effet, souligne l’association, plus de 110 000 brebis.

Image d’illustration. Photo RonaK PitambeR ChoudharY – Pexels

“Sont visés tous les chiens qui sont “hors de portée de voix” ou à plus de 100 mètres de leur humain. Habitants de l’Aveyron, attention donc lors de vos promenades nocturnes ou matinales à ne pas perdre de vue vos compagnons, et à bien les faire rentrer la nuit. Sinon, ils pourraient être abattus à proximité des pâtures…” ironise l’association One Voice.

Précisons toutefois, comme le fait l’article 5 de l’arrêté que “Seuls les agents de l’OFB ainsi que les lieutenants de louveterie sont autorisés à procéder aux mesures définies à l’article 1. Ils pourront être accompagnés par des tierces personnes dont le rôle sera limité à l’accompagnement et à la reconnaissance du terrain.” Il ne s’agit donc pas d’un “permis de tuer” pour les éleveurs, comme certains l’ont affirmé un peu promptement.

Pour One Voice : “Chiens, loups ou tout autre être vivant, nous continuerons de les défendre face aux lobbies agricoles et cynégétiques. Pour ces chiens, qui ont peut-être été abandonnés et luttent pour survivre, ou sont tout simplement égarés et se débrouillent comme ils peuvent, et que le préfet préfère faire abattre plutôt que leur porter secours, nous attaquons cet arrêté.”

La suite devant la justice…

Philippe MOURET

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