Identité : Les Pyrénées-Orientales veulent changer de nom pour “davantage de catalanité”

La présidente du département des P.-O., Hermeline Malherbe, à la Maison de la Catalanité. Photo : Olivier SCHLAMA

Pour Hermeline Malherbe, présidente du département, il s’agit de “mieux identifier le département”. De “mieux s’ouvrir aux autres”. Un groupe de travail sera constitué et la parole sera donnée aux habitants. Avant que le gouvernement ne soit saisi à la fin de l’année. C’est le Conseil d’Etat qui validera ou non la proposition.

Catalogne du Sud… ? Pays Catalan… ? Pyrénées-Catalanes ? Nul ne le sait encore si ce sera l’un de ces trois noms ou un autre. Le processus débute en février par une consultation et se terminera avec le feu vert, ou non, du Conseil d’État, plus haute juridiction française, qui aura le dernier mot (1). Mais, certitude, le département des  Pyrénées-Orientales va changer de nom. “Il nous faut un nom qui donne davantage écho à notre identité, notre catalanité”, a exprimé Hermeline Malherbe, présidente PS du département lors des voeux à la presse, ce lundi 15 janvier, à la Maison de la… Catalanité. Ça ne s’invente pas.

Proposition inscrite “dans le projet politique du mandat”

Créé en 1790, pendant la Révolution française, à deux pas de l’Espagne, le département abrite 500 000 habitants, connus pour être fiers de leur contrée la plus au sud de l’Hexagone. Cette “idée n’est pas tombée du ciel”, a poursuivi Hermeline Malherbe. “Elle était inscrite dans le projet politique de notre mandat qui, lui, a tenu compte de la grande consultation que nous avions organisée en 2019” et de laquelle ressortait chez les habitants une volonté d’un nom plus en adéquation avec l’envie de “s’ouvrir aux autres” davantage que  “d’être fermés”.

Au micro, Aude Vivès, à la droite de Hermeline Malherbe et de Nicolas Garcia, à la Maison de la Catalanité, à Perpignan. Ph. Olivier SCHLAMA

Vice-président PCF du département  et maire d’Elne, Nicolas Garcia, érudit de catalan, a surligné : “Cela faisait partie du projet électoral. C’était un engagement. On le fait…” Et : “Avec le nom actuel, on ne parle pas à tout le monde. Il nous faut un nom qui parle de notre histoire, de notre culture…” Pas un nom “inodore, insipide”, a-t-il défini en parlant du nom actuel, Pyrénées-Orientales, sans  le prononcer. “Quand on commente les résultats sportifs, comme ceux de l’USAP, même quand on habite Paris ou que l’on est un nouvel habitant des P.-O. et même si l’on ne parle un mot de catalan, on dit les “sang et or”, par exemple. On dit  aussi : Nous, les Catalans. C’est inclusif.”

“Deux enquêtes disent la même chose : il faut, en résumé, changer de nom”

Ph Michel Jauzac, département des P.-O.

“J’en ai marre d’entendre encore : “Perpignan ? C’est en Espagne, ça, non ?!” Le maire d’Elne, qui milite pour davantage de catalan dans le quotidien et qui avait fait l’actualité quand il avait tenté l’année passée de traduire ses conseils municipaux dans la langue du Roussillon, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI, a ajouté, en substance qu’il y avait une demande d’adéquation avec une identité commune. “Il y a eu deux enquêtes. La première, menée par l’ADT (Agence de développement touristique) du département, comme la seconde, réalisée par l’Espace catalan transfrontalier, disent la même chose : il faut, en résumé, changer de nom.” Et, désormais, les acteurs économiques, trouvent l’idée séduisante.

“Un groupe de travail spécifique avec des chercheurs, des catalanistes, des associations…”

Comment le département va-t-il procéder ? Proposera-t-il plusieurs noms ? Hermeline Malherbe a confié qu’un “groupe de travail spécifique avec des chercheurs, des catalanistes, des associations sera justement constitué pour répondre à toutes ces questions, y compris les plus liminaires. Et de compléter : “S’il y a pléthore de noms, on aura du mal à s’y retrouver. Mais nous laisserons le groupe de travail faire.” Nicolas Garcia, qui a “promis qu’il n’y aurait pas de démagogie”, a insisté sur “le plus que cela apporterait au même titre que le Pays Basque que l’on identifie mieux que le département des Pyrénées-Atlantiques qui réunit aussi un second département, le Béarn.” S’agissant des acteurs du tourisme, a dit Aude Vivès, vice-présidente, “l’identité catalane est différentiante.” Avec l’ADT, qu’elle préside, “nous allons travailler, en parallèle, sur un nom de destination davantage touristique”.

La présidente du département a reconnu que cette entreprise avait “pris six à huit mois de retard à cause des contraintes liées à l’actualité en 2023”. Quant au budget nécessaire pour transformer logos, panneaux et enseignes, aucune somme n’a été précisée. “Mais c’est abordable”, a qualifié la présidente, Hermeline Malherbe.

Olivier SCHLAMA

(1) Cette consultation associe à partir de février d’abord l’ensemble des acteurs  de la culture et des langues (collège associatif de l’Office public de la langue catalane), des universitaires et chercheurs et les représentants des trois chambres consulaires (CCI, chambres des métiers et de l’agriculture) qui formeront le groupe de travail. Les habitants seront invités à se prononcer à l’automne. En fonction du résultat, l’assemblée départementale sollicitera le gouvernement en décembre pour lui proposer un nouveau nom pour le département. Une campagne informera toute la population de la consultation. Un courrier sera distribué dans toutes les boîtes aux lettres, une plateforme internet permettra de recueillir les votes et les votes papier seront possibles via le journal du département et de la Poste.

Pyrénées-Orientales, des voeux pour tous les âges

“Après les enfants et les jeunes, nous accompagnons les seniors”, cette phrase d’Hermeline Malherbe lors de ses voeux à la presse résume la philosophie de la présidente du département pour cette année 2024 : “Notre rôle d’élus c’est de faciliter le quotidien de nos concitoyens, c’est d’être attentifs à tous les problèmes (…) de faciliter les initiatives locales (…) pour les jeunes, les enfants, les familles, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap, les personnes en insertion parce que la première mission du Département c’est l’accompagnement social…” Lire la suite : https://dis-leur.fr/pyrenees-orientales-des-voeux-pour-tous-les-ages/

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