Occitanie : Le tourisme mène l’enquête pour décrypter les comportements des clients

Ecotourisme, dauphins au large du Cap d'Agde. Ph Olivier SCHLAMA

Le Comité régional du tourisme et des loisirs d’Occitanie et ses partenaires ont lancé un sondage grandeur nature d’une année auprès des touristes, habitants et professionnels pour mieux comprendre les aspirations des visiteurs et adapter les offres. En filigrane, des questions essentielles : le changement climatique est-il une préoccupation ? Le vélo s’impose-t-il ? Allez-vous en famille ou à l’hôtel ? Quelles activités préférez-vous ? Tout le monde peut répondre au questionnaire en ligne !

La curiosité n’est pas un vilain défaut. Surtout quand il s’agit de comprendre le parcours d’un touriste en Occitanie, de connaître ses dépenses. Et de mettre en relief les “clés” d’attractivité des différentes destinations. Sans oublier, nouveauté, l’impact environnement et les mobilités.

Une enquête clientèle du CRTL, bras armé de la région Occitanie en matière de tourisme, qui a besoin d’y voir toujours clair pour orienter sa politique marketing ; comment parler à ses cibles, y compris les étrangers. Un résultat avec des moyennes parle peu compte tenu de la variétés des profils et des géographies. D’où l’intérêt d’un sondage fin. Et d’un nombre de participants important.

“Qu’avez-vous apprécié (…) : la campagne, les grands espaces ; l’environnement naturel préservé…?”

Sentier du Littoral Ph.ADT66

Le sondage dure plus de 15 minutes mais cela en vaut la peine. “Vous avez séjourné en… chambre d’hôtes, auberge de jeunesse, résidence secondaire d’un ami ou d’un parent (gratuit) ; qu’avez-vous apprécié sur votre site de vacances : la campagne, les grands espaces ; l’environnement naturel préservé…?” Et aussi des questions de plus en plus fines sur vos modes transports, y compris sur le lieu de séjour et vos escapades en Espagne et Andorre ; sur la façon, en vacances, dont vous dépensez votre argent ; sur les activités pratiquées ; sur votre comportement pour diminuer l’empreinte carbone – une première – ; sur l’existence d’Occitanie Rail Tour… Peu à peu, se dessine en creux votre portrait-type. Des données qui seront extraordinairement riches !

Un flash code créé pour l’occasion

De mi-mars 2025 à mars 2026, le Comité régional du tourisme et des loisirs d’Occitanie (CRTL) et ses partenaires se mobilisent fortement pour réaliser cette grande enquête en ligne auprès des différents types de clientèles qui fréquentent l’Occitanie. Dans ses treize départements. Le but ? Mieux les connaître ; mieux appréhender leurs envies et les tendances. Un flash code a été créé pour l’occasion pour y accéder ICI.

Les enseignements de cette enquête vont faire sans doute prendre conscience à la population que le tourisme n’est pas décorrélé de leur vie : 75 % des habitants qui viennent dans notre département logent chez l’habitant”

Aude Vivès, présidente de l’ADT des P.-O.

Présidente de l’ADT des P.-O., Aude Vivès se dit “ravie de cette enquête au long cours, qui couvre toutes les saisons, dont les enseignements vont faire sans doute prendre conscience à la population que le tourisme n’est pas décorrélé de leur vie : 75 % des habitants qui viennent dans notre département logent chez l’habitant (38 % lissée sur toute l’Occitanie, Ndlr). Ils participent à cette économie au premier chef. Ils auraient même une légitimité dans ces 29 millions de nuitées à exprimer ce qu’ils pensent du tourisme sur leur territoire. C’est tout l’enjeu : mobiliser un maximum de participants pour y répondre. Et que l’on puisse analyser les nouvelles tendances, les attentes, les flux grâce à un panel représentatif. Quels leviers pouvons-nous activer ; constater si notre offre est adaptée, ou pas.” De quoi, éventuellement, “créer une nouvelle offre et des équipements, si besoin. Nous allons saisir toutes les communes, les intercommunalités pour que cette enquête soit bien partagée”.

Entre 20 000 et 30 000 réponses espérées

Le littoral, idéal pour retrouver l’insouciance de l’enfance. Photo DR

On sait, déjà, que le climat ensoleillé est un paramètre fort pour les visiteurs. C’est une lapalissade. L’existence de grands espaces naturels et la diversité géographique de la région, aussi. La gastronomie, itou. “Il y a six ans, le même type d’enquête avait été menée qui avait apporté plus de 16 000 réponses, explique Séverine Senac, responsable de cette mission. On aimerait, cette fois, en avoir cette fois entre 20 000 et 30 000 réponses. Nous veillerons aussi à capter des visiteurs sur les douze mois d’enquête et sur l’ensemble de nos territoires.”

Outre de nouvelles questions, cette enquête grandeur nature veut aller plus loin et mise sur l’implication et la mobilisation collaborative d’envergure des professionnels mais aussi des habitants. En clair, elle cible touristes (au moins une nuit dans la région), excursionnistes (visite à la journée) y compris les habitants d’Occitanie qu’ils soient français ou étrangers. Pour cela, le questionnaire en ligne sera traduit en six langues  : espagnol, allemand, italien, néerlandais, anglais et catalan.

Cette enquête intègre des éléments qualitatifs permettant de vérifier si les comportements du client évoluent et notamment dans le cadre qui nous anime de la transition écologique”

Philippe Berto, directeur du CRTL

C’est une enquête BVA XSight – cofinancée par la Région Occitanie, le CRTL, les ADT, CDT d’Occitanie et Montpellier Métropole pour 250 000 € dont 100 000 € de la Région et les ADT/CDT pour 110 000 € – qui permettra de mieux comprendre le parcours du visiteur de l’Occitanie, qu’il soit touriste, excursionniste, de loisirs ou d’affaires. “En fonction du nombre de répondants, il sera même possible d’analyser les résultats selon les modes d’hébergement, les cibles, les filières, les univers de destination, les départements et les territoires les plus attractifs”, souligne le CRTL.

CANICULE
Boire, se rafraîchir… Tous les moyens sont bons face à la vague de chaleur… Photo Philippe MOURET

L’enquête a été co-construite avec les agences de développement touristique. Directeur du CRTL, Philippe Berto dit : “Elle intègre des éléments qualitatifs permettant de vérifier si les comportements du client évoluent et notamment dans le cadre qui nous anime de la transition écologique. Par exemple, faut-il  – et comment ? – prendre en compte le changement climatique ?” On sait que d’ici 2050, 75 % des hébergeurs seront négativement impactés par les très fortes chaleurs. Faut-il, d’ores et déjà, penser à des visites dès la nuit tombée…? Le soleil oui, mais pas les canicules répétées qui peuvent, au contraire, faire fuir les touristes et faire le bonheur de la … Bretagne… Idem pour les séjours à la montagne où la pluie est, là, le repoussoir mais où coexiste, aussi, une envie de grands espaces naturels prégnante. D’où une question ouverte dans le sondage sur un “climat doux” parmi les raisons existentielles d’une visite dans le Midi.

Il y a une aspiration à des comportements vertueux mais à part chez les jeunes cette volonté n’est pas encore très présente. C’est peut-être notre prochain chantier : comment travailler sur le comportement du client”

Philippe Berto

Philippe Berto ajoute, de son oeil aiguisé : “Sur le littoral, il va falloir protéger les touristes de la chaleur ; créer des îlots de fraicheur ; re-végétaliser des espaces publics ; la clim ne va tout solutionner. Notre rôle va devenir de plus en plus prégnant. Il y a une aspiration à des comportements vertueux mais à part chez les jeunes cette volonté n’est pas encore très présente. C’est peut-être notre prochain chantier : comment travailler sur le comportement du client. Sur la mobilité décarboné, sur l’utilisation du vélo ; ce que l’on constate au quotidien mais aussi désormais dans le tourisme.”

“On passe d’un office du tourisme pour de l’accueil en face-à-face à un office du tourisme acteur du développement”

La réserve naturelle du Bagnas. Photo : Renaud Dupuy de la Grandrive

Justement, ce genre d’enquête va permettre d’orienter certaines politiques publiques. “Nous sommes convaincus qu’il y a un enjeu pour les professionnels, confie encore Philippe Berto. On passe d’un office du tourisme pour de l’accueil en face-à-face à un office du tourisme acteur du développement ; au coeur de son intercommunalité, lequel a la tutelle sur les mobilités ; comment amener son expertise autour des usages et des attentes pour apporter de l’info pratique ; assurer un lien fort avec les professionnels (du logement, gare, responsables d’événementiels. Nous croyons aussi à l’innovation dans les services.” Et il ajoute : “Plus les ADT diffuseront cette enquête plus nous aurons une analyse fine des comportements des touristes.”

Dépenses moyennes des touristes au coeur de l’enquête

La forêt du Montious, dans les Hautes-Pyrénées. Photo : Olivier SCHLAMA

“Si on ne lui demande pas qu’elles activités il a pratiquées, eh bien on ne le saura pas : cela a permis d’identifier différents profils ; d’estimer les dépenses ; d’avoir une idée du niveau de satisfaction, etc.” Les enseignements majeurs de la consultation d’il y a cinq ans ? Les dépenses, notamment : en 2018-2019, la dépense moyenne d’un touriste dans la région était de 56 € par jour. Mais cela grimpait à 72 € si on logeait dans un hôtel ; chez des amis ? 43 €. A Toulouse et Montpellier, la dépense moyenne se situait, elle, entre 65 € et 72 € par jour et par personne. En campagne, 52 €. “Il y a six ans, le partage d’expérience sur Insta avait explosé auprès des 18 ans-50 ans à raison d’un visiteur sur deux. Des chiffres que l’on n’attendait pas aussi haut.”

125 000 emplois, 15,9 milliards d’euros par an

Le tourisme en Occitanie est un secteur majeur – en deuxième position après l’agroalimentaire et devant l’aéronautique – avec 125 000 emplois (7 % de l’emploi marchand de la région). C’est 237 millions de nuitées en 2024, stable par rapport à 2023, dont 64 % sont le fait de Français et 36 % d’étrangers. Sur ces 237 millions de nuitées, plus d’un tiers sont réservées en juillet-août. Enfin, la clientèle intra-régionale, qui habite en Occitanie et qui passe des vacances en Occitanie, représente 15 % de l’ensemble des nuitées et 1/5e des nuitées françaises (24 %). Ce qui n’est pas roupie de sansonnet. Le chiffre d’affaires lui non plus : il s’établit à 10 % du PIB régional, 15,9 milliards d’euros.

Olivier SCHLAMA

  • L’enquête compte s’appuyer sur les réseaux des treize agences de développement touristique départementales d’Occitanie (ADT/CDT), les offices du tourisme, les parcs naturels régionaux…