Originaire d’Amérique et introduit par l’intermédiaire du trafic maritime (eaux de ballast, biofouling), le crabe bleu (Callinectes sapidus) prolifère en Méditerranée depuis quelques années. Signalé en PACA dès les années 1960, l’espèce est aujourd’hui largement présente sur le littoral méditerranéen, particulièrement au niveau de ses lagunes et étangs. “Capable de s’adapter rapidement à différents milieux marins ainsi que très bon reproducteur, ce crustacé pourrait avoir un impact considérable sur les espèces locales, les habitats et la pêche…”

Comme le souligne l’Office français de la biodiversité, “il se nourrit de moules, huitres et poissons juvéniles présents dans son environnement et coupe les filets des pêcheurs grâce à ses grandes pinces bleues.” Et précise Yves Desdevises (directeur de l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer), dans un entretien au Figaro, “les crabes bleus éliminent d’autres espèces et modifient l’écosystème.” On imagine sans peine l’inquiétude des professionnels.

Gare aux “impacts potentiels sur les écosystèmes”

Le Parc naturel marin du golfe du Lion teste depuis 2019 un protocole de suivi de l’espèce par capture (piégeages par casier) en mobilisant les pêcheurs et ostréiculteurs. L’objectif de ce protocole est d’optimiser sa capture pour limiter son expansion. Le Parc aide également les pêcheurs locaux à mieux connaître les méthodes de gestion dans les pays où le crustacé est déjà fortement présent (Espagne et Tunisie).

L’enjeu vise aussi à faciliter sa commercialisation, mais précise l’OFB, “sans pour autant pérenniser une filière d’exploitation qui viserait à gérer cette espèce d’une manière durable dans le milieu alors même que les impacts potentiels qu’il pourrait engendrer sur les écosystèmes peuvent être très importants.”

Au  Pôle-relais Lagunes méditerranéennes on précise : “Sur notre littoral, sa présence est déjà confirmée à Argelès-sur-Mer, dans les étangs de Canet-Saint-Nazaire, de Salses-Leucate, de Bages-Sigean, de Vendres et dans l’étang de Thau, en Camargue à Port Saint-Louis-du-Rhône et à l’ouest du Petit Rhône, à l’est dans l’étang de Berre et en Corse…” Plus :L’invasion du Crabe bleu en lagunes : la parole aux acteurs des milieux lagunaires – Pôle lagunes (pole-lagunes.org)

L’Italie lance un grand plan de lutte contre le crabe bleu

La fausse bonne idée à propos du crabe bleu, serait de le considérer comme un nouvel hôte pour les assiettes locales. Son nom scientifique (Callinectes sapidus) signifiant approximativement “crabe nageur savoureux”. Ce qui vaut d’ailleurs à ce grand crabe (la largeur de sa carapace peut dépasser 23 cm) une belle réputation gastronomique outre-Atlantique, en particulier dans les états de Louisiane, du Maryland, de Caroline du Nord et du New Jersey.

Les spécialistes évoquent une possibilité à court terme afin de réguler la prolifération, mais sans doute pas d’une habitude alimentaire à installer, car cela pourrait mettre en danger les espèces endémiques. Chez nos voisins italiens, le sujet est pris très au sérieux. Rome vient de débloquer 2,9 millions d’euros pour faire face à la prolifération du crabe bleu et a donné son feu vert aux pêcheurs pour en organiser, pendant trois mois, la capture massive.

Il paraît quand même que c’est très bon, alors, quelques recettes sur le site cakeparadise.fr : 17 recettes faciles de crabe bleu (plats que vous adorerez) – Cakes Paradise

Philippe MOURET