Mémoire : Participez à la fabrique d’une expo pour les dix ans du Mémorial de Rivesaltes !

Expo-événement Le Camp des Familles, au Mémorial du Camp de Rivesaltes. Photos : Olivier SCHLAMA

Le lieu de Mémoire, près de Perpignan, fait de son public un acteur de ses oeuvres, en co-produisant avec des volontaires une expo en 2025. Faire sortir les musées de leurs réserves et placer le visiteur au coeur des collections : c’est une tendance remarquée.

C’est un appel à candidatures original que propose la direction du Mémorial de Rivesaltes. Pour fêter ses dix ans d’existence, ce lieu de mémoire près de Perpignan prépare “une exposition temporaire participative et citoyenne à partir des collections”. En clair, vous pouvez participer à la fabrique d’une expo-anniversaire qui a du sens.

Il y a donc bientôt 10 ans, le Mémorial a ouvert ses portes et accueille depuis plus de 50 000 visiteurs annuels. “À l’occasion de ce prochain anniversaire, nous proposons à la population du territoire de venir construire avec nous l’exposition participative et citoyenne baptisée Objets de Mémoires, qui sera proposée au public à partir de mars 2025.”

“S’approprier une histoire qui n’est pas la nôtre”

Des collections du Mémorial de Rivesaltes. Ph. Hugues Argence

Comment sera-t-elle réalisée ? À partir des collections. Et plus précisément : “À partir des objets récoltés sur le site ou donnés par des familles et des associations mémorielles reliées à l’histoire du camp, à partir des œuvres acquises ou léguées au Mémorial depuis sa création, chacune et chacun est invité à participer à une aventure collective de conception, de production et d’animation de cette grande exposition des 10 ans.”

L’objectif est aussi de porter un regard neuf sur les collections du Mémorial, de “s’approprier une histoire qui n’est pas la nôtre, penser un récit issu de ces mémoires multiples et les unifier dans une exposition.” Une exposition que l’on peut qualifier de collaborative et de citoyenne. “Nous souhaitons que cette exposition soit pensée et conçue par les citoyennes et citoyens. C’est pourquoi un groupe de dix personnes sera constitué via un appel à candidatures et sera accompagné tout au long du processus par les équipes du Mémorial et différents professionnels”, explique-t-on encore.

Des volontaires qui ne connaissent par le Mémorial

“Ce projet s’adresse à des citoyens volontaires qui ne connaissent pas le lieu et ne sont pas porteurs d’une mémoire de l’ancien camp Joffre mais qui sont tous désireux de travailler à la convergence des mémoires récoltées et de plonger dans “la fabrique” d’une exposition.” Le groupe retenu sera accompagné par un comité de pilotage et un comité technique selon une méthodologie de projet (sessions de travail sur site à fréquence régulière).

Si vous souhaitez participer, rien de plus simple. Il faut avoir plus de 18 ans, n’être jamais venu visiter le Mémorial (hors visite scolaire) et accepter de s’engager à participer à l’ensemble du projet de septembre 2024 à mars 2025. Le formulaire d’inscription peut être demandé à info@memorialcamprivesaltes.fr ou au 04 68 08 39 81 / 06 80 21 25 14.

Aux Abattoirs, à Toulouse, deux expos participatives

Public dans le hall central des Abattoirs © Florence Tassart

Les musées ont de plus en plus en plus recours à des expériences participatives. A Toulouse, de décembre 2021 à janvier 2022, par exemple, le public pouvait voter en ligne pour ses “oeuvres préférées”. L’opération, qui s’adressait aux aux enfants jusqu’à 11 ans, en leur demandant de ne pas hésiter à dire leurs émotions, s’appelait A vous de choisir et concernait les Abattoirs, au Frac Occitanie. Les gagnants ont vu leurs oeuvres choisies être accrochées en mai 2022. Et cette année, rebelote : les Abattoirs ont monté une expo faite pour et par les jeunes. Dans le cadre de cette nouvelle exposition, les tout-petits ont pu voter jusqu’au 10 mars 2024 dans l’espace de médiation des Abattoirs ou en ligne pour voir leurs œuvres d’art préférées affichées sur les murs du musée. Le résultat des votes se découvre jusqu’au 17 novembre 2024.

Le Mucem aussi sur le confinement et le sida

À Marseille, le Mucem n’a rien fait d’autre que de demander l’arbitrage des internautes en 2020 pour “une collecte participative”, un appel au don. L’événement se nommait Vivre au temps du confinement, celui du covid, bien sûr. Le Musée demandait, à l’époque, que les internautes proposent “les objets ou documents qui pour vous, symbolisent, incarnent, traduisent votre quotidien confiné. Quels sont selon vous les objets qui parlent de la situation dans laquelle vous vivez, travaillez, passez le temps ou encore enseignez à vos enfants ? Quels objets traduisent la manière dont vous organisez vos sorties, vos relations avec les autres, proches ou lointains, chez vous et à l’extérieur, en France ou à l’étranger ?” 

Le Mucem de Marseille et sa mantille. Ph. Olivier SCHLAMA

Le Mucem était en quête de ces objets qui sont devenus les indispensables de nos vies jadis confinées, inattendus ou surprenants, officiels ou bricolés, créateurs de liens ou symboles d’isolement, traduisant les formidables solidarités et soutiens qui se mettent en place ou au contraire les mouvements de rejet et de peur…

Par la suite, le même Mucem avait monté l’exposition VIH/sida, l’épidémie n’est pas finie ! qui retraçait l’histoire sociale et politique du sida. “Posant un regard à la fois rétrospectif et contemporain sur l’épidémie comme sur les mobilisations qu’elle a engendrées, elle souhaite elle-même contribuer à la lutte. En effet, mettre le sida au musée, ce n’est pas l’enterrer ; c’est réaffirmer au contraire toute son actualité, comme le montre le titre de l’exposition qui reprend un slogan historique de l’association Act Up : L’épidémie n’est pas finie !

D’autres prestigieux lieux de mémoire ont également fait ce genre de proposition participative, comme Beaubourg, à Paris ; le musée des Beaux-Arts, à Brest ; ou encore le musée de l’histoire de l’Immigration qui proposait de témoigner via des “récits individuels”. Qui font toujours une force collective. Et une façon astucieuse de replacer les visiteurs au cœur de la programmation. Et faire davantage sortir les musées de leur réserve en faisant vivre une expérience nouvelle à des néo-visiteurs qui a une relation plus tangible et immédiate avec les oeuvres.

Olivier SCHLAMA

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