HandiSki : Tony Moggio se prépare pour affronter la Vallée Blanche

Dans la région de Chamonix, Tony Moggio se prépare pour son prchain "grand défi" ! photo DR

Le 8 mars 2022, Tony Moggio se lancera dans son nouveau défi. Le départ est prévu depuis le téléphérique de Chamonix (altitude 1 030m) direction l’Aiguille du Midi (altitude 3 840m). L’itinéraire de descente va se faire par la Vallée Blanche classique jusqu’à la station de Chamonix selon l’enneigement. La plus grande originalité de ce parcours, c’est d’offrir un ski hors-piste glaciaire d’un dénivelé de presque 2 800 mètres et d’une longueur unique au monde de 20 kilomètres…

“Cette descente c’est le rêve de tous les amoureux de la glisse, de la montagne et des sommets. Pour la réaliser je serai accompagné par un moniteur-guide de haute-montagne de l’ESF de Chamonix et encadré par des professionnels de la montagne. Nous allons traverser le glacier du Géant et la Mer de Glace (…) des glaciers qui sont parmi les plus prestigieux d’Europe. Et si, en fonction du temps, nous ne pouvons pas descendre jusqu’à Chamonix alors il nous faudra faire un détour de 40 minutes supplémentaires pour arriver par l’hôtel du Montenvers”, confie Tony Moggio.

“Je me suis dit : Go !”

Tony Moggio à Chamonix lors d’une journée handiski… Photo DR

Ce projet, Tony l’a mûri depuis ce mois de février 2020 à Chamonix : “J’y étais pour un tournage vidéo sur le handiski. Le but était de mettre en avant cette discipline, peu connue, ainsi que les moniteurs qui se forment pour aider les personnes en situation de handicap àretrouver les plaisirs du ski. À la fin du tournage, j’ai interrogé les moniteurs sur la descente à faire sur Chamonix et ils m’ont répondu : la Vallée Blanche. J’ai répondu à l’année prochaine ! En rentrant chez moi, j’ai effectué des recherches et je me suis dit : Go !” raconte Tony.

Si depuis son accident Tony Moggio a déjà fait du tandem-ski, c’était toujours aux abords de la station. Mais pour cet aventurier dans l’âme, les descentes en ski “classiques” ne pouvaient pas suffire bien longtemps ! Il recherche toujours “autre chose…”

“Je ne marche plus mais (…) j’avance toujours !”

“A travers ce nouveau pari, je veux démontrer qu’un défi n’est pas seulement physique, il est mental aussi. On parle souvent de dépassement de soi, du second souffle… il faut savoir que tout cela est dans la tête et que notre façon de penser ou de réfléchir fait souvent la différence pour finaliser nos objectifs. Je veux également démontrer que malgré les difficultés de la vie, avec ou sans handicap, on peut s’approprier n’importe quel défi (…) il faut juste avoir l’envie… Tous les jours je me trouve de nouveaux défis. Je ne marche plus mais je peux vous assurer que j’avance toujours !”, insiste Tony.

Pour réussir à descendre de la Vallée Blanche, Tony va devoir habituer son corps au froid et aux secousses. Ne pas avoir le vertige ni la peur du vide ou de la pente. Et être capable de supporter l’altitude et le manque d’oxygène. Rappelons qu’il a perdu la moitié́ de son souffle avec son accident.

La palette de risques du ski hors-piste

“C’est comme si je montais avec un seul poumon alors il faut que j’apprenne à économiser mon oxygène. Il faut aussi que je coordonne les mouvements de mon corps avec ceux du moniteur comme à moto… Ce qui n’est pas évident quand tu es tétraplégique jusqu’au cou. Le défi est de résister à tous les paramètres que m’imposera la montagne. Je serai continuellement dans l’observation et le ressenti de mon corps”, souligne Tony.

Photo DR

La Vallée Blanche c’est aussi un univers particulier, car c’est une descente hors-piste avec la palette de risques que cela comporte: les crevasses, les avalanches, l’arrivée parfois brutale du mauvais temps ou du brouillard… Autant de difficultés pour Tony et son équipe.

Les entraînements ont commencé. Ils sont, au début, similaires à ceux réalisés pour la traversée du Golfe de Saint-Tropez. Néanmoins, les contraintes physiques n’étant pas les mêmes, des adaptations doivent être mises en place rapidement.

Une préparation selon trois “axes”

Trois axes ont été fixés : la piscine pour la synchronisation et l’endurance, avec un à deux entraînements par semaine. Un entraînement mensuel, durant lequel il nagera 4h à 5h d’affilée, afin d’étudier ses capacités d’endurance et de récupération. Il y aura aussi un coaching boxe, 2 h par semaine, pour le travail cardio-vasculaire et la musculation. Et 1 à 2h de renforcement musculaire par semaine pour renforcer spécifiquement les muscles du cou et l’habituer aux contraintes des impacts et de changement de direction.

S’ajoutent des séances de kinésithérapie pour augmenter sa capacité respiratoire (qui sera travaillée aussi sur des séances cardio-vasculaire) et des massages pour la récupération. En parallèle, Tony va entamer un rééquilibrage alimentaire pour être moins lourd et faciliter ses déplacements en tandem…

“Côté mental je ferai appel à mon préparateur pour travailler sur mes craintes afin d’éviter ou du surmonter le stress pour le transformer en positif”, complète Tony.

Ph.-M.

Tony Moggio en bref : C’est en février 2010, lors d’un match de rugby amateur, qu’un accident l’a rendu tétraplégique. Au lieu de se laisser abattre, il a décidé d’en faire un atout. “Cet accident m’a permis d’exister, d’ouvrir les yeux sur le bon ou le mauvais, de rencontrer plein de belles personnes, de faire le tri dans mon entourage… et de raconter mon histoire dans un livre”, dit-il. En effet, en 2015, il publie, grâce à la plume de Philippe Motta, un livre témoignage vrai et plein d’espoir, Tony Moggio – Talonneur brisé, aux Editions Privat. En 2019, l’envie de se lancer dans une nouvelle aventure le reprend. Il se lance un nouveau défi : relier le port de Sainte-Maxime à celui de Saint-Tropez à la seule force de ses bras. Cette même année il est élu toulousain de l’année. En 2020, avec la complicité de Bruno Fabioux, il réalise un deuxième ouvrage: Les accidents dans le rugby – Ma vérité, toujours aux Éditions Privat. Si cette année, il a sorti son troisième ouvrage: Si l’on m’apprenait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier (éditions Privat), il a également imaginé un porte-biberon Gianni adapté au manque de motricité des mainset lancé une marque de vêtements pour tous sous le nom de Phénix.

Vivre avec le handicap…