Green-Pop de la Banque Pop’ : “Notre démarche d’accompagnement durable paie…”

Exemple de la volonté des Français d’une finance plus éthique : la Banque Populaire du Sud, a lancé, il y a trois ans, des agences dématérialisées qui font le plein grâce à des prêts spécifiques pour répondre aux nouveaux besoins de mobilité, de travaux de rénovation, etc. Tout en se défendant de greenwashing.

Le développement durable est une préoccupation des Français et mobilise les ONG, comme les Amis de la Terre, de défense de l’environnement. Le secteur bancaire, avec l’éclosion d’agences et de prêts éthiques, y voit là une manière d’être plus vertueux et en phase avec la société. Notre démarche d’accompagnement et de financement durables paie et nous sommes en train de réfléchir pour la démultiplier et aller au-delà du nombre de nos conseillers actuels…”

“Une demande de conseils de qualité”

Directeur RSE et sociétariat qui chapeaute les trois premières agences dématérialisées dont les trois agences digitales, Pop Green, de la région, Jean-Philippe Dubar rappelle que“nous avons développé une gamme de financements de projets “verts” pour les particuliers. À ce titre, fin 2021, nous avions réuni le club des sociétaires Pop Green pour leur demander ce qu’ils aimeraient que nous mettions en place dans le futur. Ce qui nous remonte notamment c’est une demande de conseil de qualité : de trouver le bon réseau d’installateurs, de panneaux photovoltaïques, de travaux de rénovation, par exemple. Ces clubs-là nous allons les multiplier pour co-construire une offre avec eux. C’est un modèle que l’on veut participatif qui correspond à l’ADN d’une banque mutualiste comme la nôtre.”

Quatre prêts Pop-Green

Il ajoute : “Ce qui nous manquait c’était de pouvoir accompagner les professionnels. C’est chose faire début avril dernier. Le groupe BPCE a mis à disposition du groupe Banque Populaire et Caisse d’épargne une gamme de quatre prêts Pop “green”. Leur but : financer la mobilité des professionnels, la rénovation énergétique et toutes sortes de projets liés à la croissance bleue. Voire de l’épargne solidaire. “Notre gamme s’est bien complétée. Mais aussi avec un fléchage des fonds permettant de financer des actions de développement durable”.

Nîmes, Montpellier, Perpignan

Jean-Philippe Dubar, Banque populaire du Sud. DR.

Il y a un cap supplémentaire à la Banque Populaire. “On avance doucement. On apprend en marchant en relation avec les besoins de nos clients”, souligne Jean-Philippe Dubar qui gère les trois e-agences de la Banque Pop’ du Sud (BPS) – Nîmes, en septembre 2019, Montpellier et Perpignan fin mai 2021 – réunissant déjà quelque 400 clients. Et ça continue. “Depuis le début le début de l’année 2022, nous avons déjà attiré 60 nouveaux clients particuliers auprès de nos e-agences. Et une vingtaine clients pro supplémentaires. En sachant que ce n’est que par le bouche-à-oreille.”

Pouvoir, en fonction de son projet, de trouver les bons réseaux et les bons interlocuteurs. Par exemple, dans la rénovation énergétique ; sur les normes et les aides possibles”

Les motivations de ces nouveaux clients ? “Trouver une banque dématérialisée, bien sûr, mais aussi avec des rendez-vous physiques possibles à Montpellier, Perpignan et Nîmes avec nos conseillers. Ce qui les intéresse, c’est d’avoir des conseillers qui s’y connaissent dans le développement durable où la réglementation évolue très vite. Et de pouvoir, en fonction de son projet, de trouver les bons réseaux et les bons interlocuteurs. Par exemple, dans la rénovation énergétique ; sur les normes et les aides possibles.”

Pour ces nouveaux clients, “c’est plus simple chez nous de débloquer un prêt mobilité pour un véhicule propre. La question c’est aussi pour le client de savoir s’il passe par un prêt qu’on lui propose ou un leasing avec option d’achat. Ce qui est souvent choisi avec la problématique des batteries qui s’usent assez vite et des véhicules qui peuvent être obsolètes dans deux ou trois ans. Chez nous, on a toute une gamme de financements.” Y compris pour les professionnels depuis début avril dernier qui veulent changer leur flotte, par exemple. Ou pour la rénovation énergétique.

Zones à faibles émissions : des prêt spécifiques pour que les professionnels puissent changer leur flotte de véhicules

“Pour nous, qui sommes la banque des artisans et des commerçants, le passage du centre-ville de Montpellier en ZFE (zones à faibles émissions) au 1er juillet prochain et de Perpignan, sans doute en 2025, est une opportunité de pouvoir les accompagner davantage, précise Jean-Philippe Dubar. Il leur faudra des véhicules propres leur permettant de pouvoir entrer dans cette zone.”

Jean-Philippe Dubar, directeur RSE et sociétariat, ajoute : “On est en train de voir avec eux et de travailler avec  les chambres consulaires pour être à même de leur proposer des présentations des impacts de ces ZFE sur leurs adhérents. Ils commencent à s’y intéresser très fortement et nous sommes de plus en plus sollicités par les organismes professionnels. Notre volonté c’est de pouvoir leur proposer des solutions financières pour qu’ils puissent changer leur flotte avec des prêts spécifiques. Avec des taux bonifiés. Je suis intervenu récemment devant la fédération des commerçants des Pyrénées-Orientales. Je leur ai évidemment parlé de la ZFE à venir, à Perpignan.”

Rapport d’Oxfam sur l’impact des banques sur le climat

Pour autant, l’argent que vous avez en banque a une empreinte carbone, comme l’explique National Géographic ICI. Selon l’ONG Oxfam, “la première empreinte carbone individuelle, sans qu’on le sache, c’est notre compte en banque”. Notre argent n’est pas du tout neutre vis-à-vis du climat. C’est un levier fondamental de la transition écologique. L’argent sert les circuits de financements et de prêts en permanence et, à notre insu, il ne soutient donc pas toujours des projets vertueux en termes environnementaux.  Ce qui n’est pas roupie de sansonnet. De quoi avoir un impact que l’on ne soupçonne pas sur le climat. Oxfam France a, d’ailleurs sorti, il y a quelques semaines, un rapport sur l’impact des banques sur le climat.

Les temps changent. Peut-on faire crédit à certaines banques d’une amorce de changement de paradigme ? La BPS dit avoir une piste d’amélioration dans son plan stratégique 2022-2024 : “L’engagement c’était d’engager a minima, en 2021, une enveloppe de 30 M€ aussi bien envers les particuliers que les professionnels vers la transition énergétique. Pour 2022, l’enveloppe est de 50 M€, avec une progression régulière pour 2023 et 2024”, résume Jean-Philippe Dubar. Et davantage si possible dans les années à venir.

Baisser, en interne, notre empreinte carbone de 15 %, d’ici à 2024

La BPS, qui compte 500 000 clients (560 000 en comptant Crédit maritime, Dupuy de Parseval et Marze), dit ne pas vouloir rester les bras croisés face au “défi qui nous concerne tous”. “Et comme ce ne serait pas cohérent si nous ne nous appliquions pas à nous-mêmes cette transformation, notre objectif est de baisser, en interne, notre empreinte carbone de 15 %, d’ici à 2024, en s’appuyant sur plusieurs piliers d’amélioration : un parc de voitures “propres” ; baisser nos dépenses d’énergie via un plan de rénovation ; baisser notre empreinte numérique à travers de nouveaux matériels plus performants et moins énergivores, notamment ou encore à travers des achats responsables (zéro papier, fournisseurs locaux, etc.).” Ce n’est pas tout.

De pas augmenter les forfaits bancaires

Les (néo)banques sont spécialistes du “ripolinage” verdissant leurs produits pour coller aux besoins de leurs clients. À la Banque Populaire du Sud, coopérative engagée dans l’ESS depuis un siècle, on explique que la démarche est sincère et “légitime d’accompagner ses clients vers la transition énergétique”, en phase avec l’ADN de la banque, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.

La Banque Pop’ a-t-elle pris le train en marche parce que la finance solidaire et le développement durable sont à la mode ? “Nous étions déjà dans cette logique dans le cadre de notre plan stratégique où nous avons appuyé notre volonté de responsabilité durable, répond Jean-Philippe Dubar. Le but du jeu, c’est également de ne pas augmenter nos forfaits auprès de nos clients. De plus, comme nous sommes une entreprise de l’ESS, nous réinjectons nos bénéfices, non pas pour rémunérer des actionnaires, mais pour aider encore davantage l’économie locale et nos territoires.”

Olivier SCHLAMA

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