Pour sa 8e édition, 22 V’la Georges, le plus authentique des festivals en hommage à Brassens, du 22 au 29 octobre, au coeur du quartier de son enfance. Sous un chapiteau mais aussi dans les troquets du coin. La marque de fabrique ? La bonne humeur et du Brassens repris dans tous les styles de musique. À ne pas louper !
C’est un retour aux sources tous les ans renouvelé. Frais. Qui ne vieillit pas depuis 2014 ! On l’imagine, Brassens, rictus sur la lippe, observer, incrédule, ces passionnés chanter ses immarcescibles chansons dans son quartier à lui, au joli nom prédestiné, “Révolution” (!), à Sète. Ah, si Brassens avait des héritiers ! Ce serait sans doute l’un de ces groupes ou plutôt tous ces groupes de musique, plus ou moins connus qui lui rendent chaque année un hommage impérissable. Simple. Authentique. Le poète sétois est né et il est mort en octobre, en plein automne, le mois qui fait à la fois flétrir les feuilles des arbres et garder vivaces ses textes universels.
Ambiance gentiment festive, un peu “foutraque”,
Du 22 au 29 octobre prochain, pour sa 8e édition, toujours rien de grandiloquent sur l’Esplanade Neuve, comme on disait du temps de Brassens (place de la République, à deux pas de la maison familiale des Brassens). Brassens se suffit à lui-même dans une ambiance gentiment festive, un peu “foutraque”, comme le reconnaît la nouvelle présidente bénévole de Cap Brassens qui organise cet événement, 22 V’la Georges, Françoise Marcenac (à la tête d’une société de conciergerie), avec un sourire d’enfant. Et un budget riquiqui de 50 000 €.
Une semaine dont on a l’impression qu’elle a toujours existé. Qui est née après maints hommages, à commencer par le centenaire Brassens ou feues les clinquantes Journées Brassens, sous l’ère de l’ex-maire Yves Marchand.
Tout commence sous l’impulsion de José Capel
Myosotis, Jeca Trio, Petitcopek, Amandonné, Les Brassicoles, Menu Fretin, les Trois Oncles, les Zazous Zélés, Le Bon maître nous le Pardonne… Pas moins de cinquante concerts donnés par 25 groupes sont programmés, avec, quand cela se passe sous le chapiteau une participation au frais modique de 5 €. La fête, c’est aussi dans les troquets alentour, comme au Carafon de Manon, où tout a commencé avec José Capel, aujourd’hui décédé ; l’Excelsior ou l’Alliance où se tiennent là aussi des concerts qui promettent ! Des concerts aussi à la Médiathèque et à l’Espace Brassens (programme ci-dessous). Il y a aussi une scène ouverte l’après-midi – de 15 heures à 18 heures – devant ce “village Brassens”, comme on l’appelle, où les amateurs peuvent jouer du Brassens et aussi leurs compositions. Un tremplin musical.
“Ils n’auraient pas les moyens d’aller à un concert…”
C’est, avant tout, un public amoureux de Brassens, de gens avertis, voire “interlopes”. En demande d’authenticité, ce qui reste le cas avec un chapiteau de seulement 100 places. “Et qui n’auraient pas forcément les moyens d’aller à un concert traditionnel. Lors de cette semaine, tous les groupes se produisent bénévolement, précise Françoise Marcenac, dont les parents étaient commerçants en île Singulière. Parmi les habitués ou ceux qui veulent venir, on y trouve des gens qui aiment Brassens, bien sûr mais qui aiment Brassens orchestré différemment. Rock, jazz, salsa…
Pas question de s’embourgeoiser
“Habituellement, les hommages c’est du Brassens joué “à la Brassens”, pas chez nous. On a déjà eu des artistes qui venaient de différents pays, d’Espagne, du Maghreb, etc. Cette année, nous n’avons que des groupes français qui viennent jouer au festival.” Et pas question de s’embourgeoiser ! “Ce n’est pas le cas”, certifie Françoise Marcenac. Tout est assuré par des bénévoles, à commencer par la restauration. “On a gardé l’esprit d’origine. Ce qui importe, c’est les moments de partage”, dit-elle. Elle en veut pour preuve “le partenariat depuis l’origine avec les bars du coin où l’ambiance est basé sur l’amitié”.
Retenu par Montpellier capitale de la culture
Rien de factice ou d’ampoulé dans ce festival qui a gagné une certaine notoriété. “On a des festivaliers qui viennent parfois d’assez loin, qui réservent une chambre pour venir à ce festival” que tout le monde attendait et qui voit sa popularité grandir. “C’est un festival qui compte dans la vie sétoise. On est, par ailleurs, aidé par la ville de Sète. Et on a été retenus dans le cadre de Montpellier, capitale européenne de la culture” qui présente cette candidature notamment avec Sète.
Quelques copains musiciens qui se tapèrent un boeuf…
Ce festival est né de l’initiative simple du Sétois José Capel, lui-même musicien, qui organisa en 2014 une sorte d’hommage improvisé, à l’angle de la rue Georges-Brassens et la rue Révolution, à deux pas de la maison familiale de Brassens. Quelques copains musiciens y tapèrent là un boeuf, directement dans la rue, durant un week-end, avec, déjà, des groupes amateurs qui reprirent du Brassens à leur sauce sur une petite scène. De grandes tables occupèrent une partie de la rue, avec macaronade obligatoire…! Ce départ bien lancé, Cap Brassens eut l’idée de monter chapiteau sur l’esplanade ; des groupes y vinrent, toujours durant la même semaine d’octobre y jouer ferme des airs du poète sétois.
La procession de la sirène en hommage à la Supplique
Son coup de coeur, à Françoise Marcenac ? Presque tous ! La Bise à Madame : “Ils sont assez nombreux et jouent du Brassens façon musique du monde avec des rythmes d’Amérique du Sud ; c’est très entrainant, très coloré, très joyeux. Il y a aussi les Zazous Zélés que l’on ne présente plus ou encore Amandonné. Il y aussi les Pébrons Farcis qui viennent de Toulouse…” Il ne faut pas oublier la procession quelque peu surréaliste avec des bénévoles qui s’élancent du domaine du Lazaret en portant une sirène, un fantasme réalisé en résine par Jean-Louis Borg ; une fanfare accompagne les processionnaires et les passants qui le veulent s’ajoutent à cette joyeuseté.
La sirène devient animal totémique !
Cette histoire remonte à l’époque où Brassens cherchait l’inspiration pour écrire la Supplique pour être enterré sur la plage de Sète. L’association a imaginé voilà quelques années planter un pin près du domaine du Lazaret. Là, révérences faites, “on s’installe et on chante.” Suite une procession mémorielle retour. Un paganisme de bon aloi qui marque la fin du festival. “Cette sirène fait d’ailleurs partie, désormais, des animaux totémiques des communes de la Région !”
Et Françoise Marcenac d’avouer : “On aimerait avoir des subventions un peu plus importantes pour avoir un ou deux salariés, au moins une secrétaire.” La présidente veut-elle se munir d’une charte comme Escale à Sète pour se prémunir de dérives d’entrisme ou de récupération, ce qui changerait la philosophie de Cap Brassens ? “Cela ne nous a jamais effleuré, dit-elle dans un premier temps. Mais pourquoi pas…” Pour garder le Cap !
Olivier SCHLAMA
👉 (1) Sans oublier La traditionnelle Brassenade le mercredi 26 à midi : grand banquet-concert. Cuisine sétoise sous le grand chapiteau Menu 19 €, boissons comprises. Réservation à l’office du tourisme, 60 Grand’Rue Mario Roustan, à Sète : 04 99 04 71 71 vente en ligne : www.archipel-thau.com
Brassentistes, festival de films, musiciens géniaux
Brassens a été honoré de mille et une façons. Il y eut jadis à Sète le décrié festival de films, sous la municipalité Marchand, avec ses paillettes et ses artistes parisiens. Il y eut à l’opposé les drolatiques “brassentistes”, de joyeux drilles qui allaient jusqu’au mimétisme dans l’habillement, l’accoutrement, aux accessoires essentiels pour ressembler au plus près au grand Georges. Pour crier au poète, même auprès les sourds. Mais avant tout éveillés à sa poésie et à la liberté. À ce petit coin de paradis.
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