Ce sont deux décisions importantes, qui sonnent comme des victoires, pour les riverains des vergers industriels de Fontorbe (groupe Les Vergers du Sud), à Lavaur dans le Tarn : Le Tribunal de Castres a déclaré nulles toutes les assignations à l’encontre d’associations environnementales. Et les communes d’Ambres, Giroussens, Labastide Saint-Georges et Saint-Lieuxles-Lavaur se sont dotées d’anémomètres connectés qui permettront de surveiller les conditions d’épandage.
Rappel des faits : En mars 2022, le documentaire On Nous Enfume : quand la pomme nous empoisonne la vie, a fait l’objet d’une plainte de la part de la SCEA Fontorbe pour dénigrement contre 5 associations (Vaurais Nature Environnement, l’UPNET, FNE Midi-Pyrénées, React Transnational et Les Coquelicots du Vaurais), la Confédération Paysanne du Tarn et la réalisatrice du film.
L’éternel combat de David contre Goliath
Après un an de procédure judiciaire, le juge du tribunal de Castres (en date du 6 avril 2023) a déclaré nulles toutes les assignations et a condamné la SCEA Domaine de Fontorbe à verser la somme de 1500 euros en application de l’article 700 du code de procédure civile, a-t-on appris par un communiqué des associations.
La SCEA Domaine de Fontorbe a exprimé sa volonté d’interjeter appel de la décision.
Pour les associations toutefois, “c’est une belle victoire pour la liberté d’expression et la protection des riverains d’exploitations agricoles industrielles, qui s’inquiètent pour leur santé et celle de leur environnement. C’est le sempiternel combat de David contre Goliath !”
Accéder à la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=qCT7wbSqAcQ
Des anémomètres communaux pour mesurer et alerter
D’autre part, quatre anémomètres communaux connectés, pour mesurer la puissance du vent lors des épandages vont être installés. Le premier sujet de préoccupation soulevé par les habitants étant en effet celui des épandages de produits phytosanitaires, notamment par grand vent.
La pomme est le fruit qui reçoit le plus de traitements phytosanitaires avec, selon les associations, “environ 35,1 traitements subis pendant la campagne”, citant une étude du ministère de l’Agriculture (Agreste), parue en 2011.
La réglementation sur le sujet indique, précisent les associations, “qu’au-delà de 19 km/h tout épandage est interdit. Or, le 14 mars 2022, la SCEA Fontorbe a répandu des produits phytopharmaceutiques malgré une vigilance orange de vent violent dans le département.” Une enquête est toujours en cours à ce propos, Lucas Crosnier, le directeur du Domaine de Fontorbe, avait été placé en garde à vue du chef “d’utilisation de produit phytopharmaceutique sans respecter les conditions d’utilisation déterminées par l’autorité administrative”, avait précisé le parquet de Castres.
(Contactés à l’époque par Dis-leur ! à plusieurs reprises par mail, les Vergers de Fontorbe n’ont jamais répndu à nos sollicitations.)
“Nous sommes en plein cœur de la période des épandages. L’idée est avant tout d’avoir une vision précise de la force du vent sur l’ensemble du secteur en temps réel, et d’avoir accès à un historique précis de toutes ces données. Car plusieurs riverains nous alertent sur des épandages réalisés en dépit du vent, sans être certains de sa puissance. Aujourd’hui nous pouvons enfin le mesurer et alerter les autorités compétentes“, se félcitent les associations, qui regrettent cependant que “le maire de Lavaur se soit opposé à l’installation d’un anémomètre sur sa commune alors même que sont cultivées la majorité des variétés conventionnelles, qui plus est à proximité directe d’une structure accueillant des personnes handicapées, et de nombreux riverains.”
Le traumatisme des fumées d’avril 2021
Les Vauréens restent traumatisés par l’épisode des fumées provoquées par le Domaine de Fontorbe pour lutter contre le gel en avril 2021 (lire plus bas). Des nuages de fumées opaques sur plusieurs kilomètres à la ronde provoquant l’hospitalisation d’au moins vingt personnes, le déclenchement du plan blanc à l’hôpital de Lavaur, et la fermeture de la départementale D87 sur 5 km durant la matinée du 13 avril 2021.
Peu de personnes avaient conscience de l’étendue de ces vergers jusqu’alors (325 hectares soit l’équivalent de près de 450 terrains de foot).
Les riverains souhaitent désormais que des analyses de l’air régulières soient faites, ainsi qu’une enquête sanitaire. Car si les agriculteurs sont les premiers concernés par les maladies liées à l’usage des produits phytosanitaires, l’exposition des riverains à ces produits n’a pas encore été étudiée…
Philippe MOURET
Toutes les illustrations de cet artice sont des captures d’écran du film ON NOUS ENFUME. Agro-industrie, quand la pomme nous empoisonne la vie
Dis-leur ! suit l’affaire :
Tarn : Une action collective engagée contre les fumées toxiques des Vergers de Fontorbe
Mobilisation : La pomme de discorde des feux antigel dans le Tarn
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