Dons aux associations : Au-delà du Téléthon, les Français plus généreux mais moins nombreux

Les Français sont généreux. Le Téléthon 2022 le prouve à nouveau avec plus de 78 M€ promis à travers le pays, au-dessus des 73,6 M€ de 2021. Au-delà de ces deux jours en faveur du financement de la recherche sur les pathologies complexes et rares, nos concitoyens ont donné plus de cinq milliards aux associations et fondations. L’Occitanie se classe 5e région française.

Décembre, c’est le mois du don ! Pour sa 27e édition, le réseau d’experts Recherches & Solidarités “au service de toutes les formes de solidarités” publie son bilan de la générosité des Français (1) envers les associations caritatives et les fondations. Quel bilan dresse-t-on de la générosité des Français au cours des deux dernières années marquées par la crise sanitaire due au covid ? Ce réseau d’experts résume : “Après une forte augmentation du montant des dons déclarés au titre de l’impôt sur le revenu en 2020 (+ 7,1%), 2021 reste à la hausse (+ 1,9%) malgré un contexte encore incertain et les tensions économiques et sociales.” D’après ces données officielles et l’estimation des dons qui ne sont pas déclarés et de ceux qui sont consentis de la main à la main, les particuliers auraient donné entre 5,3 et 5,5 milliards d’euros, en 2021.

L’Occitanie incluse dans “la diagonale généreuse”

En Occitanie, on atteint 20,1 % de donateurs parmi les foyers soumis à l’imposition (moyenne nationale : 19,9 %), soit le 5e rang national, après la Bretagne, l’Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et le Grand Est. Ce classement varie peu année après année. Le rapport souligne l’existence “d’une diagonale généreuse”, des Pyrénées-Atlantiques (10e rang des départements français) aux Bas-Rhin et Haut-Rhin. Dans cette diagonale, on trouve, en Occitanie, la Haute-Garonne, le Tarn, le Tarn-et-Garonne et le Lot. Parmi les douze départements qui ont vu leur densité de donateurs baisser sensiblement, il y a l’Ariège, le Gers, les Hautes-Pyrénées, le Lot-et-Garonne et l’Aveyron.

“De nombreux donateurs ont retrouvé leurs habitudes…”

Cette augmentation est conforme à celle observée à partir du panel de 1,54 milliard d’euros de collecte issu de 149 associations et fondations. Et ce, malgré des montants exceptionnels de dons en 2020, en réponse à la crise sanitaire. “De nombreux donateurs ont retrouvé leurs habitudes de dons en direction des causes qui leur sont chères, sans délaisser l’action sociale et la recherche médicale.” Ce n’est pas tout. La progression du nombre de foyers donateurs (+ 3,4% en 2020) aura, quant à elle, été éphémère. Leur nombre a baissé de 1,9% en 2021, ce qui confirme la tendance baissière observée depuis 2015.

Cela a deux conséquences, selon Recherches et solidarités. D’une part, la proportion des foyers imposables déclarant un don passe sous la barre des 20 % mais ceux qui donnent sont plus généreux. Au plan territorial, la diagonale généreuse observée depuis des années se confirme, des Pyrénées-Atlantiques à l’Alsace. Le don moyen annuel présente une nouvelle hausse : de 570 euros à 591 euros.

Les moins de 30 ans se démarquent

Les moins de 30 ans se démarquent de leurs aînés et confirment leur regain d’engagement constaté par ailleurs. Ils affichent un don moyen de 365 € (347 € en 2020). Certes, inférieur à celui des générations suivantes, mais leur “effort de don” au regard de leurs revenus rejoint presque celui des plus de 70 ans (2,5 % pour 2,6 %).
Pour les foyers de la plus haute tranche de revenus (plus de 78 000 €), la proportion de donateurs imposables suit la tendance générale au repli, passant de 42 % à 40 %. Leurs dons représentent toutefois 35 % des montants déclarés (32 % en 2020), et leur don moyen s’élève à 1 526 €.

Enfin , les dons déductibles de l’impôt sur l’IFI, ils ont progressé en 2021, sensiblement comme en 2020 (13 % pour 12 %). Le nombre ainsi que la densité des donateurs ont peu évolué : 31 000 donateurs, représentant 19,2 % des redevables, affichent un don moyen de 6 000 €.

Dans les foyers qui gagnent le plus (plus de 78 000 € déclarés par an), 60 % ne donnent pas d’argent aux associations ou fondations…”

Professeur à l’université Gustave Eiffel, membre du comité d’experts de R&S, Sophie Rieunier analyse : “L’étude de cette année montre que le nombre de foyers de donateurs a légèrement diminué en 2021 alors que les montants donnés ont légèrement augmenté. Ceci devrait nous alerter sur la nécessité de continuer à donner, si on le peut, d’année en année, pour continuer à aider le secteur des associations et des fondations.”

Elle ajoute : (…) “Dans les foyers qui gagnent le plus (plus de 78 000 € déclarés par an), 60 % ne donnent pas d’argent aux associations ou fondations.” Pourquoi ces foyers ne donnent- ils pas alors qu’ils en ont les moyens ?L’universitaire répond : “Face à ce chiffre, on peut être assez dépités, et se dire que la majorité des personnes aisées sont égoïstes et individualistes. Mais on peut aussi voir ce chiffre comme un message d’espoir, car il montre une “réserve de générosité” importante au sein de notre pays.”

Olivier SCHLAMA

(1) – Les données de la Direction Générale des Finances Publiques concernant les dons de 31 000 redevables à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) et de 4,8 millions de foyers fiscaux donateurs au titre de l’impôt sur le revenu, en 2021. Les montants collectés par 149 associations et fondations représentant 1,54 milliard d’euros issus des Comptes d’emploi des ressources publiés au Journal officiel. Ce réseau s’appuie sur des données d’organismes officiels et sur ses enquêtes annuelles pour produire des publications nationales, régionales et départementales.

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