Deux semaines sur la santé sexuelle en Occitanie : “Le chemsex, une réalité dans la région”

L’ARS Occitanie coordonne jusqu’au 15 juin 410 initiatives dans la région sur les maladies sexuellement transmissibles, les violences et le consentement, notamment envers les jeunes, pour lesquels “la sexualité a changé”... Un colloque régional sur le chemsex est même prévu à Montpellier. Une première.

C’est le professeur Alain Makinson qui le dit avec toute la nuance nécessaire en ces temps où “la sexualité chez les jeunes a changé” et pour que, donc, la mobilisation ne faiblisse pas : “On a comptabilisé 5 800 contaminations au virus du sida, le VIH, en 2021 au niveau national. Un chiffre en baisse”, pose l’infectiologue au CHU de Montpellier et président du Comité de coordination régional de la lutte contre le VIH et les IST, maladies sexuellement transmissibles.

“Relative stabilité des sérologies positives au VIH” 

Il ajoute, dans la foulée : “C’est un progrès mais il y a probablement eu un sous-dépistage en 2020”, pour cause de pandémie de covid-19. En Occitanie, complète l’ARS, on enregistre une “relative stabilité du nombre de sérologies positives au VIH entre 2020 et 2021 (+ 2%) après avoir baissé en 2019 et 2020.” Quant aux IST bactériennes, l’ARS identifie une “augmentation en 2021 du taux de diagnostic des infections pour le chlamydia trachomatis” et “une hausse des diagnostics d’infections à gonocoque et augmentation modérée des syphilis récentes.”

La sexualité des jeunes a changé. Ils mettent moins le préservatif d’où l’importance de cette quinzaine nationale de la santé sexuelle”

“Une partie de cette baisse est cependant imputable aux efforts en matière de prévention dans la population générale” mais il ne faut pas relâcher les efforts envers les populations homosexuelles et surtout chez les plus éloignés du soin, à l’instar des jeunes où il peut y avoir “un sous-diagnostic” structurel. Le professeur ajoute que pour les autres IST (infections sexuellement transmissibles), on constate une “incidence qui a augmenté chez les jeunes et les jeunes femmes plus particulièrement ; la sexualité des jeunes a changé. Ils mettent moins le préservatif d’où l’importance de cette quinzaine nationale de la santé sexuelle (1)“, relayées en Occitanie par l’ARS, l’Agence régionale de santé.

Contraception, violences et consentement, prévention…

Durant ces deux Semaines de la santé sexuelle en Occitanie du 1er au 15 juin, quatre thématiques sont définie cette année : grossesses non prévues et contraception, prévention infectieuse, violences et consentement, dysfonctionnements sexuels. Ainsi, plus de 410 actions seront menées par les différents acteurs engagés en Occitanie avec associations, collectivités locales, professionnels et établissements de santé, institutions, etc. dont, dans le Lot, la réalisation d’un court métrage par des ados en “transition de genre”, avec une projection suivi d’un débat.

Taux de recours à l’IVG au-dessus de la moyenne

Les grossesses non désirées ? “Le taux de recours à l’IVG est un peu au-dessus de la moyenne nationale, en Occitanie, avec 14,9 IVG pour 1 000 femmes. Mais cette différence a tendance à s’amenuiser”. En France, malgré une couverture contraceptive élevée, une grossesse sur trois n’est pas désirée et 64 % d’entre elles donnent lieu à une interruption volontaire de grossesse. La contraception d’urgence reste, elle, sous-utilisée”, rapporte l’ARS, notamment par la voix de Sophie Albert, DG adjointe.

“Le chemsex est une réalité dans notre région”

De la même manière le fameux chemsex (chimical sex), une pratique malheureusement popularisée par l’affaire Palmade “n’est pas une pratique nouvelle ; elle date d’une dizaine d’années, à bas bruit, à la faveur de la création de produits de synthèse. Nous avons beaucoup de retours de professionnels de santé et d’associations spécialisées sur ce phénomène. Le chemsex est une réalité dans notre région”, a souligné Thibault Tarral, animateur du Corevih Occitanie. Le rapport du professeur Amine Benyamina, psychiatre à Paris le confirme.

Où l’on apprend que plus de 10 % des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes y ont recours. Et où l’on apprend également que le 1er chemsex de l’histoire date de la Rome Antique où l’on préparait un breuvage à fait de miel et de pavot. D’où la conclusion pleine de bon sens du professeur Alain Makinson : “Il ne faut pas relâcher l’effort ; continuer à travailler tous ensemble et aller vers les jeunes…” Un colloque régional est même prévu au chemsex, à Montpellier, les 17 et 18 novembre prochains, une première sur ce nouvel enjeu de santé.

Les mineurs de plus en plus exposés au porno

Sans parler de l’accès aux sites porno par les mineurs, comme l’exprime un récent rapport de l’Arcom, l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. Un tiers des moins de dix-huit ans passent plus de cinquante minutes par mois sur des sites pornos, soit à peine moins que chez les adultes (37 %). Soit 2,3 millions de mineurs sont ainsi exposés aux images pornographiques, soit 600 000 jeunes de plus qu’à l’automne 2017 lors de la première mesure d’audience sur trois écrans (ordinateur, smartphone, tablette). La santé sexuelle, nouvel enjeu de santé publique.

Olivier SCHLAMA

  • (1) Les contaminations IST ont aussi progressé statistiquement parce qu’il y a de plus en plus de dépistages et que “les dépistages sont désormais plus structurés.” Et plus faciles d’accès : on peut se faire dépister gratuitement et sans ordonnance. N’empêche : le nombre de cas réels, déclarés est lui aussi en hausse hors dépistage.

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