“Le retour en nombre des lecteurs en librairie, jeunes ou adultes, à l’issue du premier confinement a illustré une soif de lecture, porteuse de mille imaginaires, et cette volonté de défendre nos lieux de vie, de débats d’idées et de culture au cœur des villes. Sachons l’entendre…”
Cet extrait de la pétition adressée par le Syndicat de la librairie française au président de la République résume bien le ressenti de la profession, partagé par de nombreux Français. On se demande bien, en effet, en quoi les librairies indépendantes sont moins “essentielles” que les jardineries ou les magasins de bricolage !
Déjà 161 358 signatures pour la pétition du Syndicat de la librairie française
Pas etonnant, dès lors, que la pétition ait déjà réuni plus de 160 000 signatures, dont celles des Boris Cyrulnik, Joan Sfarr, Erik Orsenna, Sandrine Kiberlain, François Cluzet, Philippe Labro ou la maire de Paris, Anne Hidalgo, pour ne citer qu’une poignée des célébritées concernées.
La Ville de Paris soutient d’ailleurs une initiative qui a débuté lundi à 15h et qui voit chaque jour des écrivains se rendre dans la librairie de leur choix afin de “rallumer les lumières (…) en signe de résistance et de solidarité…” En soutien aux libraires, le jury du Prix Goncourt avait auparavant décidé de reporter l’annonce du lauréat de ce prestigieux prix littéraire.
Certes le ministère de l’Economie a annoncé que les grandes surfaces doivent fermer leurs rayons livres et culture “par souci d’équité” envers les librairies. Une initiative déjà spontanément annoncée par la Fnac. Alexandre Jardin soulignait sur twitter l’incongruité de ce choix : “On atteint le max de la folie : les libraires râlant d’être fermés alors que la FNAC ou LECLERC restaient ouverts, Bercy vient de décider la fermeture des rayons Culture des gdes surfaces. Au lieu d’ouvrir les librairies ! Résultat, la culture en Fr s’appelle AMAZON. C’est fou.”
Le “click and collect”, la réponse des libraires
Certes, les libraires indépendants sont toujours plus nombreux à adopter le système du “click and collect” (commande en ligne et retrait en magasin, NDLR) ainsi que le préconise d’ailleurs le gouvernement : “Le système de click and collect est possible et sera encouragé par des aides spécifiques” ont affirmé Bruno Le Maire et Roselyne Bachelot qui réuniront prochainement “l’ensemble des acteurs de la filière du livre pour étudier avec eux les modaltés d’une éventuelle réouverture des librairies.”
A l’heure où le pays doit faire face aux coups redoublés de l’obscurantisme et semble vouloir ériger sa culture comme l’ultime rempart, le destin des librairies est au coeur de l’actualité. Comme le souligne la pétition du Syndicat des libraires : “Les librairies jouent un rôle que nul autre ne peut tenir dans l’animation de notre tissu social et de notre vie locale, pour la transmission de la culture et du savoir et le soutien à la création littéraire. Elles sont en outre un des plus efficaces remparts contre l’ignorance et l’intolérance.”
On peut noter, d’ailleurs, que chez plusieurs de nos voisins européens, en Allemagne, en Belgique et en Italie par exemple, les librairies restent ouvertes malgré le confinement…
Plus de 250 librairies en Occitanie
Le sujet est tout aussi central en Occitanie. La région (selon les plus récents chiffres de l’agence Occitanie Livre & Lecture) compte 253 librairies indépendantes recensées (dont 55 en Haute-Garonne et 35 dans l’Hérault). Mais aussi 394 éditeurs professionnels. Alors pour ne pas laisser le champ libre à un seul grand gagnant bien connu sur internet… achetez vos livres auprès de vos libraires de proximité !
Philippe MOURET
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