Par quels processus les sociétés depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui identifient-elles leurs héros ? Exploits, rigueur morale, esthétique, sacrifices… L’exposition qui se tient actuellement au Château de Foix propose d’explorer les différentes facettes de l’héroïsme, à travers trois périodes : l’Antiquité, le Moyen Âge, et l’époque contemporaine. D’Hercule aux super-héros en passant par Fébus le Lion des Pyrénées, cet événement associe des collections du patrimoine à des icônes de la Pop-Culture…

Comment et pourquoi les civilisations humaines construisent-elles des personnages si exceptionnels que leurs hauts faits demeurent dans les mémoires, alors même que les circonstances historiques s’effacent ? Thésée tue le Minotaure, Alexandre tranche le noeud gordien, Vercingétorix s’oppose à César, de Gaulle lance l’Appel du 18 juin… : “Le héros est d’abord un homme d’action. Il surgit lorsque la communauté risque de régresser vers le chaos, a besoin de refaire son unité ou de tenter l’impossible.”

“Non dénué d’ambiguïtés, son statut est toujours paradoxal : dieu pour les hommes mais homme pour les dieux. Oscillant entre le religieux et le laïc, le héros participe de la condition humaine tout en la dépassant” peut-on lire sur le site de la {BnF (Bibliothèque nationale de France) qui souligne, par ailleurs, que “si nous pouvons nous réjouir, en France, de la disparition de héros historiques, signe de l’éloignement relatif des guerres et des dictatures, nous rêvons toujours de figures de l’excellence qui tentent de concilier héroïsme et humanisme et qui distingueraient un modèle d’une image.”

En 2007 la Bibliothèque Nationale de France avait organisé une exposition, “La fabrique des héros” : https://essentiels.bnf.fr/fr/article/4d674d1d-e675-4f0f-b39d-2082669f250d-quest-ce-quun-heros-1

Héros de tous les temps, de toutes les cultures

L’évolution du monde montre que l’image du héros n’est pas prête de disparaître, comme le souligne d’ailleurs Laurent Subra, directeur d’exploitation du SESTA (Service d’Exploitation des Sites Touristiques de l’Ariège) : “Ces cinq dernières années ont été marquées par de nombreux traumatismes : périodes d’attentats depuis 2015, covid de 2020 à 2022, crises migratoires, qui ont plus que jamais mis en exergue celles et ceux qui ont dû faire preuve de courage. Forces de l’ordre, sauveteurs, aide soignantes et infirmières, ripeurs sont apparus dans notre quotidien comme les héros des premières lignes, discrets mais indispensables acteurs de ces périodes sombres, applaudis par tous, héros et héroïnes d’aujourd’hui ou pour un temps.”

Si l’exposition donne la part belle à la période du Moyen Âge en lien avec l’histoire du château, “nous sommes partis de la Préhistoire jusqu’à nos jours pour interroger la notion d’héroïsme. Le corpus de l’exposition c’est la diachronie dans le temps, c’est regarder l’Histoire et le patrimoine par rapport à notre époque contemporaine, explique Laurent Subra. C’est pour ça que dans chaque période historique de l’exposition on retrouve des personnages que l’on connait aujourd’hui, comme Iron Man. C’était aussi l’idée de voir les sources d’inspiration à travers le temps, un croisement des temps. On mêle art contemporain, pop culture, objets patrimoniaux dans chacune des sections historiques.”

Diversité des oeuvres, des artistes, des origines…

D’une diversité remarquable, l’exposition “Héros et Héroïnes” est un assemblage unique en France d’œuvres d’artistes de renommé locale, nationale et internationale. “Des acquisitions ont été faites pour cette exposition, des œuvres ont été prêtées par différents musées et artistes. Des œuvres et objets proviennent également des collections départementales, d’autres ont été prêtés par des communes ariégeoises, protégés au titre de la conservation des antiquités et objet d’art, et restaurées pour l’occasion, ou encore des collectionneurs privés…”

Parmi les artistes exposés, citons Sacha Goldberger (photographe et auteur), Léo Caillard (artiste contemporain et plasticien), Arnaud Chochon (photographe), Jean-Yves Ferri (ariégeois, , illustrateur et scénariste de bandes dessinées), Anthony Jean (dessinateur de BD), etc. Des oeuvres ont été notamment prêtées par le Musée Fabre de Montpellier, les musées toulousains Saint-Raymond, et Musée des Augustins, par le Musée du Pays-de-Luchon, le Musée Paul-Voivenel, le Musée de la préhistoire du Mas d’Azil et bien d’autres…

Pour en savoir plus, il faudra se rendre au Château de Foix car, comme  le dit André Malraux dans L’Espoir : “Il n’y a pas de héros sans auditoire…”

Philippe MOURET

Horaires : Musée seul (château fermé pour travaux jusqu’au 30 juin inclus) : Au mois de mai, ouvert tous les jours de 10h à 18h (fermé les 6, 13 et 27); juin : ouvert tous les jours de 10h à 18h. Tarifs : Jusqu’au 30 juin inclus (musée seul, château exceptionnellement fermé) – Adulte : 6,25 euros; Enfant et jeunes de 5 à 18 ans : 4,50 euros; Moins de 5 ans : gratuit. Étudiant (-26 ans) : 5 euros. Pass famille (2 adultes, 2 enfants) : 20 euros. A partir du 1er juillet 2024 (billet unique musée + château) : Adulte : 12,50 euros; Enfant et jeunes de 5 à 18 ans : 9 euros; Moins de 5 ans : gratuit; Etudiant (-26 ans) : 10 euros; Pass famille (2 adultes, 2 enfants) : 40 euros.

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