Le département de l’Aude a réussi sa campagne de voeux institutionnelle en ôtant les lettres A.U.D.E. de ses slogans. De quoi interpeller et, in fine, faire comprendre aux habitants l’utilité de cette collectivité qui subit des coupes budgétaires.
Ne changez pas vos lunettes ; ne croyez pas non plus à une langue catalane ancienne… Pour dénoncer les restrictions budgétaires imposées par le gouvernement, le département de l’Aude a choisi d’en dénoncer les conséquences sur son action, à travers une campagne de communication originale. Comment ? En enlevant volontairement quatre lettres dans les slogans de sa communication institutionnelle ! Moins de financements pour ses missions ? Pour le montrer, les slogans de nouvelle année ont des lettres en moins et pas n’importe lesquelles : A.U.D.E. Par exemple, meilleurs voeux devient Millrs vox ! Avec un sous-titre évocateur : “Avec le département, tout prend sens !” De quoi interroger !
Cela fait quatre ans que je fais les voeux ; jamais personne ne m’a dit s’ils sont bien ou pas bien. Là, on m’interpelle ! C’était le but”
“C’est une campagne décalée, un peu provocatrice. On est dans une période avec les coupes budgétaires, celles qui sont annoncées ; celles que nous avons vécues… Très anxiogènes mais qui viennent questionner directement l’utilité du département et de son action”, commente Hélène Sandragné. La présidente du conseil départemental de l’Aude explicite : “Quand le gouvernement Barnier n’était pas encore tombé, on en était à évoquer, comme d’autres, des manifs, entre autres. Il tombe.”
Hélène Sandragné poursuit : “On avait en même temps à choisir notre campagne de voeux, plus, localement, l’expression d’une demande des agents qui voulaient que l’on valorise notre action. Finalement, on s’est dit : notre campagne de communication institutionnelle ne pourrait-on pas s’en servir pour dire aux gens : sans le département, rien n’a de sens. Cela fait quatre ans que je fais les voeux ; jamais personne ne m’a dit s’ils sont bien ou pas bien. Là, on m’interpelle ! C’était le but.” Et : “Ce n’est pas une année comme les autres pour les collectivités départementales. Il fallait que l’on fasse quelque chose autrement. Décalé. Interpellé.”
“La campagne interpelle mais ne donne pas la réponse au décryptage au 1er coup d’œil. Elle est là pour interroger”
Cette campagne est, de plus, astucieusement déclinée. Elle suit les grandes compétences du département : collèges, routes, soutien au grand âge et biodiversité. Derrière le slogan, où il manque des lettres, il y a le vrai message. “Grâce à notre action dans le quotidien de nos concitoyens, tout prend sens, indique-t-on au département. Cette absence de lettres renvoie à ce que serait notre absence du territoire : quelque chose qui n’a pas de sens. C’est une campagne qui interpelle mais qui ne donne pas forcément la réponse au décryptage du message dès le premier coup d’œil. Elle est là pour faire parler, pour interroger. Car avec cette interrogation nait le début d’une réflexion, d’une compréhension et, nous l’espérons, d’une adhésion au message sous-jacent.”
“Nos recettes en diminution, nos dépenses en hausse”

C’est lors de la présentation des vœux aux forces vives du département ce vendredi 17 janvier, qu’Hélène Sandragné, la présidente du conseil départemental, a révélé cette campagne originale en présence de tous les élus départementaux, faisant connaître sa position et ses inquiétudes sur les conséquences des restrictions budgétaires. “Parce que la situation économique actuelle combinée aux choix gouvernementaux de ces derniers mois, voire de ces dernières années, conduisent à la réduction irrémédiable de nos capacités d’action. La logique à l’œuvre est assez simple : nos recettes sont en diminution alors que nos dépenses sont en augmentation”, a souligné Hélène Sandragné lors de son allocution : “La collectivité se voit contrainte de bâtir un budget pour 2025 avec 20 M€ de recettes en moins.”
Seconde vague de messages plus classiques prévue
“C’est pourquoi le département a souhaité interpeller les Audois en retirant les lettres A, U, D, E de ses affiches. Un moyen de capter l’attention du public pour insister sur la valeur indispensable des missions du département et leur impact dans la vie quotidienne des habitants. Rappeler le sens des missions du Département, c’est aussi se battre pour maintenir des services publics efficaces. Malgré le contexte incertain, nous ne baisserons pas les bras et nous continuerons de mener des projets qui améliorent la vie quotidienne des Audoises et des Audois”, a assuré Hélène Sandragné en conclusion de son discours.”
Et Hélène Sandragné de révéler : “La première “vague” était pour interpeller. Il y aura une seconde vague d’affiches et de messages “classiques” qui reprendra les mêmes messages avec une lecture immédiate avec ce que nous faisons pour les collèges, les personnes âgées, la biodiversité, les routes. On redonnera ainsi le sens.”
Olivier SCHLAMA
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