Municipales : La santé près de chez soi se confirme comme l’une des principales attentes

« Sur le terrain, on ne me parle que de ça ! », dit Vincent Bounes, vice-président de la Région. Ph. Léo Arcangeli, Région Occitanie

Selon France Assos Santé, fédération d’associations de patients, la santé près de chez soi “suscite de fortes attentes”. Vice-président de la région et patron de Samu, Vincent Bounes confirme ce qu’il entend tous les jours sur le terrain. C’est aussi pourquoi la région Occitanie continue plus que jamais à ouvrir des centres de santé – déjà 26 – et à embaucher des médecins, déjà 110 contrats signés.

À désormais quatre mois des élections municipales, une enquête CSA pour France Assos Santé (1) nous éclaire sur les attentes des Français vis-à-vis de leurs élus locaux. Première d’entre elles, la santé qui s’impose devant la sécurité des biens et des personnes. Et en santé, la priorité, c’est l’accès aux soins. Cette préoccupation devrait s’inviter au salon des maires qui s’ouvre ce 18 novembre à Paris.

La santé près de chez soi “suscite de fortes attentes”,

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La santé près de chez soi “suscite de fortes attentes”, juge France Assos santé. La santé pour tous partout. “La santé constitue l’attente numéro un des Français (70 %) vis-à-vis de leur prochain maire, devant la sécurité des biens et des personnes (68 %), la lutte contre les incivilités (62 %) et la gestion des finances et de la dette de la commune (57 %). La santé s’impose quelles que soient la région (17 sur 18) et la taille de l’agglomération. Et même si des différences se font jour, quand on analyse les résultats à la lumière de la sensibilité politique des répondants, la santé demeure dans le peloton de tête”, explique l’association. Ce n’est pas pour rien que la Région Occitanie a investi dans ce secteur.

De plus en plus de patients, malades, n’ont pas de parcours de santé cohérents ; pas de médecin traitant, vont aux urgences de l’hôpital pour se faire soigner pour des pathologies qui relèvent de la médecine générale”

Vincent Bounes a la particularité de porter une double casquette. Celui qui est patron du Samu 31, est totalement en phase avec les résultats de ce sondage : “Je vis dedans et je le vois au quotidien. »  Il confie que “de plus en plus de patients, malades, n’ont pas de parcours de santé cohérents ; pas de médecin traitant, vont aux urgences de l’hôpital pour se faire soigner pour des pathologies qui relèvent de la médecine générale. Ils essaient et ils essaient en vain de trouver un toubib dans la journée et ils viennent à l’hôpital en fin de journée ou dans le week-end. Du coup, ces soins médicaux de médecine générale à l’hôpital ont augmenté sensiblement de 8 % à 10 %.” Une croissance énorme.

Occitanie : 40 centres de santé d’ici la fin du mandat

Un centre de santé de la région Occitanie. Ph. Léo Arcangeli, région OCcitanie.

Celui qui est aussi vice-président de la région Occitanie chargé de la santé et de la désertification médicale dit simplement : “Quand je vais sur le terrain, on ne me parle que de ça : la santé ! Et la santé de proximité.” C’est lui qui est à l’origine de la création des centres de santé par la région Occitanie, dont Dis-Leur vous a parlé ICI. Il en existe 26 à ce jour.  A ce jour, la collectivité a signé 110 contrats de travail à des médecins. “Et cela ne coûte pas excessivement cher puisque le produit des consultations est reversé à 70 % au groupement Ma Région Ma Santé.” Conclusion, “cette mesure coûte 1,5 M€ par an à la Région Occitanie”, hors achat, construction ou rénovation de bâtiments. Mais l’enjeu en vaut la chandelle : “Les premiers centres que nous avons ouverts sont à l’équilibre ou pas loin au bout de trois ans de fonctionnement. Nous prévoyons toujours 40 centres de santé d’ici la fin du mandat, en 2027 et l’embauche de 200 professionnels de santé.”

“Préoccupation majeure, conforme à la réalité du terrain, avec 7 millions de personnes sans médecin traitant”

Justement dans le sondage Ipsos-France Assos Santé, on apprend que lorsque l’on leur demande “ce que devrait être la priorité des priorités de leur maire, 37 % des répondants indiquent en premier le maintien et le développement de l’accès aux soins – tout particulièrement chez les 50 ans-64 ans (43 %) et les inactifs (41 %), contre 27 % pour les moins de 35 ans qui le citent toutefois. Une préoccupation majeure, conforme à la réalité du terrain, avec 7 millions de personnes sans médecin traitant…”

Concrètement, les Français attendent de leur prochain maire de prendre des initiatives visant à promouvoir aussi bien l’accès aux soins qu’un environnement favorable à leur santé. Sur un total de 14 mesures proposées, ces deux thématiques se partagent les huit premières places !

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Pour ce qui est des actions souhaitées en faveur de l’accès aux soins, l’installation de centres et/ou maisons de santé pluriprofessionnelles s’impose avec 93 % d’avis favorables. En matière de protection de leur environnement de vie, ils désignent comme importantissime la protection de la qualité de l’eau (96 % d’avis favorables), devant le choix d’une restauration collective saine et durable et la protection des enfants durant leurs 1 000 premiers jours contre les expositions aux substances chimiques néfastes et, résultat notable, l’adoption d’un règlement local pour restreindre la publicité pour les produits qui nuisent à la santé (80 % d’avis favorables).

Prêts à s’engager pour la santé

Considérant que leur quotidien est directement impacté par les projets mis en œuvre dans le domaine de la santé, 55 % des Français jugent, toujours dans ce sondage, insuffisante l’information sur ce qui est entrepris dans leur commune. A telle enseigne que 92 % d’entre eux estimeraient utile d’être associés aux décisions et aux projets des municipalités en matière de santé.

Les deux tiers des répondants (65 %) se déclarent, par ailleurs, prêts à s’impliquer pour défendre les droits des patients dans les établissements de santé de leur commune – les moins de 35 ans (77 %) et les plus de 65 ans (56 %) faisant cause commune pour faire vivre la démocratie en santé. Un engagement citoyen dont se félicite France Assos Santé, à l’heure où de nombreuses associations connaissent des difficultés, en raison du gel ou des coupes dans leurs subventions, et peinent à trouver des bénévoles.

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Ce panorama des attentes des Français en matière de santé est en phase avec les positions de France Assos Santé qui publiera prochainement ses propositions en vue des municipales. La fédération d’associations ne manquera pas de rappeler les coûts cachés de la santé : plus de 1 500 € en moyenne par an à la charge de chaque patient !, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.

Un milliard d’euros d’économies sur le dos des patients

“Ce sont les patients et les patients les plus fragiles, chômeurs, retraités, précaires qui vont encore payer le déficit de la Sécu…” maugrée un médecin. Ceux qui sont juste au-dessus des seuils sociaux qui gagnent plus de 1 145 € par mois et jusqu’à 2 500 € mensuels : soit une frange d’auto-entrepreneurs, d’artisans, de commerçants, d’agriculteurs qui paieront plus cher leur accès à la santé.

Une “idée” court-termiste : ces hausses vont aboutir à du renoncement aux soins, à donc des pathologies qui vont s’aggraver et qui seront plus… onéreuses à traiter. “Le système de santé français est davantage curatif que préventif alors que la prévention aboutit à moins de souffrance et à des économies”, abonde Marc Morel, directeur général de France Assos Santé qui a donc produit une enquête sur le sujet. Un milliard d’euro d’économies sur le dos des malades. C’était il y a un an…

Olivier SCHLAMA

  • L’enquête CSA a été réalisée en ligne, entre le 24 septembre et le 8 octobre 2025, auprès d’un échantillon de 1 638 répondants, représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus.
  • (1) Créée en mars 2017, France Assos Santé est une organisation qui porte la voix et défend les intérêts des patients et des usagers du système de santé. Elle regroupe près de 100 associations nationales qui agissent pour la défense des droits des malades, l’accès aux soins pour tous et la qualité du système de santé. Elle prend une part active dans le débat public et porte des propositions concrètes auprès des acteurs institutionnels et politiques pour améliorer le système de santé.

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