Transports : Pourquoi le port de Sète peut espérer davantage d’aides de l’Europe

Sète, port. Ph. Olivier SCHLAMA

Président de l’intergroupe Mer et Océan au Parlement européen, l’eurodéputé PS se dit “optimiste” pour que le port de Sète reçoive, comme d’autres ports intermédiaires, davantage de fonds dans le cadre de la stratégie européenne sur les ports pour y créer des quais ou en poursuivre l’électrification.

Symbole des ports moyens, la place portuaire de Sète (6 millions de tonnes attendues pour 2025), accueillait jeudi l’eurodéputé PS Christophe Clergeau, par ailleurs président de l’intergroupe Mer et Océan au Parlement européen, nanti d’une centaine d’eurodéputés. Il se dit, à l’occasion de la stratégie européenne en fevrier 2026, “optimiste : il y a un volontarisme politique européen sur le volet maritime – et c’est un rare domaine dans ce cas – et la décarbonation des transports reste un enjeu majeur. On a besoin de faire monter en puissance le trafic portuaire et maritime en substitution de la route. Même s’il peut y avoir des hauts et des bas dans ce chemin, ce chemin-là est incontournable.” 

“Mieux faire reconnaître les enjeux spécifiques et les besoins d’investissements des ports intermédiaires”

Katy Guyot, élue régionale, l’eurodéputé Christophe Clergeau, Loïc Linarès, président de l’agglo de Sète et Philippe Malagola, président du port de Sète. Ph. DR

Sa visite s’inscrit dans un calendrier favorable : “Nous sommes à un moment où il y a un agenda maritime européen offensif avec le Pacte pour les océans qui a été rendu public à Banyuls et il y aura aussi une loi sur les océans en 2026. La raison de ma venue à Sète, après Brest et Bordeaux, c’est la publication prévue en février de la stratégie européenne pour les ports. Sète a le même volume d’activités que Bordeaux et qui ne sont pas aujourd’hui prioritaires dans les politiques européennes. La bataille que je mène consiste à mieux faire reconnaître les enjeux spécifiques et les besoins d’investissements des ports intermédiaires pour que dans les prochaines politiques européennes on puisse mieux financer ces ports-là. Des ports de premier plan comme le Havre ou Marseille savent très bien se défendre tout seuls.”

“Des enjeux de développement de trafics, notamment du cabotage européen”

Il s’agit, par exemple de terminer l’électrification des quais ou de créer de nouveaux quais. “Il y a aussi des enjeux de développement de trafics, notamment du cabotage européen et des lignes vers le Sud de la Méditerranée. De quoi rendre des services à la décarbonation, précise l’eurodéputé. “Et de soutenir les entreprises et les start-ups de l’économie bleue, liée à la mer. Il faut une capacité d’accueil. J’ai aussi pu constater les liens étroits entre le port et l’université.”

Que finance l’Europe dans des ports qu’elle ne finance – pas encore – dans des ports moyens ? “Deux sources de financement sont mobilisables : celles de l’Europe gérées en direct par la Région Occitanie ; notamment pour l’électrification issu du plan de relance post-covid ; quant aux montants plus importants, ils émanent, eux, de la politique transport de l’Union européenne et jusqu’à présent elle est priorisée en fonction des volumes.”

L’Europe se doit de soutenir un maillage de ces ports de taille intermédiaire partout. Ce sont des poumons économiques”

Les ports jugés prioritaires récoltent donc davantage d’aides. Ce qui était compréhensible dans un premier temps : “Les enjeux de décarbonation du transport y étaient plus élevés.” La Région Occitanie a déjà fait beaucoup : plus de 220 M€ rien qu’à Sète depuis 2007 et la reprise de la propriété du port. “Les investissements dans le port de Sète et de la Nouvelle sont exemplaires mais la région ne peut pas, à elle seule, porter tous les investissements structurants des ports, défend Christophe Clergeau. L’Europe se doit de soutenir un maillage de ces ports de taille intermédiaire partout. Ce sont des poumons économiques.”

“Une bataille en 2026 pour des financements”

La plateforme ferroviaire va permettre de limiter le nombre de camions sur les routes. Ph. Port de Sète – Sud de France.

Les prochaines étapes ? “J’ai déjà eu un rendez vous avec le commissaire européen Kadis Costas il y a 15 jours à Strasbourg. Je lui demande de bien identifier les spécialités des différents ports. Et en quoi ils sont des leaders européens. Sète l’est par exemple dans le trafic de passagers et il faut donc le reconnaître et le soutenir.”

Ensuite, “je reviendrai vers la direction des transports de la commission européenne pour que ces points-là se retrouvent bien dans la stratégie. Tout au long de 2026, ce sera une bataille pour que dans la programmation future il y ait bien des appels à projets et des disponibilités de financement pour ces ports intermédiaires”, conclut Christophe Clergeau, qui se présente comme “l’héritier de l’Audois et ex-eurodéputé Eric Andrieu, qui a fait en sorte que j’entre dans la liste aux européennes. J’étais déjà venu fin 2023 à Sète rencontrer les pêcheurs et visiter le lycée maritime. Et au printemps 2024 à Port-la-Nouvelle, dans l’Aude”, où il était cet après-midi sur les leçons à tirer du mégafeu de cet été.

“L’Europe a déjà versé pas mal d’argent sur le port”

Conseiller régional et président du conseil portuaire de Sète, Sébastien Denaja se félicite de la “venue d’un député européen qui s’intéresse au port de Sète ; à la Méditerranée, y compris dans un contexte de révision prochaine de la Politique commune des pêches : il est bon de rappeler les spécificités de la pêche en Méditerranée”.  L’élu rappelle que la Région Occitanie gère 900 M€ de fonds européens et que “l’Europe a déjà versé pas mal d’argent sur le port de Sète” comme pour l’électrification des quais (80 % des 15 M€). Le 25 novembre, Carole Delga, présidente de région, vient à Sète pour inaugurer la première drague à hydrogène au monde (32 M€). Mais aussi inaugurer sa super-plateforme ferroviaire et électrification des quais du port.

Olivier SCHLAMA

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