Le contournement Ouest de Montpellier (Com), qui s’adresse en priorité à 70 000 habitants, va s’arrêter de jouer les Arlésiennes. Il y a quelques jours, la commission chargée de conduire l’enquête publique de cet important projet a rendu un avis favorable. Prochaine étape, le feu vert du préfet. Pour une livraison attendue en 2030.

C’est la fin d’un serpent de mer. Les conclusions rendues publiques, qui sont à lire ICI, portant sur l’impact environnemental mettent un point final à une longue attente commencée pendant la crise du covid. Directeur opérationnel chez Vinci, chargé de ce projet, Salvador Nunez se dit “satisfait du travail que nos équipes ont fourni”. Salvador Nunez ne “s’attendait pas du tout à un avis aussi franchement positif.”

“Il est possible avec un travail de qualité de convaincre”

Certes, préfet, élus à majorité et même André Deljarry, le président de la CCI ont pesé de tout leur poids. Mais compte tenu du contexte général, je m’attends à chaque fois que le résultat ne soit pas bon. On a été surpris par exemple de l’avis favorable du Conseil national de la protection de la nature qui passe son temps depuis des années à donner des avis défavorables pour des projets routiers. Il est donc possible avec un travail de qualité de convaincre, y compris des gens qui sont fondamentalement contre ces projets routiers”.

Offensif, il dit envers ceux, dont entre les lignes le collectif Autre Com, entre autres, qui dénonçaient un déni de démocratie pour une enquête publique lancée en plein mois d’août : “Il faut arrêter d’écouter des gens qui ont des pratiques entre le sophisme d’Aristote, le machiavélisme et, parfois, pour certains d’entre-eux, qui font appel à des réflexions de Montesquieu dans l’Esprit des Lois… Nulle part il est dit que cela est interdit ; et en plus on a eu plus de 5 200 avis alors qu’à l’issue de l’enquête publique initiale – interrompue par le covid, puis reprise – il y en avait eu huit fois moins ! On ne peut pas dire que cette enquête n’a pas mobilisé.”

“Projet qui va améliorer le quotidien des habitants”

Au total, 5 282 personnes se sont exprimées en proposant 5 538 observations, ce qui sont des chiffres exceptionnels. “Et, à presque deux-tiers les gens qui y ont participé s’y sont dit favorables au projet ! Quel élu n’aimerait-il pas faire un tel score ? Comme disait le philosophe Arthur Shopenhauer, certains ont l’art d’avoir toujours raison. Et que rien ne leur plaît jamais. Ce qu’il faut aussi constater, c’est que deux-tiers des gens sont favorables, confirmant notre sondage Ifop montrant que 9 sondés sur 10 sont pour ce projet (lire ci-dessous). Même le responsable de l’Ifop nous a dit qu’il n’avait jamais vu cela.”

Comment l’explique-t-il, ce plébiscite ? “Je l’explique par le fait que les gens ne regardent pas si c’est Vinci ou pas ; s’il faut mener ou pas une lutte anticapitaliste ou si une je ne sais quelle fausse considération entre en jeu. Tous les habitants à l’ouest de Montpellier, y compris les quartiers ouest, cela fait des années et des années qu’ils mettent de plus en plus de temps pour entrer dans Montpellier ; pour amener leurs enfants au collège, etc. On leur propose de réaliser un projet qui va améliorer leur quotidien : il n’y a pas de réseau ferré ; pas de tram ; de bus à haut niveau de service qui desservent ces zones-là ; et on se demande bien où ils passeraient. Et donc c’est la seule solution et donc ils sont pour.” Ce barreau routier sera accessible gratuitement. C’est les ASF qui règlent la note qui auront la possibilité d’appliquer une surtaxe à des péages.

“Des recommandations en rien contraignantes”

Les opposants à ce projet, notamment le collectif AutreCom, se sont enflammés. Et André Deljarry, président de la CCI de l’Hérault, échaudé par les péripéties de l’A 69, arrêtée puisréautorisée avait fait feu de tout bois en sa faveur ! Le contournement ouest de Montpellier vient de recevoir un avis favorable, en étant assorti de “recommandations qui ne sont en rien contraignantes”, juge Salvador Nunez. Il est aussi demandé d’associer l’Agence régionale de santé au suivi ; associer le EPTB Lez (l’établissement public territorial du bassin du Lez) : ça tombe bien on est déjà associés avec eux. Mettre en place des protections renforcées pour des alignements d’arbres et en cas d’abattage accidentel de prévoir des mesures : c’est ce que l’on prévoit. Et, après mise en service, il est recommandé à Vinci une “campagne de suivi à long terme des nuisances sonores et la qualité de l’air”. “Cela fait partie des choses que nous faisons systématiquement…”

Les travaux dans l’attente du feu vert du préfet

Déjà favorable à cette infrastructure, le préfet François-Xavier Lauch, sur X, “se félicite de cette décision et remercie le président et les commissaires enquêteurs de leur travail qui est d’une grande clarté”. En termes de participation – y compris pendant l’été – et de pourcentage d’avis favorables : 65 % On ne voit pas comment dans ces conditions, le même préfet ne donnera pas son feu vert au lancement des travaux d’un barreau qui coûtera quelque 270 M€ pour être livré en 2030.

Salvador Nunez explique : “Fin octobre ou début novembre 2025, on devrait avoir l’arrêté du préfet sur ce dossier. Nous, nous allons digérer en prenant le temps de lire tout cela avec des pages et des pages. Et nous allons vérifier que l’on est en situation de répondre à tout. On pourra alors commencer à entreprendre les travaux préparatoires de toutes les zones destinées à accueillir les fouilles préventives des archéologues, en janvier 2026. On ne nous a pas autorisé à les faire avant par dérogation.”

Le directeur opérationnel chez Vinci pense que ce calendrier devrait être respecté. “Ce qui peut un peu retarder le chantier, c’est sur les mesures compensatoires : il faut que pendant ce temps nous arrivions au bout de nos acquisitions foncières. Et puis, on peut s’inquiéter de l’arrivée d’un nouveau maire de Montpellier en 2026 qui soit opposé au Com. Cela ne pourra que causer des soucis, même si c’est un projet d’État. Ce serait dommage pour les Montpelliérains…”

Raccorder la A 709 et la A 750

Ce projet de barreau est porté par Vinci Autoroutes pour l’État fait face à des opposants, notamment des politiques, depuis ces derniers mois qui ont annoncé introduire des recours. Ce projet de contournement (Com) raccordera l’autoroute A 709 à l’A 750, avec un raccordement avec le Lien, la Liaison intercantonale du nord de Montpellier, depuis l’A9 à Vendargues et dont le dernier maillon vers Juvignac est bien engagé. Ce contournement s’intègrera dans la construction de la Ligne 5 de tramway reliant Lavérune et Clapiers, en voie d’achèvement.

“Au niveau du carrefour Maurice-Gennevaux, on a réalisé une conception qui permettra aux bus d’être prioritaires pour aller au terminus de la ligne 5 ; ce même carrefour sera aussi traversé par la ligne de bus 4, à haut niveau de service. Cela ressemblera fort à un pôle d’échange multimodal.” Probablement que les futurs bus à haut niveau de service, imaginés dans les projets de Serm, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI, “emprunteront dans les prochaines années les voies dédiées au transports en commun. Le Com va donc créer les voies du Serm ».

Une première enquête publique en 2020

L’enquête publique environnementale de ce barreau de 6 km qui concerne directement 70 000 personnes s’est tenue tout le mois d’août. Le président de la CCI avait mobilisé le monde économique qui est “pour“, avait-il dit. Les opposants, incarnés principalement par le collectif AutreCom, tentaient de se faire entendre dénonçant le positionnement du préfet, favorable, qui n’en faisait pas mystère.

Une première enquête publique avait eu lieu en 2020 à l’origine du feu vert administratif au projet. Cette seconde enquête publique, du 28 juillet au 29 août de cette année, précède le possible feu vert du préfet et s’attèle aux conditions environnementales – qui, selon le collectif AutreCom, ne seraient pas idoines, notamment compte tenu du niveau de pollution. Des dizaines d’observations ont déjà été portées sur les cahiers de cette enquête. Elles se divisent en deux camps logiquement opposés : ceux qui militent pour la réalisation d’un projet déjà validé et qui améliorera la fluidité du trafic et ceux, dont le collectif autreCom, qui mettaient en avant l’inutilité d’une nouvelle route, que certains apparentent même à un écocide, terme que l’on retrouve chez les opposants à l’A 69. Ce collectif Autre Com militait pour “un boulevard urbain à 70 km/h avec pistes cyclables”.

Olivier SCHLAMA

Plébiscite en faveur du contournement

Le sondage de l’Ifop pour Vinci a été réalisé en septembre.

 Selon le sondage Ifop pour Vinci, pas moins 78 % des habitants pensent que la circulation est difficile à Montpellier et dans l’Ouest de la Métropole, contre 77 % en 2024, 82 % en 2022. Six habitants sur dic ont entendu parlé du contournement ouest de Montpellier, voit précisément de quoi il s’agit, un chiffre en légère augmentation par rapport à 2024.

Avec “une adhésion massive dans toutes les communes concernées”. À la question : Diriez-vous que vous êtes tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt pas favorable ou pas favorable du tout à ce projet ? Les personnes sondées se sont dit massivement favorables au projet (35 % tout à fait favorables et 51 % favorables). Sachant que le projet de Contournement Ouest de Montpellier consiste à réaménager en deux fois deux voies l’axe de six kilomètres entre Juvignac et Saint-Jean-de-Védas. Il permettra de relier l’A750 à l’A709 et d’améliorer la desserte de la zone urbaine de Montpellier depuis l’ouest du territoire en complétant le réseau armature du contournement routier et de valoriser les accès au réseau de transports multimodal pour réduire le trafic routier vers le centre urbain de Montpellier. Sans surprise, la fluidité du trafic ainsi générée est la principale raison de leur positionnement.

Au-delà de l’adhésion, les habitants estiment là aussi “à une large majorité” que le projet est “utile et nécessaire”.

O.SC.

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