Occitanie : Les offices du tourisme, clef de voûte des mobilités durables en vacances

TER régional en gare de Sète. Ph. Olivier SCHLAMA

Sous l’impulsion du Comité régional du tourisme et des loisirs, la région, déjà en pointe sur la décarbonation des transports, est pionnière dans la démarche. Seize offices sont retenus pour expérimenter, avec des outils innovants, la promotion de déplacements moins polluants. Une journée nationale est organisée mardi à Carcassonne avec les acteurs concernés.

La transition écologique a aussi besoin de médiateurs. Le CRTL (Comité régional du tourisme et des loisirs) d’Occitanie et l’Ademe sont de ceux-ci. Ils organisent mardi 10 juin une journée d’envergure nationale, à l’Odeum de Carcassonne (Aude), dédiée à la mobilité durable dans le secteur touristique. Directeur du CRTL, Philippe Berto explicite : “Baptisée Vers une mobilité touristique repensée avec les offices de tourisme, elle s’inscrit dans le cadre d’une stratégie forte autour d’un tourisme plus respectueux et d’un nouveau modèle durable. Nous sommes convaincus qu’il faut agir sur tous les acteurs de façon systémique et, pour cela, l’échelon et l’acteur majeur, c’est l’office de tourisme.”

Seize offices du tourisme sélectionnés

De superbes paysages à découvrir avec le Train Jaune… Photo Office de Tourisme Conflent Canigo

Au cœur de la transition vers une économie touristique plus responsable, les offices de tourisme jouent un rôle clé dans l’information et l’accompagnement des visiteurs. Dans le prolongement de l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI) offices de tourisme et des Mobilités , cette journée vise in fine à les doter d’outils pratiques et performants pour mieux appréhender les enjeux de mobilité durable dans leurs missions. Cet AMI avait pour vocation de sélectionner seize offices de tourisme et qui voulaient travailler dans ce cadre-là et qui ont bénéficié d’un accompagnement de dix-huit mois.

“Le but de la journée c’est de présenter ces outils, la finalité, l’ambition de ce projet”

“Au départ de la démarche, il y a une vraie demande des OT. Nous avons retenu seize des vingt-trois dossiers reçus. Des cabinets spécialisés ont travaillé également sur ce sujet avec eux pour trouver ces “communs”. Le but de la journée c’est de présenter ces outils, la finalité, l’ambition de ce projet… Mardi, il y aura aussi un showroom avec des apporteurs de solutions ; des véhicules intermédiaires électriques ou non utilisables sur les derniers kilomètres d’une destination et qui commencent à être proposés.”

“Beaucoup de choses seront duplicables à l’échelle nationale”

Du vélo en gare de Sète… Ph. Olivier SCHLAMA

Philippe Berto ajoute qu’un effet d’entrainement est recherché grâce à ce qui devenu, par cette démarche, une feuille de route commune : “Cette expérimentation va donner lieu ensuite à de vrais parcours de formation et permettra aux autres offices de tourisme de lancer la même démarche. L’OT devient un acteur pivot. Ce n’est plus uniquement du face-à-face avec un client ; son rôle devient davantage structurant en lien avec son territoire pour encourager un nouveau tourisme, plus respectueux. Comme nous travaillons avec l’Ademe, beaucoup de choses seront duplicables à l’échelle nationale.” L’Occitanie est leader dans cette démarche. Comme elle l’a été pour un autre projet, l’Occitanie Rail Tour auquel les OT seront reliés.

Le rôle clef des offices du tourisme

À la suite de cet appel à manifestation d’intérêt, il y eut un diagnostic et la création d’outils opérationnels, un parcours, de “communs”, qui permettent aux offices de tourisme d’évoluer. “Les OT ont un rôle clef dans l’accompagnements des visiteurs sur leur territoire. Y compris dans les mobilités durables. Concrètement, ils doivent y travailler certains points : la question de l’information aux touristes, la connexion avec l’offre de transports et de proposer les nouveaux services existants autour des mobilités”, précise Philippe Berto.

Encourager de nouvelles pratiques

Le directeur du CRTL poursuit : “Une fois bien formés et bien accompagnés, les OT participants sont en capacité de fournir toute l’information concernant les mobilités, les bus, le train et même de l’information sur des opérateurs qui proposent des services autour du vélo électrique. Tout cela est maîtrisé de A jusqu’à Z avec la capacité de pouvoir même réserver depuis l’OT. Si on veut limiter l’impact du tourisme sur l’environnement, il faut encourager de nouvelles pratiques. En Occitanie, c’est structurel : 92 % des visiteurs viennent en voiture. Eh bien, une fois à destination, il s’agit de faire en sorte que les vacanciers laissent leurs voitures le plus possible au camping, à l’hôtel ou chez les amis où ils résident.” Reste que, par exemple, un loueur de vélo doit être dûment référencé et réactif. “C’est tout ce travail, avec des outils opérationnels, qui a été mené.”

En phase avec les priorités régionales

TER régional en gare de Sète. Ph. Olivier SCHLAMA

Exemple de cette dynamique portée par les OT : “Des touristes qui ont visité Nîmes et qui aimeraient aller au Grau-du-Roi, on doit pouvoir bien les renseigner sur les horaires de bus par exemple ; où le prendre ; comment le réserver.” L’idée générale, c’est d’être en phase avec les priorités régionales en la matière avec le Pacte vert, lancé par Carole Delga, qui intègre dans les politiques régionales la question du durable. Le schéma de développement touristique vise de la même manière à intégrer les mobilités durables.

Gruissan réfléchit à un “hub” de mobilités durables

Du côté des prestataires, y a-t-il une vraie demande d’organisation précise ? C’est l’offre qui fait l’engouement. “On a constaté l’essor du vélo, puis du VAE, cela suppose d’installer à l’OT, à la gare, etc., de quoi récupérer un vélo ou un vélo rechargé. Pareil pour des véhicules intermédiaires. Des opérateurs commencent à créer des “hubs” de mobilités décarbonés. À Gruissan, où il y a une forte volonté de travailler ce sujet, pour notamment accéder aux plages, on réfléchit comment on construit un nouveau service autour d’un “hub” pour stationner, prendre une navette, un vélo, avoir un vestiaire proche, pouvoir aller aux toilettes, etc.”

L’Occitanie, pionnière en France

Vincent Garel. DR.

Parmi les intervenants à cette journée, on signalera la présence de Julien de Labaca, consultant à l’Agence L’Explorateur de Mobilités, Nicolas Journo, consultant en design de services publics à l’Agence Vraiment Vraiment, Margot Perroy, directrice et spécialiste de l’accompagnement des offices de tourisme chez Emotio Tourisme, ainsi que des représentants de territoires engagés dans des démarches de mobilité durable.

“Le tourisme représente 11 % des émissions de gaz à effet de serre en France, dont 69  % sont liées aux transports des touristes. Face à ces chiffres, il est impératif de repenser la mobilité touristique pour en réduire son impact environnemental”, rappelle Vincent Garel, président du CRTL, qui ouvrira cette journée d’échanges et précise “qu’en lançant, il y a deux ans déjà, l’AMI offices de tourisme et des mobilités, le CRTL et, à travers lui, toute la région Occitanie, s’est inscrit parmi les destinations touristiques pionnières en France pour expérimenter et proposer des solutions concrètes et ainsi, ouvrir la voie à d’autres territoires”.

Olivier SCHLAMA