Secteur à fort potentiel : “Mieux faire connaître l’économie solidaire”

L'économie sociale et solidaire est très représentée dans les ehpad et le médico-social. Photo : DR.

L’ESS représente 12 % de l’emploi privé en région et 544 coopératives et sociétés. La nouvelle directrice de la Cress Occitanie, Sandrine Carême, la chambre syndicale de l’ESS, entend continuer à mieux faire connaître modèles et philosophie de ce secteur porteur.

Sandrine Carême est la nouvelle directrice de la Cress Occitanie, la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (ESS) de la région qui représente les structures de l’ESS. Elle a pris ses fonctions il y a un mois. Depuis toujours elle a une “grande sensibilité pour le secteur de l’économie sociale et solidaire”. Après une école de management, elle oeuvre pour une fondation d’entreprise. Toulousaine, elle a été directrice d’Unis-Cité, où Sandrine Carême a travaillé pour le service civique, puis comme directrice d’Unifaf (devenu OPCO Santé). “Nous accompagnions la réalisation des plans de formation des associations du secteur social, médico-social et sanitaire. Et aussi des projets innovants autour de la transformation de l’offre, du numérique, de la qualité de vie au travail, de l’égalité femme-homme…”

La Cress mérite d’être davantage connu du grand public, quand on sait que l’ESS représente 12 % de l’emploi privé ! Avec, parfois, des structures adhérentes de 1 500 à 2 000 salariés”

Sandrine Carême, directrice Cress Occitanie. Photo :Fabrice Meuwissen

Certes encore dans une phase d’écoute et d’observation, Sandrine Carême arrive à la tête de la Cress alors que l’Occitanie vient d’être labellisée French impact, un accélérateur d’innovation qui fédère l’écosystème de l’ESS, que le haut commissaire à l’ESS, Christophe Itier est venu confirmer récemment à Toulouse début février. Quelles sont ses priorités ? “Le conseil d’administration a fixé des axes stratégiques pour les trois années à venir, rappelle-t-elle. Ma mission avec celle de l’équipe sera de les transformer aux côtés du conseil d’administration en plan d’actions concret et d’évaluer l’impact de nos projets. Nous allons consolider les relations avec nos partenaires, développer une stratégie de communication, accompagner les adhérents, valoriser nos actions… La Cress est un bel organisme qui mérite d’être davantage connu du grand public, quand on sait que l’ESS représente 12 % de l’emploi privé ! Avec, parfois, des structures adhérentes dans le médico-social, avec les ehpad, des structures destinées aux handicapés, etc., des structures importantes, de 1 500 à 2 000 salariés.”

Le mois de l’ESS et un salon d’affaires, Covintis

Christophe Itier est le haut commissaire à l’économie sociale et solidaire. Photo : Manuel Bouquet-Terra.

Parmi ses priorités, Sandrine Carême explique vouloir “mieux faire connaître l’ESS (1) et ses différents modèles. Il y a besoin de faire passer davantage d’infos dans ce domaine et à tous types de publics, y compris les jeunes dans les écoles ; des porteurs de projets et aller porter la bonne parole ailleurs “dans d’autres secteurs que l’ESS” qui pâtit d’une image de secteur à part, complexe, réservé aux initiés. Il y a en effet trop de freins à la bonne connaissance de ce secteur qui a le vent en poupe (lire les bilans de 2019 ci-dessous). “Nous organisons deux principaux événements. En novembre, chaque année, le mois de l’ESS et en avril, le salon Covintis, qui se tient cette année à Labège le 14 mai prochain. C’est un salon d’affaires à visée régionale où des fournisseurs promeuvent des achats responsables mais tout le monde, qu’il soit dans l’ESS ou non, est le bienvenu. On y trouve aussi des fournisseurs d’énergie, des entreprises qui oeuvrent dans le numérique ou encore des entreprises qui sont engagées dans un processus RSE.”

French impact, une “reconnaissance”

Au-delà du toujours très bon bilan de l’ESS dans la région (ci-dessous), Sandrine Carême explique que son engouement n’est pas dû au hasard. “C’est une façon d’entreprendre qui a du sens et représente des valeurs, ce que la majorité des gens viennent y chercher. Cette façon d’entreprendre répond aussi à une partie du chômage actuel, notamment à travers des structures non délocalisables dans le secteur des personnes âgées, le recyclage, ou la santé en général, par exemple. Mais qu’il faut continuer à expliquer autour de nous quels en sont les avantages et la philosophie.” Elle juge que “le label French impact qui ressemble à celui de la French tech est une bonne idée. C’est d’abord une reconnaissance”, une sorte de marque ombrelle pour toute l’Occitanie.

Olivier SCHLAMA

  • (1) Très sommairement, l’ESS est un modèle qui privilégie l’intérêt général, une représentativité égalitaire (un salarié, une voix) ; qui est marqué par un ancrage territorial qui fait que l’entreprise n’est pas délocalisable à l’étranger et d’une lucrativité limitée. La Cress Occitanie a une fonction de promotion et de représentation ainsi que d’observatoire. Au total, l’Occitanie compte 544 coopératives et sociétés
  • Le bilan de l’année coopérative 2019 de l’Union régionale des Scop (Urscop) Occitanie Pyrénées, c’est-à-dire la partie ex-Midi-Pyrénées, fin 2019, le mouvement des sociétés coopératives fait apparaitre 336 coopératives actives et établissements et 5 205 emplois coopératifs, en hausse de 8,4 % sur un an. Parmi ces emplois, près de 185 sont notamment issus du développement des entreprises coopératives existantes.
    Sur l’année 2019, l’Urscop Occitanie Pyrénées a accueilli 32 nouvelles coopératives au sein de son mouvement, présentes sur l’ensemble des départements avec une forte dominance en Haute-Garonne mais aussi en Ariège et dans le Tarn.
  • L’Urscop Méditerranée, elle, (Aude, Gard, Hérault, Lozère, PO) a un bilan tout aussi positif avec un total de 208 société coopératives sur son territoire totalisant 2 677 emplois, dont 56 % en Scop et 44 % en SCIC. Parmi les secteurs d’activité les plus représentés : Service aux entreprises et particuliers (41 %) ; Formation, cabinet conseil et bureaux d’études (12 %) ou encore 11 % pour le commerce-restauration et autant pour le BTP. En 2019, l’Urscop Méditerranée a enregistré 17 entreprises coopératives de plus.
  • Municipales. L’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) a présenté ce 26 février 40 propositions pour une meilleure visibilité de l’ESS et a insisté sur la nécessaire “identification” de l’ESS dans la politique municipale, à travers la figure d’un adjoint au maire désigné et la création d’un guichet dédié. L‘Udes plaide pour un soutien transversal, une prise en compte de cette économie dans tous les volets de la politique communale. Parce que les porteurs de projets ne savent pas toujours à qui s’adresser.