Réussite : Le Mouton Givré cartonne avec ses glacières en laine du Lot !

Deux associées, Cinthia Born et Élodie Madebos ont créé des produits, réalisés en matières nobles - laine de mouton pour l'intérieur, tissée et peignée ; lin (toile) et chanvre (les poignées) - sentent bon le pique-nique d'antan et de demain. DR.

Deux associées, Cinthia Born et Élodie Madebos, ont eu l’idée de se servir de la laine, du chanvre et du lin pour fabriquer des sacs isothermes pour garder au frais un repas, aliments ou autre. Et ça marche ! Entre 6 000 et 8 000 pièces sortent de leur atelier de Cambes chaque année.

À l’heure d’ôter votre petite laine, le Mouton Givré, lui, en ajoute une inattendue sur ses… glacières et autres lunchs box ! La jeune entreprise, lancée en septembre 2019 par deux Lotoises (employant deux autres salariées et réalisant entre 6 000 et 8 000 pièces chaque année dans leur atelier de 100 mètres carrés à Cambes, à 10 km de Figeac), réinvente cet accessoire. Ces produits, réalisés en matières nobles – laine de mouton pour l’intérieur, tissée et peignée ; lin (toile) et chanvre (les poignées) – sentent bon le pique-nique d’antan et de demain. Un remugle des Trente Glorieuses. Pour l’instant, la jeune entreprise est incubée dans la pépinière du Grand Figeac.

Les surgelés y résisteraient une heure et demie

Les sacs isothermes du Mouton givré. DR.

La laine, c’est “chaud parce qu’elle garde vôtre chaleur. Elle n’en crée pas. Du coup, c’est aussi un excellent isolant et c’est un matériau biodégradable !” Les surgelés y résisteraient une heure et demie et le frais entre quatre heures et six heures. Pour le chaud, compter jusqu’à quatre heures. “Cette laine, on la trie la laine directement chez les éleveurs et on la stocke chez nous. L’année dernière, on a ainsi récolté quatre tonnes de laine ; cette année ce devrait être six tonnes. Elle est ensuite lavée à Saugues, dans le Gévaudan, et feutrée dans le Limousin.”

Elles achètent la laine dix fois leur prix du marché

Quant au chanvre – une plante miracle, cultivée depuis la nuit des temps, qui dépollue même les sols ! -, il vient de Roumanie, c’est la seule concession. Pourquoi ? “Désormais, nous n’avions le choix qu’entre la Roumanie et la Chine… Toutes nos machines d’antan sont partis là bas et la Roumanie a gardé un savoir-faire… Plus en France où, pourtant, jadis, on faisait du chanvre partout pour s’habiller…” La filière commence à se reconstituer. “Plusieurs spécialistes sont en train d’y travailler.” Le lin, quant à lui, vient du Nord, de la fabrique Charvet. “Pour l’instant, nos produits sont à 80 % made in France…”

En France la tonte coûte plus cher que le seul prix de la laine. Une aberration, sauf à Combes donc, où les deux jeunes associées ont décidé de racheter cette laine non pas à 5 centimes le kilo comme de coutume dans ce monde mondialisé mais dix fois plus cher : à 50 centimes le kilo. Et peut-être d’ici 2024 à 1 € le kilo ! De quoi amorcer une filière locale viable.

Circuit court, matériaux nobles…

Les deux associées récoltent et stocke la laine. DR

Vendeuse, formée à la couture, Cinthia Born et son associée, Élodie Madebos, qui était costumière pour le théâtre et le cinéma, font d’ailleurs le tour des salons et foires en ce moment (1). Pourtant, pas besoin de le vanter ce produit : il entre dans tous les canons du moment, du circuit court au maintien d’un savoir-faire ancestral, jusqu’au recours à des matériaux nobles ; à la valorisation d’un soit-disant sous-produit comme la laine… Un pied de nez à la mondialisation.

Des prix plus élevés mais des produits qui durent longtemps

Lunch bag, cabas pour le pique-nique et même un sac à dos. Sobre. Épuré. Élégant. De 60 € à 115 €, Certes, les trois modèles de sacs isothermes du Mouton Givré affichent a priori des prix un peu élevés en soi mais pas tant que cela eu regard de leur durabilité, au-delà d’un… quinquennat. Et ils ont au moins le mérite de ringardiser les soit-disant glacières en matière plastique importées d’Asie, aux couleurs si peu chatoyantes et souvent moisies après un seul hiver au garage… “Les nôtres sont, en plus, lavables en machine !”

En 2018, j’ai rencontré des éleveurs de brebis qui cherchaient à valoriser leur laine. Ils avaient fait tisser des draps de laine pour en faire des vêtements…”

Cynthia Born

Ces sacs se déclinent en trois modèles et trois prénoms. D’abord, Berthe. “Un hommage au célèbre glacier Berthillon, à Paris avec qui nous l’avons développé – qui ne le connaît pas ! En plus, il a des origines aveyronaises comme moi.” Ensuite, il y a le modèle Marguerite (lunch bag) qui était aussi le prénom “de ma grand-mère que je n’ai pas connue”. Le troisième, le duo l’a demandé à sa communauté : le sac à dos, qui vient d’être créé, porte le prénom d’Edmond.

“Nous avons eu cette idée en 2018, poursuit Cinthia Born.Mariée à un éleveur, celle-ci baigne dans le monde agricole depuis 17 ans. “J’ai alors rencontré des éleveurs de brebis qui cherchaient à valoriser leur laine. Ils avaient fait tisser des draps de laine pour en faire des vêtements. J’en ai fait des capes et des gilets. En réalité, 80 % de la laine française part à l’étranger ; il n’y a qu’un seul acheteur qui paie très mal et envoie cette laine à l’étranger pour y être lavée et tissée. Elle sert à réaliser des produits finis, en pulls, en Asie, à bas coûts…”

Protéger des instruments de musique et garder le vin au frais !

Dès lors, les deux associées se disent qu’il y a sans doute quelque chose à créer. Le sac isotherme s’impose : “On peut lui donner la forme que l’on veut ; il n’y a pas spécialement de taille ou de morphologie à respecter ; il est aussi plus facile de gérer des sacs en stock…”

Les deux associées, qui ont moult projets en tête, vont “rester pour l’instant sur des variations sur l’isotherme car il y a beaucoup de choses que l’on peut encore faire et surtout on veut bannir le plastique dans les sacs ! Elles ont eu des demandes de fabricants de guitares et d’instruments de musique car la laine est aussi antichoc ! Des vignerons pensent aussi à nous pour garder une bouteille de vin au frais à la plage…”

On peut aussi avoir envie de faire du sport après le travail, d’aller boire un verre avec des potes ! C’est important de pouvoir concilier vie privée et vie professionnelle…”

Les sacs isothermes du Mouton givré. DR

Le Mouton Givré n’est pas qu’une entreprise respectueuse de l’environnement. Elle est aussi citoyenne et moderne, employant quatre femmes et ouvrant à des horaires compatibles avec la vie d’une mère de famille. Féministe… ? “Non, non ! D’abord en couture, les hommes, c’est un peu difficile à trouver, répond Cinthia Born. Nous ne sommes pas plus que féministes que ça. Nous adaptons, certes, les horaires de travail, avec une fin de journée à 17 heures, mais si on a un jour un salarié homme et qui veut récupérer par exemple son enfant à l’école, pas de souci. Tout le monde a le droit d’avoir des horaires adaptés par rapport à sa vie. On peut aussi avoir envie de faire du sport après le travail, d’aller boire un verre avec des potes ! C’est important de pouvoir concilier vie privée et vie professionnelle…”, formule Cinthia Born qui verrait bien sa petite entreprise grandir et embaucher.

Olivier SCHLAMA

  • Le Mouton Givré (boutique en ligne ici) sera au Salon du Made in France de Lyon, à Eurexpo, les 14 et 15 mai au stand F12 ; à la Foire des Expositions de Paris les 28 et 29 avril sur le pavillon 2.2 et à la Foire Internationale de Bordeaux fin mai.