Rendez-vous : Quand la Grande Armada de la BD vient faire “Escale à Sète”

Image d'illustration, générée par IA - Enoch111 de Pixabay

C’est un bel équipage, réuni par les associations ArtéPolis et Arts Média, qui accostera le 26 mars à Sète, rue de la Savonnerie, dans le cadre du Festival Escale à Sète. En 2022, l’événement avait réunis plus de 420 000 visiteurs, ils devraient être plus encore en 2024 pour venir admirer 150 des plus grands voiliers du patrimoine maritime mondial et une véritable flotte de voiles latines. Cette année, en plus des événements habituels (groupes de musique, gastronomie, etc) la BD et les arts graphiques seront là (et bien là !) pour un rendez-vous baptisé “A l’abordage !”

 

ffiche du festival "A l'abordage", du 26 mars au 1er avril 2024.
Le dessin réalisé par Serge Fino pour l’affiche du festival “A l’abordage !” du 26 mars au 1er avril, à Sète.

Serge Fino, sera l’invité d’honneur de ce nouveau rendez-vous de la bande dessinée, dont il est d’ailleurs l’auteur de l’affiche (voir ci-contre). Dessinateur autodidacte, il a commencé sa carrière par le fanzine et l’illustration avant de signer une première série (Les soleils rouges de l’Eden) en 1994 aux éditions Soleil Productions. À partir de 2011, sur des scénarios signés François Debois, il lance la série Les Chasseurs d’écume (8 tomes entre 2011 et 2018 éd. Glénat), une chronique familiale bretonne, fresque héroïque, politique et romanesque, sur un mode qui n’est pas sans rappeler Les Maîtres de l’Orge.

Aujourd’hui, le duo de Chasseurs d’écume propose une nouvelle saga de l’océan au souffle romanesque (adaptée du roman best-seller de Joël Raguénès Le Pain de la mer) L’or des Marées a vu son quatrième tome sortir cette année.

Un équipage d’une vingtaine d’auteur.e.s inspirés par la mer

Que l’on se rassure, les organisateurs n’ont pas cédé aux sirènes du recrutement forcé et souvent brutal (“impressment”) tel que le pratiquait la Royal Navy dans les rues et les tavernes des villes portuaires au XVIIIe siècle, pour embarquer les auteurs à leur bord. L’attrait de l’île Singulière et l’importance de l’événement ont servi de motivation, tout comme le désir de partager avec le public cette passion maritime. Car :

La mer source d’inspiration. Difficile de passer à côté ! Comme le prouvent les auteurs invités cette année à Sète, qui ont tous trempé leur plume “dans l’encre bleue du golfe du Lion” (ou bien d’ailleurs) avec en tête l’écume (des jours), les vagues (à l’âme) et l’esprit d’aventure.

Citons, parmi le bel équipage convoqué à Sète, Jean-Benoît Héron (Ces bateaux qui ont découvert le monde, Les Bateaux de ma bibliothèque : prix du Beau livre 2018 de l’Académie de marine et mention spéciale du prix Marine Bravo Zulu 2018, A bord des paquebots aux éd. Glénat); Christian Gine, connu pour ses séries Neige et Finkel, mais également auteur de Stamford Bridge dans la série Les grandes batailles navales des éditions Glénat, ou Jean-Sébastien Bordas (Les Naufragés de la Méduse, éd. Casterman).

Trempe, dans l’encre bleue

du golfe du Lion,
Trempe, trempe ta plume,

ô mon vieux tabellion…” (*)

Image d’illustration générée par IA – Travis Anderson de Pixabay

“A l’abordage” n’oublie pas, également, que si la piraterie fut une activité essentiellement masculine (même là il fallait affronter les discriminations de genre !), il y eut tout de même de fameuses femmes-pirates : en particulier Anne Bonny et Mary Read. Deux autrices de BD vont donc hisser bien haut leur pavillon : Dominique Robet propose avec Aux Travailleurs de la Mer (éd. Ouest-France) une plongée historique en images au cœur de la Bretagne littorale de la première moitié du XXe siècle, avec en toile de fonds l’action philanthropique de Jacques de Thézac, créateur des Abris du Marin et de l’Almanach du Marin Breton.

Quant à Siamh, elle revisite avec son héroïne Aléa Drumman (éd. Glénat), les mythes de la piraterie, en plaçant une femme au coeur de l’histoire et pas n’importe laquelle. La fille de Barbe Noire se lance à la poursuite de la légende de ses origines. Un récit de piraterie teinté de fantastique noir…

Les grands noms ayant sillonné les mers du globe font également partie des personnages qui sont venus enrichir les pages de nombreux albums; tels Magellan (par Bastien Orenge), Lord George Anson (par Mathieu Blanchin), Charles-François Beautemps-Beaupré (par Durand et Le Bot), etc.

Quelques liens pour en savoir plus

Pour connaître la liste complète des auteurs présents du 26 mars au 1er avril sur les quais de Sète, il faut se rendre sur le site de l’événement : https://www.alabordage-bd.com/

Enfin, les plus accros peuvent aussi bénéficier de contreparties exclusives en participant à l’opération de financement participatif sur la plateforme de crowdfunding Ulule : https://fr.ulule.com/alabordage/

Allez, bon vent à tous, et comme on le chante : “Tiens bon la vague et tiens bon le vent / Hissez haut Santiano !” Et ne pas rater l’exposition d’œuvres graphiques sur le thème de la mer présentée à la Chapelle des Pénitents (et en particulier les toiles signées Yves Renda !).

Philippe MOURET

(*) Extrait des paroles de la chanson Supplique Pour être Enterré Sur la Plage De Sète par Georges Brassens

“Pirates ! …”

…C’est le cri qui glace le sang. Sur toutes les mers du monde l’apparition du drapeau noir à tête de mort et ossements revêt la même signification : Danger !

La littérature (L’île au Trésor) a été la première à forger les codes de cette forme particulière d’histoires maritimes. Et comme le cinéma avant elle, la bande dessinée ne s’est pas privée d’adhérer à la norme ainsi définie, créant un genre à part entière qui -contrairement aux autres supports créatifs- résistera à toutes les tempêtes.

Dans le sillage du Démon des Caraïbes (Barbe Rouge, de Charlier et Hubinon), c’est une immense flotte qui aborde tous les rivages de la BD. Petits formats des années 60 (Brik, de Cézard et Navarro), grands classiques, roman graphique, manga (One Piece de Eiichiro Oda) nul n’échappe à cette engeance habituée à l’air du large, mais qui sait aussi se laisser porter par l’air du temps.

S’il est le plus souvent un « méchant », un faire-valoir pour le héros, le pirate véhicule également l’image de l’homme libre de toute attache, l’aventurier, le révolté libertaire…

Ouvrir une BD de pirates, c’est s’embarquer pour un voyage incertain, peuplé comme il se doit de jambes de bois, de crochets remplaçant une main, de bandeaux sur l’oeil, de perroquets sur l’épaule, de sabres et de coups de canon et, bien sur (!), de carte au trésor. C’est frémir face à Rackam Le Rouge (Le secret de La Licorne, Tintin par Hergé), trembler quand surgit Le diable des sept mers (Herrman et Yves H.), faire le tour du monde en compagnie d’Isaac le pirate (Christophe Blain) ou vivre une folle aventure sur les traces d’un trésor en compagnie de la jeune Funako Yamato (Mai Wai, de Minetaro Michezuki).

Les pirates sont partout, de toutes les époques et sous toutes la latitudes. Un hymne à l’aventure, au grand large, à la conquête de tout ce qui se trouve au-delà de l’horizon.

Embarquez avec les festival « à l’abordage ! » et faites donc « Escale à Sète » !

Philippe MOURET

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