Perpignan : Le Maillot français, une réussite… made in Occitanie

Nicolas Gomarir, patron de LCS Groupe-Le Maillot français. DR

Retenue dans le cadre du plan de relance, LCS Groupe-Maillot Français, société de sérigraphie et de vêtements sportifs, pour certains recyclés, va investir 2 M€ pour créer une manufacture à Perpignan, à contre-courant du marché du textile, tourné à 97 % vers l’importation. En doublant le nombre de ses salariés et en triplant sa production en trois ans. Le tout, en étant une unité de production éco-responsable.

C’est un contre-modèle. C’est une réussite dans un domaine inattendu. Et c’est une entreprise locale, LCS Groupe-Maillot Français, basée à Perpignan (Pyrénées-Orientales), ambitieux. En bon 3e ligne de rugby, le patron, Nicolas Gomarir, avance sur l’adversaire sans coup férir.

Acteur d’une industrie française ne représentant que 3 % des achats de textiles des ménages dans l’Hexagone, LCS Groupe (La Crèmerie Sérigraphie) est spécialisé dans le marquage (sérigraphie, broderie, et autres techniques de marquage…) et également dans la conception de maillots et de vêtements sportifs via sa marque Le Maillot français. L’équation économique de cette dernière ? La clientèle se décompose en trois tiers : les collectivités, les entreprises et les clubs et associations. Il n’a pas échappé à son fondateur que le made in France représente 81 % de la consommation totale des ménages, selon une étude de l’Insee.

2 M€ dans une manufacture de 2 000 mètres carrés

La future manufacture de LCS Groupe-Le Maillot français. DR

Retenu dans le cadre du Plan France relance, LCS Groupe franchit un nouveau cap et va pouvoir lancer une structure textile moderne en Occitanie, à Perpignan, avec l’obtention d’une subvention Territoire Industrie. Une opération rendue possible grâce au soutien des banques, de la région Occitanie et BPI France.

Un chiffre d’affaires espéré de 5 M€ d’ici trois ans

“Nous allons investir deux millions d’euros dans une manufacture de 2 000 mètres carrés à côté de l’aéroport de Perpignan, explique le fondateur, dont 350 000 € d’aide du Plan de relance. La Région Occitanie nous accompagnera aussi sur la partie investissement en matériels. Les travaux commenceront avant ou après l’été pour une ouverture en 2023. On pourra tripler la capacité de production de l’atelier. Avec un doublement des effectifs qui seront portés à 66 personnes, un “beau” chiffre, celui de notre département !” Quant au chiffre d’affaires, sa progression suit la même courbe : “Il était de 1,7 M€ en 2021. Et on espère arriver, d’ici trois ans, à 5 M€”.

De 100 à 300 maillots par jour, notamment en plastique recyclé

Carla, couturière de LCS Groupe-Le Maillot français. DR

Aujourd’hui, le Maillot français sort 100 maillots de sport par jour destiné à 95 % au marché français, avec la possibilité de les faire fabriquer en plastique recyclé, récupéré par la Seaqual Fondation à laquelle sont affiliés des pêcheurs qui récupèrent ce plastique dans les mers et océans du globe.

“On voudrait passer à une production de 300 maillots quotidiens. On a par exemple signé avec la SSL Gold cup, la coupe du monde de voile, pour des maillots à fournir pour cette compétition de voile mondialement connue. On équipe ainsi 55 équipes nationales de voile. On est, par ailleurs, produit officiel de la Transat Jacques-Vabre. La voile pourquoi ? Parce que c’est un marché de niche. Et comme nos produits sont fabriqués à partir de plastique recyclé, le monde de la voile est très sensible à ce genre de produit. Mais on vend évidemment dans d’autres sports…”

“Un accompagnement véritablement personnalisé”

Les ateliers de LCS Groupe-Le Maillot français. DR

Ce n’est pas tout. La société a créé son premier magasin-test à Maraussan, près de Béziers (Hérault), il y a quelques mois pour imaginer “créer ensuite une franchise”. Comment cette entreprise réussit-elle ? Quel est son secret ? “C’est simple, confie encore Nicolas Gomarir, on répond par exemple à une demande particulière d’un club qui veut tel haut ; on personnalise véritablement l’accompagnement sur le projet ; le tissu ; sur les logos ; les broderies, etc. On peut faire des réassorts à l’unité. On crée du service personnalisé. On va avoir aussi des magasins et une agence commerciale en Occitanie pour être au plus près de nos clients.”

“Notre recette gagnante, c’est le service”

Il est, certes, sur le papier, moins onéreux pour un club de faire venir un conteneur de Chine mais Nicolas insiste : “Notre recette gagnante, c’est le service. Prenez un club de rugby. S’ils veulent un maillot à leurs couleurs, on le leur produit. Et quand certains le déchirent en jouant ou parce qu’ils vont à l’hôpital se faire soigner et qu’il faut le découper, on est capable de le renouveler dans la semaine. On a vraiment un suivi au plus près des clubs auxquels on propose aussi des maquettes uniques…”

Née dans un garage il y a huit ans…

Les maillots de sport de LCS-Groupe. DR

Née dans un garage à Perpignan il y a huit ans, la société poursuit sa croissance à une allure dingue. De l’atelier à une nouvelle manufacture de 2 000 mètres carrés “éco-suffisante en énergie”, elle s’apprête à franchir en 2023 un cap significatif pour produire davantage et répondre aux nombreuses demandes. “L’entreprise connait en effet des conditions de travail difficiles en raison de l’accroissement rapide du nombre des salariés et à sa pluriactivité : son espace actuel, trop petit, ne lui permet pas d’optimiser ses moyens de production”, explique-t-on.

Électricité verte, panneaux photovoltaïques…

Ce n’est pas tout. En plus des matériaux recyclés, proposés en option, la société se fournit en électricité “verte” auprès du fournisseur Llum. Elle fera, pour cela, installer des panneaux photovoltaïques sur le toit de sa future manufacture pour s’approcher le plus possible d’une éco-suffisance énergétique. Idem pour le process de fabrication pour son atelier de sérigraphie qui va s’équiper d’un traitement de l’eau capable de retenir les particules de plastique, un fléau une fois dans la nature pour la chaîne alimentaire.

“On peut réussir quelque chose à contre-courant…”

Les maillots pour la Coupe du monde de voile réalisés par LCS-Groupe-Le Maillot Français. DR.

Cette idée est apparue comment ? “En tant qu’ancien joueur de rugby, j’ai vite remarqué qu’il manquait une offre de service dans le secteur du textile. Beaucoup arrivent de l’étranger ou brodés ailleurs… En 2014, je me suis dit, on peut réussir quelque chose à contre-courant, en faisant fabriquer en France.”

Le tissu, lui, vient “d’Europe. On a un tisseur à Amiens (Picardie), un en Italie et un autre en Espagne. La matière première, des fils faits à partir de bouteilles plastiques recyclées, vient de Gerone (Espagne). C’est la seule marque de sport française, le Maillot Français, qui a le label Origine France Garantie. On va même jusqu’à coudre la petite étiquette avec la photo de la couturière qui a confectionné le maillot…”

La société va bientôt sortir un maillot français recyclé pour le grand public, hors clubs, associations, entreprises et collectivités. Ils seront mis en vente prochainement sur le site de la marque. Une réussite complète.

Olivier SCHLAMA

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