Papillomavirus humain : Vaccination proposée aux élèves de classe de 5e contre les cancers

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Macron l’avait annoncé : dès la rentrée de septembre une campagne de vaccination gratuite sera proposée à tous les collégiens entrant en 5e. Les pouvoirs publics espèrent que 800 000 élèves par an seront ainsi protégés contre les cancers liés au HPV, principal facteur du cancer de l’utérus mais aussi responsable de nombreux autres cancers. Dont 21 000 dès la première année en Occitanie.

C’est l’infection sexuellement transmissible la plus fréquente. Cinquième cause de cancers dans le monde, le papillomavirus humain (HPV, en anglais) est surtout connu pour être responsable de 6 400 nouveaux cancers chaque année, dont 3 000 du col de l’utérus et de la moitié (1 500) des cancers de l’oropharynx (ORL). Mais on sait moins qu’il est également responsable d’autres cancers, comme certains cancers du vagin, de la vulve, de l’anus, du pénis et de la peau (carcinome spinocellulaire). Les pouvoirs publics espèrent une couverture de 80 % d’ici quelques années.

584 collèges concernés en Occitanie

Sophie Béjean, rectrice d’académie. Photo : Olivier SCHLAMA

Pour cela, une vaste campagne nationale de vaccination est lancée. Jusque-là elle avait été freinée par son coût : plus de 100 € et remboursée partiellement. Désormais, la vaccination est gratuite. Elle est destinée aux collégiens de 5e. Rectrice d’académie, Sophie Béjean souligne : “En Occitanie, 584 collèges publics et privés sont concernés.” Une fois le feu vert des parents donné, “il faudra faire deux injections pour les filles à six mois d’intervalle. Nous ciblons au moins 30 % des adolescents pour la première année, soit quelque 21 000 collégiens.”

On compte 6 400 nouveaux cas de cancer chaque année dus au HPV. C’est 100 % des cancers de l’utérus et 25 % des cancers du poumon”

Didier Jaffre, directeur de l’ARS Occitanie, renchérit : “On compte 6 400 nouveaux cas de cancer chaque année dus au HPV. C’est 100 % des cancers de l’utérus et 25 % des cancers du poumon. L’enjeu, bien évidemment, c’est d’éviter ces cancers-là. Ce vaccin est très bien toléré, sans effets secondaires ; il est recommandé chez les filles depuis 2007 et chez les garçons depuis 2021. Et il prévient les cancers avec jusqu’à 90 % d’efficacité“, précisant que de par le monde quelque 100 millions d’enfants ont déjà été vaccinés dans 80 pays.

“80 % des hommes et des femmes seront un jour ou l’autre dans leur vie infecté par un HPV”

Didier Jaffre, directeur de l’ARS Occitanie. DR

Selon l’ARS, “80 % des hommes et des femmes seront un jour ou l’autre dans leur vie infectés par un HPV – il en existe 200 dont 12 cancérigènes – La faible couverture vaccinale en France est préoccupante et si la vaccination des filles est essentielle et prioritaire, la vaccination des garçons est indispensable. La couverture vaccinale progresse (+ 13 points pour les filles depuis 2019) mais elle reste très inférieure à l’objectif fixé par la stratégie décennale de lutte contre le cancer : plus de 80% de couverture vaccinale d’ici 2030. Deux doses nécessaires entre 11 et 14 ans trois doses nécessaires entre 15 et 19 ans (rattrapage)”. Au 31 décembre 2022, 45 % des filles avaient reçu une dose (47,8 % en France) et 40 % deux doses à 16 ans. Pour les garçons, c’est à peine 12 % d’entre-eux qui avaient reçu une dose.

Tous les ans, 30 000 lésions précancéreuses et 8 000 cancers induits par les infections pourraient être évités”

Selon les statistiques de Santé publique France, fin 2021, moins de la moitié des jeunes filles de 15 ans avaient reçu une dose et moins de 15 % à peine chez les garçons… “Tous les ans, 30 000 lésions précancéreuses et 8 000 cancers induits par les infections à l’HPV en France pourraient être évités, si le taux de couverture vaccinale de la population ciblée dépassait 80 %. Contrairement à nos voisins européens, où la couverture vaccinale dépasse les 50 % voire les 75 % selon les pays. Un vaccin efficace et bien toléré protège contre les infections les plus graves (à l’origine de lésions précancéreuses et de cancers)”, écrit un collectif de 25 médecins de l’hôpital Gustave-Roussy, dans une tribune publiée dans le Monde du 15 juin.

Pas avant 11 ans dit la Haute autorité de santé

Alors même que ce vaccin a une autorisation de mise sur le marché dès l’âge de 9 ans en Europe, le calendrier vaccinal français préconise, lui, une vaccination pour les filles et les garçons de 11 ans à 14 ans (en deux doses), et entre 15 ans et 19 ans révolus dans le cadre d’un rattrapage vaccinal (schéma à trois doses). “C’est la Haute autorité de santé qui a fixé l’âge et le schéma vaccinal”, répond Didier Jaffre. Actuellement, on ne peut pas effectuer ce rattrapage après 19 ans. Seuls les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes y ont accès jusqu’à l’âge de 26 ans.

Plus de vaccinations, plus de couverture

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Toutefois, la vaccination ne devrait dépendre ni du genre ni de l’orientation sexuelle : elle devrait avoir lieu le plus tôt possible, dès l’âge de 9 ans, comme cela se pratique dans d’autres pays du monde, en accord avec les recommandations de l’OMS. Plus on vaccine tôt, plus grande sera la couverture et moins on devra vacciner. Récemment, le collectif Demain sans HPVqui réunit dix associations françaises de patients, s’est créé pour promouvoir la vaccination et tenter d’éradiquer pour les générations futures les 8 000 cancers par an induits par l’HPV. Qui surviennent notamment à l’âge adulte.

Convaincre les familles

Reste à convaincre les familles. “Il y a eu une phase d’information en juin dans les classes de 6e en vue de la rentrée en 5e et il y aura une campagne de sensibilisation pendant l’été ; on demandera les autorisations parentales à la rentrée qui seront transmises ensuite à l’ARS qui s’occupera de la vaccination sur le terrain”, indique Sophie Béjean. Ce seront des équipes mobiles qui iront dans les collèges. Pour des premières injections à l’automne. Et les secondes mi-mai 2024. Pour cela, l’ARS s’appuiera sur ses équipes mobiles et les centres de vaccination. Ce ne seront pas les médecins scolaires qui seront sollicités. Et annonce un “renforcement de ses équipes, notamment en faisant appel à des médecins retraités et des étudiants en médecine”. 

Olivier SCHLAMA