Histoire : La dernière maîtresse de Napoléon repose à Montpellier

Le seul témoignage féminin sur l’exil de Napoléon à Sainte-Hélène est celui de la comtesse Albine de Montholon, dernière maîtresse de l’Empereur. Le vicomte du Couëdic, petit-fils d’Albine, avait publié une version édulcorée de ce texte en 1901. Un siècle plus tard, François de Candé-Montholon livrait  le texte complet, miraculeusement retrouvé dans une cache d’une demeure de la famille : Journal secret d’Albine de Montholon, maîtresse de Napoléon à Sainte-Hélène (éd. Albin-Michel, 2002). Mais qui était donc Albine, dont la dernière demeure est à Montpellier, dans la Crypte des Pénitents bleus ?

Albine était la fille du Marquis de Vassal, contrôleur général des finances du Languedoc qui résidait alors au château de l’Engarran à Lavérune. Après avoir épousé un lieutenant-colonel de l’armée napoléonienne Charles Tristan de Montholon, elle accompagne l’Empereur en exil à Saint-Hélène où elle partage pendant 4 ans son intimité.

Sur une plaque de marbre, en la crypte de Montpellier, on peut lire : “À Longwood erre encore son sourire. ici elle repose dans la Grande Paix de Dieu.”

Qui choisir entre “la putain” et “La Dame de Sainte-Hélène” ?

D’aucuns diront que l’idylle n’était pas vraiment désintéressée. Récemment dans Le Point, Marc Fourny soulignait même que “Jamais cocufiage ne fut plus rentable…” Il est vrai que le couple Montholon vit ses “services” fort bien récompensés. Le général Gourgaud, un autre exilé de Saint-Hélène, particulièrement irrité avait même affublé Albine d’un surnom peu glorieux : “La putain.”

Plus indulgent, elle est pour Serge Granjon La Dame de Sainte-Hélène (éd. Osmose, 2009), l’auteur soulignant que “lorsque sa dernière Dame de Coeur quitta Sainte-Hélène, l’île se referma sur le souverain déchu. Napoléon aurait beau scruter l’océan, jamais il n’y retrouverait ses yeux couleur d’écume. Elle semait des fleurs sur ma tombe. Depuis son départ, il n’y pousse plus que des ronces. Plus tard le souvenir de la fabuleuse épopée saurait magnifier et nimber de mystère ces ultimes amours…”

Une cousine de Cambacérès

Albine de Montholon

Mais qui donc était Albine de Montholon, inhumée à Montpellier ? Née à Paris, elle est cependant issue d’une famille de petite noblesse de Montpellier, cousine du très ambitieux Jean-Jacques Régis de Cambacérès (lui même né à Montpellier en 1753) ? Ce dernier, fils d’un maire de Montpellier, devint deuxième consul en 1800, puis prince-archichancelier dès 1804. Il présidait le Sénat, le Conseil d’Etat et l’administration impériale quand l’Empereur était en campagne. Elu à l’Académie française, membre éminent de la franc-maçonnerie, il mourra à Paris en 1824.

Revenons à Albine, qui si n’avait certes pas froid aux yeux, fussent-ils “couleur d’écume…” En effet, mariée à seulement 17 ans au baron Louis-Pierre Edouard Bignon, elle divorce deux ans plus tard (en 1799) pour épouser dès le 18 août 1800 Daniel Roger un autre baron, mais aussi financier genevois, dont elle a un fils en 1803.

Du coup de foudre à l’exil…

Cinq ans après ce second mariage, elle succombe à un coup de foudre pour un bel officier de La Grande Armée, le lieutenant-colonel Charles-Tristan de Montholon. Elle quitte le domicile conjugal pour vivre cette passion. Trois fils naîtront de cette histoire d’amour, tandis que le baron Roger obtient d’abord une séparation de corps (1809) puis le divorce (1812). Deux fils naissent du nouveau couple…

Les circonstances de l’union entre Albine et Charles-Tristan ne plurent guère à l’Empereur et l’officier fut révoqué, de ses plus hautes fonctions, le contraignant à un humiliant exil dans une lointaine province. Pourtant rentré en grâce après la Campagne de Russie, accédant au rang de Général de brigade, Charles-Tristan de Montholon et son épouse allaient faire partie du petit cénacle admis à suivre Napoléon dans son exil à Sainte-Hélène.

Comment ce couple finalement assez obscur a-t-il pu faire ainsi partie du dernier cercle ? On ne le sait pas vraiment, ce qui a nourri au fil du temps bien des hypothèses. Notamment celle de certains historiens qui ont longtemps supposé que Montholon (agent double au service des Bourbons) aurait été chargé d’empoisonner l’illustre captif. Alors traître, ou mari jaloux ? Puisque une fois sur l’île, Albine devient la maîtresse de Napoléon. et à Sainte-Hélène, elle donna encore naissance à deux filles, Napoléone (1816) et Joséphine (1818), dont la deuxième pourrait être la fille de Napoléon, dont elle était officiellement la filleule.

La fin de l’exil, héritage et retour à Montpellier

Cependant, l’histoire ne dura qu’un temps. Apprenant la liaison entre Albine et un officier britannique (le lieutenant-colonel Basil Jackson) Napléon fit renvoyer Albine en France au mois de juillet 1819. La belle n’a cependant pas tout perdu. Comme le précise Mar Fourny dans Le Point : “Pour bons services rendus à l’Empereur, Albine repart avec une véritable fortune, à savoir 140.000 francs, plus une pension annuelle de 20.000 francs, à quoi s’ajoute un titre de rente rapportant près de 40.000 francs l’an. Or à cette époque, le revenu moyen avoisine les 1.000 francs par an…”

Après que la petite Joséphine fut décédée à seulement 20 mois, séparée de Montholon, Albine se retira à Montpellier, où elle avait gardé de nombreuses attaches familiales. Elle se consacra à la dévotion et mourut subitement en 1848. Sa renommée lui valant d’être inhumée  dans la crypte des pécheurs pénitents (crypte des Pénitents bleus) de la ville…

La crypte étant du domaine privé, il n’est, en principe, pas permis de la visiter sauf exception. Ce qui a été le cas lors de la journée du patrimoine du 18 septembre 2010. On peut ainsi voir une série de photographies réalisées à cette occasion par le site lesruesdemontpellier.fr.

Philippe MOURET

En 2003 le film Monsieur N. d’Antoine de Caunes est consacré à l’exil de Sainte-Hélène et à la mort de Napoléon. c’est Elsa Zylberstein qui tient le rôle d’Albine de Montholon.

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