Histoire : 10 avril 1814 à Toulouse, la plus inutile des batailles

L'armée impériale en campagne au Portugal. Image d’Epinal : « Valeur et humanité » de François Georgin (1801-1863).

Le 24 mars 1814, le maréchal Soult arrive à Toulouse après avoir été chassé d’Espagne par l’armée anglo-hispano-portugaise commandée par le maréchal Duc de Wellington. Soult décide de préparer la ville au siège. malgré l’hostilité d’une partie de la population. La Ville Rose est entourée et la bataille s’engage le 10 avril. Deux jours plus tard, Soult parviendra à évacuer son armée presque intacte, tandis que Wellington entre triomphant dans Toulouse. Coup nul ! Et totalement inutile, puisque Napoléon Ier avait abdiqué quatre jours plus tôt, le 6 avril !

C’est pour le centenaire de la bataille, en 1914, que fut publié pour la première fois un livre signé par Henri Geschwind (médecin-inspecteur) et François de Gélis (historien et romancier) : La Bataille de Toulouse d’après les documents. Il a été réédité et entièrement recomposé à l’occasion du bicentenaire par Les éditions du régionalisme.

Près de 7 000 morts et blessés en une journée

Le 10 avril 1814 se joue l’ultime épisode de la guerre de la Péninsule, guerre d’Espagne et du Portugal initiée six années auparavant : la lente retraite des troupes françaises, après la défaite décisive de Vitoria en 1813, se poursuit en Pays basque — avec le verrou de Bayonne — puis le long du piémont pyrénéen, du Béarn (bataille d’Orthez) jusqu’à Toulouse. Le tout ponctué de divers engagements jamais décisifs entre Coalisés (Anglais-Espagnols-Portugais) et Français.

Toulouse, théâtre de l’ultime (et inutile) bataille de 1814… Photo Dominique VIET – CRT Occitanie

Près de 7.000 mort et blessés seront dénombrés à la fin de la journée dont une large majorité de Coalisés. Cependant, le 12, Soult invaincu, évacue Toulouse où Wellington rentre ipso facto en vainqueur sous les acclamations des royalistes. Un épisode important de l’histoire régionale dont il convient de se souvenir et de mieux appréhender à la fois dans sa dimension locale et historique.

“Je préfère l’avoir à côté qu’en face”

L’événement est également abordé dans un ouvrage dont nous avons relaté la sortie au moment de Noël 2020. Dans Toulouse, l’Histoire en Images (éd. Privat) les auteurs consacrent plusieurs pages à cet événement avec force illustratons : dessins, cartes, croquis. Et une question qui divise selon le camp de celui qui y répond : Qui a gagné la bataille de Toulouse ?

La réponse la plus juste semble : match nul ! En effet, Wellington a fini par entrer dans la ville, Soult a pu se retirer avec presque toute son armée. Dans l’ouvrega paru aux éditions privat, on apprend une anecdote : En 1837, Sult et Wellington se retrouvent pour un banquet célébrant le couronnement de la reine Victoria. Lorsqu’on demande à Wellington s’il ne voit pas d’inconvénient à avoir Soult comme voisin de table, il répondra : “Je préfère l’avoir à côté qu’en face.”

Philippe MOURET

Un Toulousain Prix Renaudot (1966) avec La Bataille de Toulouse

En 1966, José Cabanis ( né le 24 mars 1922 à Toulouse et mort le 6 octobre 2000 à Balma) publie La Bataille de Toulouse dans la prestigieuse Collection Blanche des éditions Gallimard. Auteur de romans et d’essais, membre de l’Académie Française (élu en 1990) il a reçu plusieurs prix littéraires, dont le Prix Renaudot 1966 pour cette Bataille de Toulouse dont voici le résumé par José Cabanis lui-même :

On n’écrit pas ce qu’on veut. Le narrateur songe à cette bataille, peu connue, qui opposa Soult et Wellington en 1814, et rêve d’en faire le point de départ d’un long cycle romanesque. Il en a tout le loisir, car il vient d’éloigner une femme qui l’occupait fort. Il pense pouvoir écrire maintenant, en paix, ce qui lui plaît.

Mais Gabrielle, absente, est plus présente que lorsqu’elle était là. Il n’en finit pas d’essayer de la comprendre, et de s’interroger sur ce qui a pu les séparer. C’est elle, d’ailleurs, qui le conduit insensiblement vers les secrets de sa propre vie, jusqu’au cœur même de sa lointaine enfance. Il sait alors ce qu’il doit écrire, et l’écrit, avec jubilation.

Ce roman devrait donc se développer sur trois plans, sans cesse mêlés : une esquisse de la vie provinciale depuis plus d’un siècle, le portrait d’une femme malheureuse et partagée, et la découverte de ce qui peut donner son sens à une vie. J’ai tenté de composer ainsi une variation sur le bonheur, l’amour et la solitude.”

Bicentenaire de la mort de Napoléon à Saint-Hélène.

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