Journée internationale des droits des femmes oblige, l’Insee a révélé hier le dossier intitulé “Égalité femmes-hommes en Occitanie : chiffres clés de la région et de ses départements”, résultat d’une collaboration avec le Ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité. On y (re)découvre notamment que “les salaires des femmes sont inférieurs à ceux des hommes, même à catégorie socio-professionnelle et temps de travail identiques” et que “la parentalité augmente les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes…” Autre constat, “les femmes font des études plus longues que les hommes” et pourtant…
C’est un panorama multi-thématique que propose l’Institut national de la statistique et des études économiques, afin de mieux comprendre la situation différenciée des femmes et des hommes en Occitanie et dans les départements qui la composent. L’un des principaux enseignements concerne l’éducation :
Selon l’Insee “les femmes font des études plus longues que les hommes et sont moins souvent sans diplôme. En 2020, dans la région, 28 % des femmes de 15-24 ans sortent du système scolaire avec un diplôme du supérieur, contre 21 % des hommes. À l’inverse, 20 % des femmes sont pas ou peu diplômées contre 24 % des hommes. Les écarts sont particulièrement marqués en Aveyron et en Lozère, où les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à être diplômées du supérieur et beaucoup moins nombreuses à être pas ou peu diplômées.”
Malgré les diplômes, moins d’opportunités professionnelles
On note également que “l’écart entre les femmes et les hommes est plus marqué pour la nouvelle génération. Chez les 25-34 ans, 52 % des femmes et 42 % des hommes sont diplômés du supérieur, soit un écart de dix points de pourcentage. Il n’est que de trois points chez les plus de 50 ans (respectivement 31 % et 28 %), génération où l’accès à l’enseignement supérieur était moins répandu tant pour les femmes que pour les hommes.”
L’absence de diplôme pénalise l’emploi des femmes plus durement que celui des hommes. Parmi les pas ou peu diplômés, 41 % des femmes se déclarent en activité contre 56 % des hommes. L’écart est particulièrement marqué chez les 25-34 ans (35 % contre 58 %).
Les femmes sont moins présentes sur le marché du travail que les hommes, quel que soit leur âge. Chez les 15-24 ans, cela s’explique en partie par la scolarisation plus longue des femmes. En parallèle, elles sont moins souvent au chômage que les hommes, en Occitanie comme ailleurs. Dans tous les départements de la région sauf dans le Tarn-et-Garonne, le taux de chômage des femmes est plus faible que celui des hommes. L’écart entre le taux de chômage des femmes et celui des hommes est plus marqué dans les Pyrénées-Orientales, l’Hérault, le Lot ou encore le Gers. En revanche, cet écart est proche de la moyenne nationale dans les départements de la Haute-Garonne, de l’Aude ou de la Lozère.
L’éternelle question de l’égalité salariale !
Lorsqu’elles travaillent, les femmes sont plus souvent à temps partiel (25 % des femmes contre seulement 7 % des hommes). L’emploi à temps partiel est plus important pour les femmes des départements principalement ruraux de l’Ariège, de l’Aveyron, du Tarn, du Lot et de la Lozère ainsi que pour celles résidant dans l’Aude et le Gard. Il est plus faible en Haute-Garonne où moins d’une femme sur cinq est à temps partiel (18 %).
En Occitanie, comme partout en France, “les salaires des femmes sont inférieurs à ceux des hommes, même à catégorie socio-professionnelle et temps de travail identiques. En moyenne, dans la région, les hommes gagnent 17 % de plus que les femmes, à temps de travail égal.” Pour un temps plein, une femme gagne 2 080 € par mois en moyenne contre 2 440 € pour les hommes, en 2021. Dans la région, les écarts sont plus marqués chez les cadres, mais les salaires des ouvrières sont aussi bien plus faibles que ceux des ouvriers.
Les inégalités salariales sont les plus fortes dans le département de la Haute-Garonne. Les hommes y gagnent 21 % de plus que les femmes à temps de travail équivalent, du fait du nombre important de cadres et de la forte disparité de revenus entre les femmes et les hommes cadres. À l’inverse dans le Gers et en Lozère, les différences de salaires sont moins prononcées : les hommes gagnent 10 % de plus que les femmes.
L’institut de la statistique constate également que “la parentalité augmente les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes.” Après l’arrivée du premier enfant, la part des femmes inactives ou au chômage est près de deux fois plus importante que celle des hommes, et même trois fois plus importante quand elles ont au moins trois enfants alors qu’elle est similaire à celle des hommes en
l’absence d’enfants. Dans les familles nombreuses, plus de huit hommes sur dix ont un emploi contre moins de six femmes sur dix !
Familles monoparentales, tout aussi inégales
Dans les familles monoparentales, 36 % des femmes vivent sous le seuil de pauvreté, contre 25 % des hommes. Dans les départements du littoral, elles sont même 40 %. Les femmes à la tête d’une famille monoparentale sont encore plus exposées à la pauvreté que les hommes dans les départements principalement urbains : Pyrénées-Orientales, Gard, Hérault et Haute-Garonne.
Les pères seuls ont un niveau de vie comparable aux hommes seuls sans enfant, alors qu’il est très en deçà chez les femmes qui élèvent seules leurs enfants. La moitié d’entre elles disposent d’un niveau de vie inférieur à 1 360 € par mois dans la région.
En Occitanie, plus qu’ailleurs, le vieillissement de la population est prononcé : 10,1 % de la population a 75 ans ou plus contre 9,5 % au niveau national. Les femmes sont plus nombreuses à ces âges, ayant une espérance de vie plus élevée. Le Tarn et la Haute-Garonne se classent respectivement 2e et 4e des départements de France où l’espérance de vie des femmes est la plus grande.
Mieux vaut vivre seule que mal accompagnée
La moitié des femmes de 85 à 94 ans vivent seules contre un quart des hommes du même âge. En effet, les hommes sont moins souvent veufs. Parmi les plus âgés, les femmes vivent davantage en établissement médicalisé (type Ehpad) que les hommes. Une femme sur cinq et seulement un homme sur dix de 85 à 94 ans vivent en service de moyen ou long séjour.
On découvre également que les jeunes femmes prennent leur autonomie plus tôt que les hommes. Entre 20 et 24 ans, 35 % des femmes et 46 % des hommes vivent chez leurs parents. Après 25 ans, les femmes vivent plus souvent en couple ou seules avec leurs enfants que les hommes. Chez les 25-29 ans, 62 % des femmes déclarent ainsi vivre en couple ou en famille monoparentale, contre 43 % des hommes. Seule une femme de 35-49 ans sur dix vit seule contre près de deux hommes sur dix. On pourrait peut-être en déduire qu’il vaut mieux vivre seule que mal accompagnée…
Philippe MOURET
Sous l’oeil de l’Observatoire de la parité
Bien que les femmes s’impliquent presque autant que les hommes dans la vie publique, elles sont moins souvent maires. Du fait du cadre législatif imposant des règles de parité, 42 % des membres des conseils municipaux sont des femmes. Pour autant, seulement 20 % des maires sont des femmes en Occitanie. Sous la houlette de sa présidente Geneviève Tapié, l’Observatoire régional de la parité d’Occitanie agit pour faire évoluer les choses. Ainsi…
… Le Parlement de la Mer et l’Observatoire régional de la parité unissent leurs efforts pour promouvoir les femmes dans les métiers de la mer en Occitanie. Une action expérimentale est lancée dans les trois ports d’Occitanie administrés par la Région : Sète, Port-la-Nouvelle, Le Grau du Roi.
Les métiers de la mer et à l’économie bleue constituent en effet un secteur en plein essor sur le plan du recrutement. Une attention particulière est donc accordée à la féminisation des métiers de la mer ayant du sens et de la valeur ajoutée. Dans ce contexte, Geneviève Tapié, présidente de l’Observatoire régional de la parité d’Occitanie, intervient avec Didier Codorniou, président du Parlement de la mer pour souligner cette opportunité dont les femmes et les jeune filles doivent se saisir.
Ainsi, l’Institution maritime d’Occitanie initie une action novatrice, à Sète, visant notamment les emplois de gruitier.es (payés 40% au dessus du salaire d’un ouvrier qualifié). L’expérimentation à Sète sera dupliquée dans les secteurs éoliens (Port-la-Nouvelle) et de la pêche (Le Grau-du-Roi).
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