En quelques semaines, 3 423 personnes se sont renseignées sur “la production d’électricité solaire, d’eau chaude pour de la vente totale à un opérateur ou de l’autoconsommation” dans le périmètre du Parc naturel régional du Haut-Languedoc et du Pays Haut-Languedoc et vignobles, qui viennent de lancer, auprès de leurs 123 000 habitants, un outil baptisé “cadastre solaire du haut Languedoc”. Une vingtaine de parcs régionaux l’ont aussi adopté. Une belle opportunité pour débusquer une info fiable et éviter les aigrefins.
En ces temps de coût de l’énergie, la question est brûlante : et si je passais au solaire, une énergie propre, infinie…? Oui, mais voilà, comme pour le chauffe-eau solaire dont Dis-Leur vous a parlé ICI, entre les aigrefins, nombreux, les aides parfois étiques et très difficiles à obtenir, l’identification des bons professionnels et le chemin complexe, on baisse souvent les bras. “Seul fabricant français de chauffe-eau solaires”, basé à Bérat, près de Toulouse, Heliofrance en est un exemple. La société voit son activité décupler. Car les Français comprennent, dans un contexte de crise et de coûts de l’énergie, que le solaire est l’avenir malgré les difficultés d’obtention des aides de l’Agence nationale de l’habitat, que l’on espère temporaires.
“Les grosses arnaques concernent les installations photovoltaïques chez le particulier…”
Le solaire éclabousse tout le monde. Sur les crânes, l’été. Mais aussi dans une conscience collective de plus en plus “verte”. Spécialiste de la question à Que Choisir, la journaliste Élisabeth Chesnais nous résumait parfaitement la situation. “Les grosses arnaques concernent les installations photovoltaïques chez le particulier, dit-elle. Des réseaux de démarcheurs à domicile ou bien ceux qui multiplient les stands dans les foires et salons promettent régulièrement monts et merveilles…”
“Conseils neutres pour connaître son potentiel d’ensoleillement”
Comment éviter le démarchage aussi agressif que peu fiable ? C’est là qu’intervient ce que l’on appelle dans le jargon le “cadastre solaire”. Après la Métropole de Lille mais aussi des intercommunalités dans l’Ain, entre autres, le Parc naturel régional du Haut-Languedoc et le Pays Haut-Languedoc et vignobles proposent depuis mi-juin cet outil innovant et de qualité. Sa population était en demande. Son directeur, Xavier Beaussart, explicite : “Surface de l’habitation, ensoleillement, orientation… Nous proposons aux habitants du PNR de se connecter à notre outil en ligne qui leur donnera des conseils neutres pour connaître leur potentiel objectif d’ensoleillement”, et savoir si ça vaut le coup de s’équiper en panneaux solaires. Y compris en autoconsommation ou pour en revendre une partie. Et la demande est forte pour ce cadastre solaire du Haut Languedoc : à ce jour, déjà, 3 423 personnes se sont connectées pour se renseigner sur “la production d’électricité solaire, d’eau chaude pour de la vente totale à un opérateur ou de l’autoconsommation”, précise-t-on au Pays, partenaire du PNR.
“Augmenter le recours à cette énergie là où c’est possible et dans le respect des monuments existants sur le territoire…”
“Souvent, ajoute Xavier Beaussart, ce potentiel est surévévalué par les installateurs…” Et on comprend bien pourquoi. “Nous ne vendons rien. Nous sommes là pour donner des conseils ; ce que nous voulons, c’est que l’on augmente le recours à cette énergie-là où c’est possible et dans le respect des monuments existants sur le territoire…” Le PNR utilise un système de géolocalisation, propulsé par Cythélia Energy, pour connaître ce potentiel énergétique des toitures et terrasses du territoire et analyser la rentabilité économique d’une éventuelle installation.
“Donner des infos précises et solides sur les labels existants”
L’outil du PNR du Haut-Languedoc et du Pays Haut-Languedoc et vignobles, en ligne, s’adresse aux particuliers, collectivités et entreprises du territoire. Dédié aussi bien aux particuliers qu’aux établissements tertiaires, le cadastre solaire permet d’évaluer. Quelque 123 000 habitants répartis dans 164 communes situées sur le territoire du Pays Haut-Languedoc et vignobles et du Parc, soit la moitié dans l’Hérault, l’autre moitié dans le Tarn, peuvent en bénéficier de ce nouveau service. “L’idée, c’est aussi de donner des infos précises et solides sur les labels existants et de connaître les bons interlocuteurs à contacter avant de se lancer.” Le PNR du Haut-Languedoc n’est pas le seul engagé dans cette démarche.
“Sur les 58 parcs naturels régionaux de l’Hexagone, vingt à vingt-cinq proposent ce cadastre solaire à leurs habitants”
“Le cadastre solaire est un très bel outil pour connaître de façon objective le potentiel de son logement”, décrypte Philippe Moutet. Chargé de mission énergie à la Fédération des parcs naturels régionaux ajoute que “sur les 58 parcs naturels régionaux de l’Hexagone, vingt à vingt-cinq d’entre-eux proposent ce cadastre solaire à leurs habitants”. Comme celui de l’Aubrac, du Quercy, dans les Pyrénées ou encore Corbières-Fenouillèdes. Dans ce dernier, né il y a à peine un an, entre Aude et Pyrénées-Orientales, “grâce à un très gros travail”, le parc a créé l’opération Du Soleil sur les toits, là aussi pour installer des panneaux solaires sur les habitations situées dans le périmètres du parc où “il y a une demande forte”.
C’est d’abord du défrichage de la question solaire
Le but de ces cadastres solaires, “qui ont fait leurs preuves”, n’est pas du “clefs en mains. C’est un outil de sensibilisation à la production d’énergie verte ; pour une prise de conscience du potentiel de sa maison. Cet outil est bien utilisé. C’est d’abord du défrichage de la question solaire. De manière à être sur les bons rails et à identifier les bons partenaires pour mettre un projet en route”, précise Philippe Moutet. Chaque simulateur propose une identification des toits avec une photo satellite où l’on comprend, via des couleurs plus ou moins contrastées, son potentiel solaire.
Artisans labellisés et organismes publics
Les parcs peuvent ainsi accompagner les particuliers en tenant compte des préconisations paysagères, de la qualité architecturale de certains monuments qui sont dans le périmètre du PNR. Le site dédié renvoie “à des possibilités d’accompagnement précis de professionnels labellisés RGE et aussi à des organismes publics agences locales de l’énergie, l’Ademe, à des associations, etc. Attention, ce n’est qu’une première approche qui ne tient pas compte de l’expertise finale qui comprendra les possibilités de raccordements au réseau électrique ; de la technique choisie, etc.” Et puis, même si, au final, votre maison n’est pas exploitable pour de l’énergie solaire, il vous reste un espoir, celui d’une démarche collective.
Démarche collective possible !
Philippe Moutet souligne l’existence d’un site, Centrales villageoises photovoltaïques, assez révolutionnaire puisqu’il permet de constituer des parcs collectifs, “par grappes”. Du coup, même si, isolément, votre maison n’en a pas, seule, le potentiel solaire, vous pouvez vous raccordez à une installation dans le cadre d’un projet collectif. “En plus, ça crée du lien social”, ajoute le chargé de mission énergie à la Fédération des parcs naturels régionaux. Qui est la plus belle des énergies.
Olivier SCHLAMA
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